La Flandre suspend la détection de la fraude au filtre à particules
Le secteur du contrôle technique automobile en Flandre veut utiliser aussi rapidement que possible des compteurs PN (Particle Number) pour détecter la fraude au filtre à particules sur des voitures diesel, et réduire ainsi la pollution due aux particules contenues dans les gaz d’échappement. C’est ce qu’indique Goca Flandre, le Groupement des entreprises agréées de contrôle automobile et du permis de conduire. Mais la ministre flamande à la Mobilité, Lydia Peeters, hésite, contrairement à son prédécesseur Ben Weyts. Elle veut attendre des directives européennes à ce sujet. Entretemps, les voitures diesel très polluantes ne sont pas détectées et anéantissent notamment les effets bénéfiques des zones à basses émissions (LEZ) installées dans plusieurs villes du pays.
Cela devait être, dès cette année 2020, une première européenne. "Nous sommes les premiers en Europe à introduire ces tests avancés de pollution et nous sommes donc des pionniers au niveau international dans la lutte contre la fraude au filtre à particules", avait annoncé en janvier 2019 le ministre flamand à la Mobilité de l’époque, Ben Weyts. "C'est la fin de l'impunité."
Les tests avec le compteur PN devraient être menés sur les Euroclasses 5 et 6, qui échappent aux contrôles actuels en cas de fraude. "Nous devons agir avec force car les voitures sans filtre sont jusqu'à 80 fois plus polluantes", avait ajouté la Secrétaire d'État bruxelloise Bianca Debaets. "Les particules fines causent par ailleurs la mort de 2.500 Belges chaque année."
Les véhicules dont le filtre à particules n'est pas en règle recevront dès 2020 "une carte rouge au contrôle technique", grâce à la nouvelle technologie, précisaient Weyts et Debaets. Cette technologie moderne doit remplacer les actuels tests mesurant les émissions de suie plutôt que celles de particules fines, qui sont émises par les voitures modernes au diesel munies d’un filtre à particules. Le Groupement des entreprises agréées de contrôle automobile et du permis de conduire (Goca) souligne l’importance de conserver sur une voiture diesel un filtre à particules qui fonctionne bien. De nombreux propriétaires enlèveraient illégalement ce filtre parce que son remplacement est onéreux. Or, il peut aussi être simplement nettoyé pour quelques centaines d’euros.
"L’introduction des compteurs PN réduira aussi de plus de 36% les émissions totales de particules fines", très nocives pour la santé, indiquait l’étude réalisée en 2017 et 2018 par le Goca à la demande des Régions flamande, wallonne et bruxelloise. Cette étude a aussi donné lieu à un dossier complet de mise en service et permet donc à la ministre actuelle de la Mobilité en Flandre, Lydia Peeters, de lancer ces nouvelles mesures dans les centres de contrôle technique automobile, précise le Goca.
Mais la ministre Peeters a décidé de ne pas élaborer le cadre législatif pour le lancement de ces compteurs PN. Elle préfère attendre des directives européennes. Lydia Peeters (photo) a réexpliqué à VRT NWS qu’elle ne veut pas "imposer trop de règles" pour tout le monde, dans le but d’arrêter les quelques fraudeurs, et que "la pollution ne s’arrête pas aux frontières". Les Etats membres sont cependant libres de faire mieux que les normes européennes.
Une situation absurde
Les experts soulignent que tant que les tests modernes ne seront pas introduits, les voitures les plus polluantes passeront par les mailles du filet, certaines entrant notamment dans les zones à basses émissions. L’organisation de mobilité flamande VAB a calculé que 165.000 voitures circulent en Belgique tout en étant hautement polluantes parce que leur filtre à particules ne fonctionne pas correctement ou a été enlevé.
Les conséquences de cette négligence sont énormes : ce groupe de véhicules anéantit les bénéfices de 746 millions de voitures diesel modernes, qui polluent très peu grâce aux technologies les plus modernes, indique le VAB. Pire encore : si ces voitures polluantes ont moins de 10 ans d’âge, elles sont autorisées à entrer dans les zones à basses émissions (LEZ) de villes telles que Gand (Flandre orientale), Bruxelles et Anvers.
"C’est une situation absurde", souligne Maarten Matienko du VAB. "Nous devrions instaurer rapidement l’utilisation de ces compteurs PN pour améliorer la qualité de l’air dans toute la Belgique".