Premier sommet pour le nouveau président du Conseil européen Charles Michel : climat et Brexit à l’agenda
Bruxelles accueille ces jeudi et vendredi un sommet européen, le premier de Charles Michel (photo) en tant que nouveau président du Conseil européen. Plusieurs dossiers difficiles figurent à l’agenda : le climat, le Brexit et le budget pluriannuel 2021-2027. "Ce sera un sommet important", indiquait Charles Michel à son arrivée au bâtiment Europa dans la capitale ce jeudi. En tant que président il devra convaincre les pays réticents sur l’importance de la neutralité climatique et sur les finances.
En tant que Premier ministre belge, Charles Michel a évidemment assisté déjà à de nombreux sommets européens, mais cette fois il doit présider la réunion de deux jours en tant que chef du Conseil européen. Michel n’est d’ailleurs pas le seul nouveau visage à la table des négociations : il y a aussi la Première ministre belge Sophie Wilmès (MR), qui succède à Charles Michel à la tête du gouvernement en affaires courantes, et la nouvelle Première ministre finlandaise Sanna Marin. Le nouvelle présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen est également présente.
Charles Michel devra immédiatement user de toute son énergie et son pouvoir de conviction, car l’agenda du sommet comporte des dossiers difficiles tels que le climat, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, et la programmation budgétaire. Le président du Conseil espère obtenir un soutien de principe pour le nouveau plan climatique ambitieux que la Commission européenne présentait mercredi. "J'espère un accord, mais je suis conscient que des discussions sont encore nécessaires cet après-midi pour rassurer et convaincre certains pays", déclarait d’emblée Charles Michel.
La réunion des 27 chefs d'État et de gouvernement - le Britannique Boris Johnson est resté au Royaume-Uni où se déroulent des élections législatives - vise notamment à adopter formellement l'objectif de neutralité climatique pour 2050, qui consiste à réduire au maximum les émissions de CO2 et compenser le reste par des dispositifs d'absorption (par les sols et les forêts, par la technologie).
En juin, l'Union européenne n'avait pas réussi à trouver l'unanimité. Trois pays, encore très dépendants des énergies fossiles, en particulier le charbon, résistent par crainte d'une transition énergétique douloureuse, en particulier sur le plan social: la Pologne, la Hongrie et la République tchèque. Charles Michel a souligné la nécessité de rassurer certains pays sur les capacités d'investissements massifs dans l'économie verte, en tenant compte de l'aspect social et de la situation de départ de chaque pays.
La question du nucléaire, à considérer comme une énergie "verte" ou non, ainsi que le financement solidaire envers les pays qui dépendent encore fortement du charbon, pour les soutenir dans la transition vers une Europe plus durable, promettaient d'animer les débats entre chefs d'État et de gouvernement ce jeudi.
La discussion rejoindra nécessairement celle sur la programmation budgétaire 2021-2027, l'autre gros dossier de ce sommet. L'objectif n'est pas d'aboutir dès ce jeudi ou vendredi, tant la situation est complexe: alors que le Royaume-Uni ne devrait plus contribuer au prochain budget de l'UE, des pays dépendant des politiques classiques (agriculture, fonds de cohésion) se battent pour maintenir les financements au même niveau que sous la programmation précédente. Il faut dans le même temps financer des politiques nouvelles (innovation, migration, changement climatique, défense, etc.), alors qu'une série de pays du nord sont traditionnellement réticents à augmenter le poids budgétaire de l'Union sans garanties de bonne gestion dans certains pays du sud.
Les autres points d'attention de ce sommet porteront sur la paralysie de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), les relations avec la Russie, la Conférence sur le futur de l'Europe, le partenariat avec l'Afrique, l'union monétaire et l'union bancaire, ainsi que sur l'inévitable Brexit. Ce point sera abordé vendredi midi, après avoir pris connaissance des résultats des élections au Royaume-Uni.
Répondre à une demande de la population, des jeunes et des scientifiques
Adopter l'objectif de la neutralité climatique en 2050 pour l'Union européenne constituerait une première étape pour répondre à "une demande de la population, des jeunes et à l'appel de la communauté scientifique", a affirmé jeudi la Première ministre belge Sophie Wilmès (photo d'archives) à son arrivée au sommet européen.
"Cela ne se fera pas en deux temps, trois mouvements: il faut d'abord déterminer des objectifs, puis prendre les mesures nécessaires et la première étape est la neutralité climat pour 2050", a indiqué Wilmès. Elle n'a pas voulu s'avancer sur la capacité de la réunion de ce jeudi à dégager un accord, alors que trois pays très dépendants des énergies fossiles (Pologne, Hongrie, Tchéquie) menacent toujours de bloquer l'objectif par crainte de lourdes répercussions socio-économiques.
"Il y a autour de la table une volonté générale d'y arriver et j'espère qu'elle se traduira en une déclaration commune", déclarait la Première ministre. La Belgique n'a pas encore finalisé son Plan national énergie-climat, actuellement discuté entre le gouvernement fédéral d'affaires courantes et les exécutifs des entités fédérées. Il doit être remis à l'Europe avant la fin de l'année. "Nous allons remettre ce plan pour la fin de l'année ou en début d'année prochaine. Quand on a des ambitions aussi poussées, le chemin pour y arriver n'est pas toujours simple, mais on est déterminé", concluait Wilmès.