Dénoncer une fête de confinement : un acte asocial ou un devoir de citoyen ?
La situation pourrait arriver à n’importe qui : vous constatez qu’une fête a lieu chez votre voisin, alors que les mesures sanitaires interdisent tout rassemblement. Que faire dès lors ? Alerter la police serait-il un acte asocial ou un devoir de citoyen ? D’après le sociologue de l’Université d’Anvers, Walter Weyns, le dénonciateur doit faire un choix difficile entre la loyauté envers son voisinage et l’importance de la santé publique. "Mais tout comme pour les lanceurs d’alerte, cela se termine généralement mal", indique-t-il au micro de Radio 1 (VRT).
"La délation consiste toujours à dévoiler une information négative", explique le sociologue. "Lorsqu’on dénonce quelqu’un de son quartier, on rompt la loyauté qui existe envers la communauté dans laquelle on vit. Et cela a naturellement des conséquences", poursuit-il.
Habituellement, la délation est une pratique que beaucoup condamnent. Mais en cette période de pandémie, "il peut se jouer une sorte de tragédie grecque dans la tête du dénonciateur", indique encore Walter Weyns. "Deux systèmes de valeurs entrent en effet en confrontation : la loyauté envers le voisinage, et la santé publique".
"Si une personne se rend compte qu’un rassemblement peut être dangereux pour un quartier et peut faire des victimes, je peux comprendre qu’elle le signale, même si les voisins sont sympas ou qu’il s’agit de sa propre famille", souligne encore le sociologue.
Selon lui, le courage dont cette personne ferait preuve au nom de la santé de tous peut être comparable à celui d’un lanceur d’alerte. "Mais on le sait, très souvent, les choses ne se terminent pas bien pour ces lanceurs d’alerte. Cette position est donc loin d’être évidente", estime-t-il.
Pour Walter Weyns, au vu des informations des virologues, de la menace d’une troisième vague, et des difficultés éprouvées par les hôpitaux, il est aujourd’hui compréhensible que des gens se montrent "allergiques" à ce genre de fêtes et de rassemblements. "Le mieux finalement, c’est tout simplement de ne pas faire de ‘lockdown parties’", conclut Walter Weyns.