Le Vlaams Belang veut arrêter le "grand remplacement", Sammy Mahdi réagit: "Avez-vous peur de moi?"
À la suite des statistiques sur la diversité en Belgique, le Vlaams Belang parle d’"omvolking" ("grand remplacement"). Le secrétaire d’État à la migration, fils de père irakien, condamne fermement ces propos et souhaite améliorer la politique d’intégration en Belgique.
Pour la toute première fois, Statbel, l'agence statistique du gouvernement fédéral, a analysé l'origine de la population belge. Résultat ? Environ un tiers des personnes vivant en Belgique sont d'origine étrangère. Pour être plus précis : 12,4 % des personnes vivant en Belgique ont une nationalité étrangère et 19,7 % sont des Belges d'origine étrangère.
Pour appartenir à cette dernière catégorie, il faut que l'un ou des deux parents de la personne concernée n’ait pas la nationalité belge. Ces personnes sont peut-être belges aujourd'hui, mais elles ne l'étaient pas lorsqu'elles se sont inscrites pour la première fois au registre de la population.
Il y a dix ans, environ un quart des personnes vivant en Belgique étaient d'origine étrangère, aujourd'hui elles représentent un tiers de la population, soit 3,7 millions. La moitié d’entre eux provient de pays voisins comme la France ou les Pays-Bas ou d'autres pays de l'Union européenne.
Omvolking : quel origine ?
Sur les réseaux sociaux, le Vlaams Belang a profité de cette nouvelle publication sur la diversité pour mettre en garde contre les dangers de l’"omvolking", l’équivalent en français serait la théorie du grand remplacement.
« Omvolking » provient au départ de l’allemand « Umvolkung », un terme apparu sous l’idéologie nazie pour décrire un processus de substitution du peuple allemand par un peuple étranger, ce qui constitue une manière d'oublier leur propre langue et origine.
Avez-vous peur de moi ?
Le secrétaire d'État à l'asile et à la migration, Sammy Mahdi (CD&V), s'est offusqué des propos du président du Vlaams Belang. Fils d'un père irakien venu vivre en Belgique il y a quarante ans, le jeune CD&V fait dès lors partie des Belges d'origine étrangère selon la classification de Statbel.
Il a réagi sur Twitter : « Étant donné que mon père est tombé amoureux de ma mère il y a 40 ans, je fais partie du "grand remplacement". Vraiment triste à lire. »
Sammy Madhi comprend que ces chiffres peuvent effrayer certaines personnes, mais plaide pour plus de nuances : « Un député, président du Vlaams Belang a dit que la Flandre était en train de subir le grand remplacement. Je suis une de ces personnes. Avez-vous peur de moi ? Trouvez-vous que je contribue au grand remplacement ? Trouvez-vous que je suis un problème pour la société ? »
Meilleure politique d’intégration
Le secrétaire d’État à l’asile et à la migration estime néanmoins qu’il ne faut pas être naïf : « Je ne veux pas pour autant dire qu'il n'y a pas de problèmes. Mais vous devez vous attaquer à ces problèmes sans cibler constamment un groupe. »
Il souhaite par ailleurs améliorer la manière d’intégrer les nouveaux arrivants en Belgique : « La politique d’intégration des dernières décennies n’était pas bonne. Quand je vois que certaines personnes qui habitent depuis 40 ans dans certains quartiers à Molenbeek ne peuvent parler ni néerlandais ne français, il y a un problème. Il faut s’attaquer à ce problème. Sinon, on assiste à la montée de partis qui disent : "vous voyez, la politique d’intégration a échoué" ».
Fruit de l’amour ou pomme pourrie ?
Après la publication du tweet et l’indignation suscitée par le terme « omvolking », Tom Van Grieken s’est défendu sur HLN… : « L’indignation ne doit pas se concentrer sur ce terme, mais sur les statistiques. J’ai aussi demandé à différents journalistes quel terme utiliser pour décrire une population autochtone qui se fait remplacé au fil du temps par des nouveaux Flamands. Donnez-moi un autre terme et je l’utiliserai, mais le terme « omvolking » décrit assez bien ce phénomène. »
Sammy Madhi trouve que la diversité souvent considéré négativement et souhaite changer cette perception : « Je suis le fruit de l’amour entre ma mère et mon père. J’aimerais que ce fruit ne soit pas d’office perçu comme une pomme pourrie et c’est malheureusement ce qui se passe aujourd’hui. »