Un footballeur licencié après une "lockdown party" : sanction justifiée ou disproportionnée ?
Le KV Oostende a annoncé mardi avoir rompu immédiatement le contrat de Fabrice Ondoa après que le gardien camerounais de 24 ans ait organisé et participé à une "lockdown party". Mais est-ce une raison suffisante pour licencier un joueur professionnel ? Pour le journaliste sportif Peter Vandenbempt, "la sanction est disproportionnée et hypocrite".
La police ostendaise, appelée dans la nuit de samedi à dimanche en raison de nuisances sonores, a mis fin à une fête clandestine organisée dans l'appartement de Fabrice Ondoa. Il s'est avéré qu'une dizaine de personnes ne respectaient pas les mesures en vigueur pour lutter contre le coronavirus. La police a dressé onze procès-verbaux.
"En tant que club de football, nous ne pouvons pas tolérer un tel comportement égoïste et irresponsable", a déclaré Gauthier Ganaye, le CEO du KV Oostende. "Nous n'avons pas encore eu d'infection au Covid-19 et nous faisons tout pour que cela reste comme ça. C'est pourquoi nous rappelons sans cesse à nos joueurs leurs responsabilités. Nous sommes obligés d'engager une procédure de licenciement à l'encontre de Fabrice Ondoa."
"Une sanction disproportionnée et hypocrite"
Mais est-ce une raison suffisante pour licencier un joueur ? "Il est très probable que ce soit valable d’un point de vue juridique, mais sans doute aussi "disproportionné et hypocrite", estime le journaliste de Sporza, Peter Vandenbempt. Pourquoi ? "Si vous et moi commettons un tel acte nous en sommes quitte pour une amende, alors pourquoi un joueur doit-il perdre son emploi pour cela ? Je ne comprends pas", ajoute le journaliste.
Ce qui dérange le plus Peter Vandenbempt est - ce qu'il appelle - le comportement hypocrite du KV Oostende. Arrivé à Ostende en juillet 2018, Ondoa a disputé 30 matches avec le KVO mais n'a pas encore joué le moindre match cette saison, barré par Guillaume Hubert. Ondoa fait à présent partie de l’équipe B.
"Il n'avait plus aucune valeur pour le club, au contraire, mais il avait encore un gros contrat d'un an et demi. Alors c'était un moyen très facile pour le club de se débarrasser d'un tel joueur".
"Je n'ai pas organisé de fête"
"J'ai appris la nouvelle de mon licenciement presqu'en même temps que les médias", a expliqué Fabrice Ondoa. "J'avoue que je suis choqué parce que le conseil d'administration ne m'a même pas invité à expliquer ma version des faits. Ils prennent une décision difficile sans m'entendre. Je n'ai reçu qu'une lettre de leur avocat. C'est scandaleux. Si le KVO m'avait invité, ils auraient compris qu'il n'y avait rien à me reprocher. Je n'ai pas organisé de fête".
Condamnation par la Pro League
Dans un communiqué, la Pro League, l'association des clubs professionnels, a fait savoir qu'elle a "appris hier et aujourd'hui que des joueurs de plusieurs clubs de la Pro League ont été pris en train d'enfreindre les dispositions relatives au Covid-19". La Pro League "condamne fermement ces violations".
"C'est tout à fait incompréhensible et inacceptable, compte tenu des efforts et des investissements que les clubs, la Pro League et les autorités ont livrés et livrent encore afin de permettre aux compétitions de la Pro League d'avoir lieu. Tout cela en sachant que les clubs font également face à des contaminations au sein de leur noyau et surtout en sachant quels efforts sont réalisés dans la société et par les supporters pour traverser cette période compliquée", souligne encore la Pro League.
L'association demande "expressément" aux clubs de prendre des sanctions.