Les universités flamandes demandent "une pression maximale" sur les autorités iraniennes pour sauver le docteur Djalali

Les cinq universités flamandes appellent ce jeudi les autorités régionales, fédérales et européennes à exercer une "pression maximale" sur l'Iran, où le médecin irano-suédois et professeur invité à l’Université Libre néerlandophone de Bruxelles (VUB) Ahmadreza Djalali (photo archives), condamné pour espionnage, a été placé en isolement en vue d'une exécution imminente. "Tant qu’il est encore en vie, nous avons le devoir de nous mobiliser", estimait la rectrice de la VUB, Caroline Pauwels, ce jeudi matin au micro de l’émission "De ochtend" (VRT).

L'épouse du médecin a déclaré mardi à l'agence de presse suédoise TT que son époux lui avait appris qu'il était transféré dans une prison où il devait être placé en isolement, ce qui signifie qu'une exécution est imminente. Dans un communiqué, le Conseil interuniversitaire flamand appelle à "une pression maximale" sur les autorités iraniennes. Les recteurs se disent "horrifiés" de constater qu'"après plus de deux ans et demi d'efforts diplomatiques, la situation de Monsieur Djalali s'est drastiquement dégradée". 

La condamnation à mort d’Ahmadreza Djalali est dénoncée par de nombreuses organisations de défense des droits de l'homme, dont Amnesty International. "L'exécution pourrait être imminente. C'est intolérable. Nous appelons les responsables politiques et diplomates à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour convaincre les autorités iraniennes d'annuler la condamnation à mort du Dr Djalali avant qu'il ne soit trop tard", a indiqué Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d'Amnesty International. 

Mercredi, la ministre belge des Affaires étrangères Sophie Wilmès a affirmé soutenir l'appel lancé par son homologue suédoise Ann Linde, en faveur d'une annulation de l'exécution du médecin irano-suédois. Condamné à mort en 2017 à l'issue d'un procès "inique et entaché de torture", selon Amnesty, Ahmadreza Djalali, qui a travaillé à l'Institut Karolinska, une faculté de médecine de Stockolm et a été professeur invité à la VUB, avait été arrêté au cours d'une visite en Iran en avril 2016. Il été reconnu coupable d'avoir transmis au Mossad, les services de renseignement israéliens, des informations sur deux experts iraniens du nucléaire qui ont abouti à leur assassinat. 

Pendant sa détention, la Suède lui avait accordé la nationalité suédoise en février 2018, quelques mois après que la Cour suprême iranienne eut confirmé sa condamnation à la peine capitale. Djalali a affirmé qu'il avait été condamné parce qu’il avait refusé d'espionner pour le compte de l'Iran lorsqu'il travaillait en Europe.

"Grande inquiétude”

"La nouvelle que son exécution pourrait devenir une réalité touche rudement notre université", déclarait ce jeudi sur Radio 1 la rectrice Caroline Pauwels (photo). "Surtout ses collègues directs, comme Gerlant Van Berlaer, avec qui il avait déjà beaucoup travaillé et qui était devenu un ami. Ils sont très inquiets". 

Collègue et urgentiste à l’hôpital universitaire de Bruxelles, Gerlant Van Berlaer a parlé avec l’épouse de Djalali. "Elle reste très forte, mais quand elle m’a appelé hier sa voix s’est brisée. Ce n’est pas la première fois que la vie de son époux ne tient qu’à un fil, mais cette fois c’est vraiment grave. Son avocat a reçu une confirmation écrite que son exécution aura bien lieu. Il est question de quelques jours seulement", expliquait Van Berlaer. 

"En tant qu’université, nous faisons deux choses", précise Caroline Pauwels. "D’une part, il y a une campagne de mobilisation d’Amnesty International via les réseaux sociaux, qui appelle à écrire à l’ambassadeur d’Iran. D’autre part, nous menons des négociations avec les décideurs. Ces dernières années nous avons déjà reçu un grand soutien des gouvernements belge et flamand, qui ont tenté de libérer Djalali via des moyens diplomatiques. Mais nous devons maintenant miser davantage sur une médiation européenne et internationale. Nous espérons qu’il reste une marge via une mobilisation publique et des négociations politiques. Tant que Djalali sera en vie, il est de notre devoir de mener des actions". 

Les universités flamandes - qui ont interrompu leur collaboration avec l’Iran en avril 2018 - demandent aux autorités flamandes, belges et européennes de faire pression autant que possible sur les autorités iraniennes. Le ministre-président flamand Jan Jambon et la ministre fédérale des Affaires Etrangères Sophie Wilmès s’occupent aussi du dossier. 

L’action ‘Cities for Life - Les villes contre la peine de mort’ sera placée le 30 novembre prochain sous le signe d’Ahmadreza Djalali. Les villes d’Anvers, Ypres, Zottegem, Malines et Bruges y prendront notamment part.

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