La Flandre a besoin d’urgence d’un plan de relance pour la biodiversité

L’Institut pour l’étude de la Nature et des Forêts (INBO) appelle le gouvernement flamand à concrétiser un plan de reconstitution de la biodiversité pour la Région. Le Rapport sur la nature 2020, qui a paru ce lundi, indique en effet que la Flandre ne satisfait pas à 5,5 des 6 objectifs européens dans le domaine de la faune, de la flore et des habitats. "Les défis sont énormes", reconnait la ministre flamande de l’Environnement, Zuhal Demir, qui s’engage à poursuivre les efforts.

En 2011, l’Union européenne a adopté une stratégie pour protéger et améliorer l’état de la biodiversité sur son territoire d’ici 2020. Cette stratégie comprend 6 objectifs qui se rapportent aux principaux facteurs de perte de la biodiversité et qui devaient permettre d’alléger la pression à laquelle la nature est soumise. Le Rapport sur la nature 2020 rendu public ce lundi indique cependant que l’Europe n’atteindra pas ces objectifs et que la contribution de la Flandre à ces derniers reste très limitée.

Le Rapport révèle ainsi que les objectifs en matière de diversité des plantes, des espèces animales et des habitats réalisent un score médiocre en Flandre. L’évolution des raccords entre les diverses zones naturelles et la pression exercée par la Flandre sur la biodiversité en-dehors de ses frontières demeurent également bien loin des objectifs tant européens que flamands.

Le Rapport note néanmoins des signes modestes de reprise : la superficie de nature protégée augmente légèrement, mais le plus souvent sous la forme de petites zones isolées et fragiles.

Un tiers de la faune et flore examinées est plus ou moins menacé

Le Rapport indique en outre qu’un tiers des plantes et animaux examinés en Flandre sont menacés, à un degré plus ou moins avancé. Et seuls 7% de la superficie de la Flandre sont gérés en donnant priorité à la nature. Avec seulement 10% de boisement, le nord de la Belgique reste en outre l’une des régions les moins boisées d’Europe. La lande, les marais et les dunes de la mer du Nord représentent moins de 2% de la superficie de la Flandre. Et l’amélioration de la qualité de l’environnement depuis les années 1990 semble stagner ces dernières années.

Entretemps, la nature en Flandre est mise sous pression par les changements climatiques et la sécheresse qu’ils entrainent. L’Institut pour l’étude de la Nature et des Forêts (INBO) estime donc qu’un plan de relance de la biodiversité est nécessaire, d’urgence. Ce dernier doit notamment se concentrer sur la création de nouvelles forêts dans la Région, sur l’augmentation de la résistance de la nature, tout en limitant l’espace assigné à l’habitation et aux activités professionnelles.

Les stratégies européennes doivent également être transposées plus rapidement dans un plan stratégique concret et intersectoriel, qui comprenne des objectifs mesurables, estime l’Institut flamand pour l’étude de la Nature et des Forêts. "Les défis sont grands, comme le démontre le Rapport sur la nature"', répond la ministre à l’Environnement Demir. "'Pas à pas nous avons lancé des choses au cours de l’année écoulée pour améliorer la biodiversité. Mais il reste de grands défis et nous allons devoir nous y attaquer". 

"Un plan de relance flamand pour la biodiversité va exiger des efforts de tous les secteurs, mais nous poursuivons le travail. Je m’y engage, dans la ligne de la stratégie européenne et avec l’aide des connaissances scientifiques", concluait Zuhal Demir ce lundi.

Zuhal Demir (à g.) à Hoeselt

L’une des régions les moins boisées d’Europe

Les 140.279 hectares (10,3%) de forêts en Flandre représentent assurément sont plus grand écosystème (semi)naturel. Mais cette superficie n’est pas suffisante. La Flandre est d’ailleurs l’une des régions les moins boisées d’Europe, après Malte et l’Islande. L’objectif d’une extension de la zone boisée à hauteur de 10.000 hectares n’a pas été atteint. La superficie totale de forêt n’a pratiquement pas changé au cours des 20 dernières années, même si la diversité et la richesse des zones boisées existantes se sont améliorées.

Le problème principal reste que la zone forestière demeure très morcelée en Flandre, ce qui la rend plus vulnérable face aux changements climatiques. La proportion d’arbres endommagés dans les forêts a augmenté au cours de la dernière décennie et se situe maintenant à 23%.

Que peut-on faire au cours de la prochaine décennie pour améliorer la situation ? Koen Van Muylem, porte-parole de l’INBO, estime qu’un "changement de système"' est nécessaire. "'Tout le monde devrait s’occuper de la nature : pas seulement les acteurs du secteur, mais aussi l’économie, les transports, l’agriculture et l’aménagement du territoire"'.

Pour éviter un morcellement encore accru des zones de forêt, il est indispensable de préserver ce qui existe actuellement. "Plus aucune forêt, et certainement pas les vieilles forêts, ne peuvent disparaître. Elles ont la plus grande valeur. Et nous devons essayer de relier entre eux les bouts de nature qui existent, par exemple avec des écoducs. Pour créer de plus larges zones de nature", indique Van Muylem.

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