Affaire Mawda : L'avocat général requiert un an de prison avec sursis contre le policier

Le procès des trois hommes impliqués dans la mort de la petite Mawda, une fillette kurde irakienne de 2 ans mortellement touchée par un tir de la police en mai 2018, a repris mardi à Mons, au tribunal correctionnel du Hainaut.

L'avocat général a requis une peine d'un an de prison avec sursis contre le policier auteur du coup de feu qui a causé la mort de la jeune Mawda en 2018. 

Selon l'accusation, l'homme poursuivi pour homicide involontaire avait reçu toutes les informations indiquant que des migrants, dont des enfants, se trouvaient dans la camionnette qui circulait sur l'E42. 

Lundi, le policier a déclaré qu'il n'avait pas reçu les bonnes informations car il n'avait pas sa radio. Il pensait poursuivre des individus qui venaient de commettre un vol cargo sur un parking dans la région de Namur.

Pour l'avocat général, le dossier démontre que l'échange d'informations entre services de police n'a pas été optimal cette nuit-là. "Il aurait fallu communiquer sur une même fréquence, ce qui fut impossible pour diverses raisons techniques." Les informations sont passées par un intermédiaire entre les équipes de Namur et de Mons, entraînant un risque de perte d'informations et de désinformation, comme l'a relevé le Comité P (comité permanent de contrôle des services de police) dans son rapport.

Concernant la qualification des faits, l’avocat général estime qu'il s'agit d'un homicide involontaire par défaut de prévoyance ou de précaution.

Témoignage poignant du père de Mawda

Le père de Mawda a été le premier à prendre la parole, en néerlandais. "Je peux vous certifier que, même après deux ans et demi, je n'ai rien oublié de ce qu'il s'est passé cette nuit-là", a-t-il déclaré.

Il a expliqué qu'il y avait de nombreuses personnes présentes dans la camionnette, dont une autre famille avec deux enfants. "Mawda se trouvait derrière le chauffeur avec sa maman. Moi, je me trouvais avec mon fils près de la porte de la camionnette", a-t-il précisé. Après la course-poursuite, engagée avec la police face au refus du chauffeur de s'arrêter malgré les injonctions des forces de l'ordre, "nous sommes descendus en dernier du véhicule. J'ai pris Mawda dans mes bras, elle perdait beaucoup de sang. J'ai commencé à crier "Ambulance!" - c'est le même mot dans ma langue - et demandé de l'aide mais les agents de police n'étaient pas très polis. Ils ont pris Mawda et m'ont frappé".

"J'ai vu le policier quand il a pris son arme. Sans aucune hésitation, il a tiré vers nous", a poursuivi le père de Mawda. "Nous sommes traumatisés, mon fils aussi. Quand il voit un policier en rue, je dois le protéger car il pleure."

"Ils nous ont traités de manière inhumaine. L'ambulance est arrivée tard et ils nous ont empêchés de monter dans le véhicule de secours", a-t-il ajouté.
Après deux jours et deux nuits sans de nouvelles de leur fille, les parents n'ont revu l'enfant qu'après son décès. "Nous ne l'avons plus vue qu'après l'autopsie. Je ne peux pas oublier une telle chose, ce n'est pas humain."

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