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"Notre système de soins risque d'imploser si on ne vaccine pas rapidement le personnel soignant"

Des médecins de l’hôpital AZ Sint-Jan de Bruges lancent un cri d'alarme, "dans la campagne de vaccination contre le coronavirus, les soignants doivent être prioritaires". Un collectif de médecins a aussi adressé un courrier au ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (SP.A). Les signataires rappellent au ministre qu'ils sont en première ligne lors de cette seconde vague et qu'ils en craignent une troisième dans quelques semaines. Sans oublier l'apparition de nouveaux virus mutants.

C'est ce mardi que commence la campagne de vaccination massive dans les maisons de repos, dans notre pays. Cependant, il y a trop peu de vaccins pour traiter, parallèlement, le personnel soignant. Une situation contre laquelle s'insurge des médecins de l'hôpital AZ Sint-Jan de Bruges. 

"Le personnel soignant qui est en contact direct avec les résidents des maisons de repos et avec les patients dans les hôpitaux doit être vacciné en premier lieu". C'est ce que l'infectiologue Stefaan Vandecasteele, et deux confrères écrivent dans une lettre ouverte adressée aux ministres et aux décideurs politiques. "Je ne sais pas combien de temps le personnel de l'hôpital tiendra", a-t-il déclaré ce mardi matin dans l’émission "De ochtend" sur Radio 1 (VRT).

Notre personnel soignant est épuisé. Il travaille en surrégime depuis un an.
Stefaan Vandecasteele, infectiologue et médecin coordinateur coronavirus à l'AZ Sint-Jan de Bruges

Stefaan Vandecasteele, qui est également coordinateur coronavirus à l’hôpital AZ Sint-Jan à Bruges, estime qu'il est absolument essentiel que les résidents des maisons de repos soient vaccinés le plus rapidement possible. "Mais pour l'instant, il y a le problème de la pénurie de vaccins, donc des choix difficiles doivent être faits".

"Nous constatons une vérité désagréable, à savoir que le coronavirus se propage de manière persistante, tant dans les maisons de repos que dans les hôpitaux", dit-il. "Le personnel soignant nécessaire pour s'occuper de la population est également le moteur de l'épidémie et risque de transmettre le virus à des patients vulnérables, même s'il prend les mesures de protection nécessaires.

Le personnel soignant est beaucoup plus susceptible d'être infecté. Les soignants ont environ 3,5 fois plus de chances d'être hospitalisés pour le COVID. Leurs proches sont également deux fois plus susceptibles d’être admis à l’hôpital".
 

Je ne sais pas combien de temps notre personnel tiendra.

"En outre, nos membres du personnel de santé sont épuisés. Ils travaillent en surrégime depuis un an. Le taux d'absentéisme est très élevé, tant en raison du COVID que des mesures de quarantaine. En conséquence, nous fournissons des soins qui ont perdu de leur qualité depuis des mois maintenant. La qualité que nous offrons aujourd'hui ne répondrait pas à nos propres normes d'il y a un an".
"Si nous avions une troisième vague ou une augmentation significative des contaminations, ou même sans troisième vague, je ne sais pas combien de temps notre personnel tiendra".
 

Manque de personnel qualifié

"Les soins de santé réguliers fonctionnent à moitié depuis environ deux mois. Cette prise en charge ne peut être reportée indéfiniment sans conséquences graves. Notre système de santé ne s'est pas effondré comme un château de cartes, mais s'écroule lentement sous nos yeux comme un pudding. Et seule une vaccination rapide peut empêcher une nouvelle implosion", affirme la lettre ouverte.

Il faudra probablement attendre la fin du mois de février pour que tous les résidents des maisons de repos soient vaccinés. Ce n'est qu'alors que le personnel des maisons de repos et le personnel soignant des hôpitaux pourront être vaccinés. 

Il y a maintenant de plus en plus de voix qui s’élèvent pour vacciner le personnel soignant en premier lieu. "Le personnel qui doit procéder à la vaccination est généralement aussi celui qui a les compétences nécessaires pour soigner les personnes atteintes du Covid et pour tester les personnes contaminées par le virus. En ce moment, il y a un manque important de personnel qualifié", déclare Stefaan Vandecasteele.

Cela serait également plus facile sur le plan logistique, car les vaccins sont stockés dans les hôpitaux. Actuellement, ils doivent être acheminés d'abord dans les maisons de repos. "Le vaccin Pfizer est un vaccin techniquement compliqué. Il s'agit d'une petite quantité qui doit être maintenue au froid de manière correcte. Si on ne le fait pas, on va vous injecter quelque chose qui ne fonctionnera pas. Les hôpitaux et certainement les centres de vaccination disposent de beaucoup d'expertise et de matériel en interne pour mieux garantir que les vaccins seront administrés correctement", dit-il.  

Les personnes âgées courent plus de risques de mourir si elles attrapent le virus

Tout le monde ne partage pas l’avis de ces médecins, Margot Cloet, de l'organisation faîtière de soins Zorgnet-Icuro, soutient la stratégie visant à vacciner en premier lieu les résidents des maisons de repos. 

"Il a été décidé de vacciner d'abord les personnes âgées dans les maisons de repos, car elles courent un risque plus élevé de mourir si elles sont infectées par le virus. Très peu de temps après, bien sûr, le personnel soignant doit suivre dans les maisons de repos et dans les hôpitaux", a-t-elle déclaré dans "De ochtend" sur Radio 1.

"Le vaccin vous protège contre les maladies", ajoute Margot Cloet. "Lorsque les personnes âgées tombent malades, elles ont plus de risques de mourir. Si nous l'avions fait dans l'autre sens, peut-être qu'aujourd'hui nous regretterions que les résidents n'ont pas été vaccinés en premier lieu".

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