Des Mexicains envoyés chez nous pour fabriquer une drogue synthétique : le crystal meth
En Belgique et aux Pays-Bas, 19 Mexicains ont été arrêtés ces deux dernières années dans neuf laboratoires illégaux produisant la dangereuse méthamphétamine, une drogue de synthèse. Ces chiffres révélés par le magazine Knack et le quotidien Le Soir proviennent de plusieurs parquets et de la police fédérale. "Des techniciens de laboratoire mexicains compétents sont envoyés par avion pour fabriquer de la méthamphétamine pure à 100 %", a expliqué mardi soir le journaliste de Knack Kristof Clerix dans "De afspraak" sur Canvas (VRT).
Cela ne surprendra personne : la Belgique et les Pays-Bas sont tous les deux les fournisseurs mondiaux de drogues de synthèse, telles que les amphétamines. Ces drogues chimiques sont produites dans des laboratoires établis illégalement, par exemple dans des hangars isolés ou d'anciennes fermes.
En moins de trois ans, pas moins de neufs de ces laboratoires fabriquant de la métamphétamine ont été démantelés en Belgique. La drogue, connue sous le nom de crystal meth, a un effet euphorisant, mais est également très destructrice et très addictive.
En Europe, les labos de crystal meth sont un phénomène relativement nouveau. Le premier laboratoire de ce type a été démantelé aux Pays-Bas en 2015. Le premier labo belge a été découvert en mars 2018, à Vorselaar (Anvers). Un autre laboratoire à Wuustwezel (Anvers) a été démantelé en juin 2019; trois Mexicains y ont également été arrêtés.
Dans la province du Limbourg, les enquêteurs ont découvert des laboratoires de méthamphétamine à Peer, Hasselt, Bilzen, Bourg-Léopold et Maasmechelen. Mais le phénomène ne se limite plus à la région frontalière, selon le journaliste de Knack. Des laboratoires ont également été découverts cette année à Lendelende dans la province de Flandre occidentale et à Huy dans la province de Liège.
Destinée à l'exportation
La crystal meth produite en Belgique et aux Pays-Bas est principalement destinée à l'exportation vers des pays asiatiques comme le Japon ou l'Australie, selon Europol.
La dernière découverte d’un laboratoire remonte à moins de dix jours, c’était à Westdorpe, aux Pays-Bas, à quelques kilomètres seulement de la frontière belge. Et ce qui est frappant, c'est que les policiers y ont aussi découvert des Mexicains.
Au total, 19 Mexicains ont été arrêtés en Belgique et aux Pays-Bas au cours des deux dernières années, suspectés d’être impliqués dans la production de méthamphétamine en cristaux", souligne encore Kristof Clerix.
Un savoir faire mexicain
Le fonctionnement exact de cette connexion mexicano-néerlandaise a été découvert grâce à des recherches dans le service de messages cryptés EncroChatis. Les services de police ont pu lire les messages les plus secrets et ont découvert que "certains intermédiaires de la pègre des trafiquants- sont le lien entre les cartels mexicains, d’une part avec leur expertise et les Pays-Bas d'autre part".
Les courtiers de la pègre veillent à ce que ces "cuisiniers mexicains", c'est-à-dire des techniciens de laboratoire, soient amenés par avion avec leur expérience, afin de mettre leur savoir-faire à la disposition des cartels néerlandais.
Mais que peuvent faire ces Mexicains que les Néerlandais ne parviennent pas à faire ? "Ils possèdent le truc pour fabriquer de la méthamphétamine pure à 100 % à partir de certaines matières premières. Les Mexicains semblent maîtriser cette technique comme personne d'autre".
"Sexe chimique"
Le Vlaams expertisecentrum Alcohol en andere Drugs (Centre flamand d'expertise sur l'alcool et autres drogues) a obtenu des informations sur la consommation de cette méthamphétamine concernant un groupe spécifique de consommateurs.
"Apparemment, ce sont des hommes qui se rencontrent pour un week-end de sexe en utilisant des stimulants", explique Kristof Clerix. Ou plus précisément : c’est du sexe chimique. Ils utilisent la méthamphétamine pour intensifier leurs performances sexuelles.
La ministre de l'intérieur, Annelies Verlinden (CD&V), considère la lutte contre la drogue comme sa priorité absolue. "Mais ce n'est pas seulement un problème belge, il s'agit de mouvements et d'évolutions internationales", a-t-elle déclaré dans "De afspraak".