Les enfants de milieux défavorisés, plus souvent sous antidépresseurs et en psychiatrie
Les inégalités sociales en matière de santé commencent dès le plus jeune âge. Les enfants de familles défavorisées prennent plus d’antidépresseurs que les enfants issus de familles aisées. Ils sont aussi plus souvent susceptibles d’être admis en psychiatrie. Telles sont les conclusions d’une nouvelle étude réalisée pour la mutualité socialiste Solidaris. Par ailleurs, les enfants défavorisés se rendent aussi moins souvent chez le dentiste ou chez l’orthodontiste.
Solidaris mutualité a examiné les données médicales de près d’un demi-million d’enfants âgés de moins de 18 ans parmi ses membres. Les enfants ont d’abord été sélectionnés dans des familles qui bénéficient d’une intervention majorée de l'assurance maladie. Ce sont en général des familles à faibles revenus ou bénéficiant d'allocations ou d’un revenu de subsistance, donc des familles pauvres. Leurs données de santé ont ensuite été comparées à celles d’enfants de familles sans augmentation de remboursement, c'est-à-dire généralement des familles plus aisées.
Santé mentale
Plus d’ 1 enfant sur 200 de familles plus aisées (c'est-à-dire sans intervention majorée) prend des médicaments contre la dépression au cours de l’année. Dans les familles les plus pauvres (c'est-à-dire bénéficiant d’une intervention majorée), il y en a près de 1 sur 100, soit environ la moitié de plus. Et seul 1 enfant sur 400 issu des familles plus aisées est admis dans un hôpital psychiatrique. Dans les familles les plus pauvres, c'est près d’ 1 enfant sur 200, soit environ deux fois plus.
Les chiffres ne permettent pas de savoir si les enfants des familles pauvres souffrent plus souvent de problèmes de santé mentale que les enfants des familles riches. Il se peut aussi, par exemple, que les parents pauvres trouvent plus facile d’administrer des médicaments si leurs enfants se sentent mal dans leur peau. Ou peut-être qu'ils ne peuvent pas investir l'argent et le temps nécessaires pour leurs enfants dans une thérapie avec un psychologue. L'étude ne donne pas de réponse définitive à cette question.
En tous cas, ce sont surtout les enfants issus de familles qui doivent se débrouiller grâce aux allocations qui obtiennent les moins bons résultats. "Ils prennent des antidépresseurs et des antipsychotiques plus de deux fois plus souvent que les enfants des familles où les deux parents travaillent ", explique Paul Callewaert. "Ils vont aussi plus souvent chez le psychiatre, et ils sont plus de trois fois plus souvent admis en hôpital psychiatrique.
Ces chiffres restent relativement faibles parce qu'il s'agit d'enfants. Mais "ce sont des chiffres inquiétants", déclare le secrétaire général flamand des mutualités socialistes. "Non seulement le bien-être mental de nos enfants est mauvais. Mais nous constatons également un écart évident en matière de santé mentale entre les enfants pauvres et les enfants riches. Les inégalités en matière de santé existent dès le berceau.
Moins de soins préventifs pour les enfants de milieux défavorisés
Il n'est pas surprenant que les enfants des familles les plus pauvres aient moins recours aux soins préventifs. " Ils vont beaucoup moins chez le dentiste pour un examen préventif ", ajoute Paul Callewaert, " et beaucoup moins chez l'orthodontiste pour se faire poser un appareil dentaire.
"Apparemment, les familles pauvres se rendent moins facilement chez le dentiste ou alors redoutent le coût élevé des soins dentaires. L'examen oral préventif chez le dentiste peut être gratuit pour les enfants deux fois par an, mais les dentistes non conventionnels (qui ne respectent pas les tarifs officiels, ndlr.) peuvent demander des suppléments. Et en ce qui concerne les traitements chez l'orthodontiste, ils sont de toute façon trop chers".
Comment réduire ces inégalités ?
La mutualité socialiste préconise des mesures visant à réduire les inégalités en matière de santé entre les enfants défavorisés et les enfants issus de milieux aisés. "Quand vous voyez combien d'enfants sont laissés pour compte dans les familles qui n'ont que des allocations, il faut que le montant des allocations soit suffisant pour vivre mais aussi pour payer les frais médicaux ", souligne Paul Callewaert.
"Pour abaisser le seuil financier, nous devons aussi étendre le remboursement du psychologue aux enfants. Parce qu’actuellement, seuls les adultes peuvent bénéficier d'un remboursement. Il faut que les dentistes passent dans les écoles pour que les enfants défavorisés bénéficient aussi d’une prévention".