foto Peter Hilz (C)

Le coronavirus nous délivrera-t-il des embouteillages, ou est-ce que ce sera encore pire ?

On le sait, la pandémie a changé nos habitudes. De nos jours, davantage de personnes optent pour la marche ou le vélo. Alors que de nouvelles pistes cyclables vont voir le jour, notamment à Bruxelles, et que les gens pourraient avoir tendance à éviter les transports publics en cette période de déconfinement, quel impact peut-on attendre sur nos routes ? Hajo Beeckman, expert en mobilité à la VRT, nous éclaire sur le sujet. 

D’après Hajo Beeckman, l’effet du coronavirus dans les transports en commun va être conséquent. "On va le ressentir pendant longtemps, sans doute jusqu’à ce qu’il y ait un vaccin", indique-t-il. "Beaucoup de gens vont essayer d’éviter de prendre le tram, le bus, le métro ou le train, par peur, parce qu’il préfèrent ne pas porter de masque, ou encore parce qu’il faut toucher des surfaces comme les poteaux ou encore les boutons de haltes". 

 "Après le confinement, le métro de Shanghai a perdu 40% de ses voyageurs", poursuit l’expert. "Parallèlement, la circulation des voitures y a fortement augmenté, bien plus que durant la même période en 2019". 

Différents facteurs en jeu

Selon Hajo Beeckman, la première phase du déconfinement qui sera lancée ce lundi en Belgique nous donnera une première impression quant à l’impact sur nos routes. "Beaucoup de gens continueront à faire du télétravail, mais environ 60% de la population a un job où cela est impossible. Ces personnes vont donc devoir se déplacer". 

Pour Hajo Beeckman, il est pour le moment difficile de savoir précisément quel impact la pandémie aura sur notre manière de se déplacer. "D’un côté, il y a l’effet engendré par la peur de prendre les transports publics, et par la baisse des capacités dans les véhicules publics", relève-t-il. "D’un autre côté, il y a moins de transports en commun mais bien plus de vélos. Cela dit, en Flandre, les trajets sont plus longs, car nous vivons très dispersés. Le train ou le vélo ne constituent pas une alternative pour tout le monde", souligne encore l’expert de la VRT. "Dans les premiers mois, on s’attend donc à plus de mobilité automobile". 

Changement structurel dans les villes

Selon Hajo Beeckman, l’impact pourrait toutefois se faire davantage ressentir dans les villes. D’après lui, celles-ci ont aujourd’hui une véritable opportunité d’introduire un vrai changement structurel.

"C’est ce que fait Bruxelles par exemple, où de nouvelles pistes cyclables vont voir le jour. Pour cela, il va falloir supprimer des bandes de stationnement ou de circulation. Si les mesures prises en faveur du vélo restent définitives, cela aura clairement un effet à long terme sur le comportement des navetteurs", souligne-t-il. 

Hajo Beeckman évoque également le cas de Gand, qui a déjà fortement adapté son réseau à la circulation des vélos. La priorité est désormais la sécurité des cyclistes. La ville compte ainsi élaborer ses zones résidentielles, notamment le long de parcs, canaux et rivières, pour rendre les déplacements plus sûrs et plus agréables. 

Les plus petites villes s’adaptent elles aussi. Bruges va par exemple lancer une phase expérimentale. "La ville craint qu’il y ait à nouveau trop de monde dans les rues étroites du centre, une fois que les magasins rouvriront. Les autorités ont donc décidé d’interdire la circulation automobile dans les rues commerçantes. Les piétons pourront ainsi marcher sur la route, alors que les trottoirs seront réservés pour les files d’attente devant les magasins", indique l’expert. D’autres plus petites villes flamandes, dont Courtrai et Ostende, envisagent d’adopter des plans similaires. 

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