Ben Weyts veut garder une part d’enseignement à distance après la crise sanitaire, "pour offrir des cours sur mesure"

Si la décision ne dépendait que du ministre flamand de l’Enseignement Ben Weyts (N-VA), il souhaiterait conserver une part d’enseignement à distance même après la fin de la crise sanitaire. Dès septembre et tant que le coronavirus n’a pas été vaincu, toutes les écoles secondaires proposeront de toute façon le mercredi une demi-journée d’enseignement à distance. "J’estime que nous devons ancrer cette pratique de façon structurelle", indique Ben Weyts (photo).

Un code de couleurs a été mis au point pour les écoles secondaires, comme les feux de circulation: vert, jaune, orange et rouge. "Nous pouvons comparer cela avec les niveaux de la menace terroriste", avait expliqué Ben Weyts récemment. Au niveau vert le risque de contamination est pratiquement inexistant, au niveau jaune le risque est faible, au niveau orange le risque est modéré, et au niveau rouge le risque est élevé.

Si les courbes de l’épidémie du coronavirus restent telles qu'elles le sont actuellement, les écoles commenceront par le code "jaune" en septembre. Cela signifie qu'il y aura encore des infections et que les contacts devront encore être limités. Le mercredi, les élèves du secondaire auront donc cours depuis la maison, via laptop ou smartphone, comme cela a été le cas pendant les trois mois écoulés.

"Les virologues ont demandé de lever un peu la pression, en introduisant un jour de contacts en moins, d’utilisateurs de transports en moins, pour limiter les risques de contamination", indiquait le ministre flamand de l’Enseignement ce lundi dans l’émission "De ochtend" sur Radio 1 (VRT). Ben Weyts avoue être en faveur de ce type de travail. Il le considère "comme une opportunité que nous devons saisir pour transformer une nécessité en une vertu et organiser un enseignement qui soit davantage personnalisé".

Trente-cinq millions d’euros

“J’estime que nous devons tout simplement ancrer ce type d’enseignement à distance de façon structurelle", poursuivait Ben Weyts sur les ondes de la VRT. "On constate que les élèves réagissent de façons très diverses à l’enseignement à la maison. Certains sont sollicités, mis au défi : ils peuvent aller plus loin dans la matière au lieu de faire du surplace. Et il y a aussi les élèves qui peuvent se perfectionner via ce canal. Il s’agit donc vraiment d’un enseignement sur mesure", estime Weyts.

Le gouvernement flamand a entretemps débloqué 35 millions d’euros supplémentaires pour permettre aux écoles de s’équiper en laptops et en logiciels. Ben Weyts reconnait que l’enseignement à distance est plus difficile pour les enfants de familles fragilisées ou qui vivent dans la pauvreté. "C’est pour eux que nous avons déjà lancé le projet de laptops. Mais les besoins sont plus importants. Des 35 millions d’euros, nous donnerons une part proportionnellement plus grande aux écoles qui ont davantage d’élèves socialement et économiquement défavorisés".

Est-ce une bonne idée ?

Le pédagogue Pedro De Bruyckere juge l’idée excellente, mais estime qu’il faut rester prudent. "Nous voyons à l’étranger que les cours à distance peuvent aussi renforcer les inégalités, sans même parler de l’accès à la technologie".

Il attire aussi l’attention sur d’autres aspects éthiques de la numérisation de l’enseignement dont il est peu question. "Nous constatons ainsi que certains troubles de l’apprentissage sont moins bien traités via la technologie, ce qui engendre des avantages et désavantages. Nous constatons aussi que des silos se créent, qui rendent les écoles dépendantes de certains acteurs ou d’un seul grand acteur. Il y a beaucoup de questions concernant les données : que peut-on en faire, à qui appartiennent-elles ?", indique De Bruyckere.

Le pédagogue met donc en garde : "Si nous voulons réellement ancrer un enseignement à distance, nous devons vraiment réfléchir en profondeur à tous ses aspects".

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