"Hep, tu veux te faire du fric facile?" : pourquoi les dockers anversois feraient mieux de refuser l’argent des dealers

Une nouvelle campagne a été lancée à Anvers pour tenter de convaincre les dockers du port de ne pas se laisser séduire par l’argent des trafiquants de drogue qui cherchent à les faire collaborer. Dans un film animé d’environ 5 minutes, un docker se laisse tenter et accepte de déplacer un conteneur en échange de 25.000 euros. L’histoire se termine plutôt mal pour le travailleur. Dans la réalité, c’est également souvent le cas. 

L’action de sensibilisation a officiellement été lancée ce mercredi par la CEPA, l’organisation centrale des employeurs du port d’Anvers. Malgré les différentes opérations des autorités, telles que le "Stroomplan" ou le "Nachtwacht", le trafic de drogue, et plus particulièrement celui de la cocaïne, reste un problème majeur dans la métropole.

Ces derniers jours, la CEPA a accroché dans le port et dans ses alentours des bannières avec comme slogan "Seras-tu le prochain ? ". Un petit film a également été diffusé. "Le scénario ne vient pas de nulle part", souligne le patron de la CEPA, Paul Valkeniers. "Il est basé sur des faits qui ont réellement eu lieu".

Regardez le spot ci-dessous et lire la suite de l’article plus bas…

"La moitié des dockers approchés"

Dans le cadre de cette campagne, la rédaction de la VRT a recueilli le témoignage anonyme de Tom, un docker qui avait transmis des informations à une bande criminelle, et qui s’est fait arrêter. D’après lui, environ la moitié de ses collègues du port d’Anvers ont déjà été approchés par des trafiquants. Ces derniers proposent de grandes sommes aux travailleurs pour les faire plier. "J’ai reçu environ 15.000 euros pour le transfert d’informations", indique Tom.

"Ils en savent beaucoup plus à ton sujet que tu ne le soupçonne", poursuit-il. Pour ce faire, ces individus trainent souvent dans les cafés fréquentés par les dockers. "Ils savaient que j’avais eu des problèmes, et aussi que mon collègue avec plein de dettes", raconte encore Tom. 

"Quand ils te trouvent, ils ne te lâchent plus"

Dans sa campagne, la CEPA insiste sur un message important : "ne vous laissez pas séduire, car ce n’est jamais pour une seule fois". C’est d’ailleurs l’expérience que Tom a vécue. "Il est toujours question de plus d’argent. Et une fois qu’ils te trouvent, ils ne te lâchent plus", rapporte-t-il.

Tom affiche aujourd’hui sa volonté de sensibiliser les dockers à faire face aux bandes organisées. D’après lui, les formations suivies par les travailleurs du port offrent trop peu d’attention à la problématique. "Cinq lignes y sont consacrées, pas plus", déplore-t-il. 

Plus de 10 années de réclusion

Pour Tom, la nouvelle vidéo de la CEPA est bien réalisée, mais il estime qu’elle aurait pu être plus claire au sujet des conséquences d’une telle collaboration. Les travailleurs portuaires qui participent à une activité criminelle risquent en effet de lourdes sanctions, pouvant aller à plus de 10 ans de prison.

L’impact psychologique ne doit pas non plus être négligé. "J’étais soulagé de me faire arrêter", admet Tom. Le plus dur pour lui serait de ne plus voir sa famille en cas d’emprisonnement. "En y pensant, on ne peut qu’être en colère sur soi-même… Pourquoi ai-je fait cela ? ".

Les plus consultés