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De plus en plus de Flamands souffrent de solitude suite à la crise sanitaire

Les Flamands souffrent de plus en plus de solitude : plus de 9 bourgmestres sur 10 affirment que la crise sanitaire a accru la solitude de leurs concitoyens. C'est ce que révèle une enquête menée par Radio 2 et l’université de Gand (UGent). Presque toutes les communes tentent de faire quelque chose pour y remédier. Des nombreux appels téléphoniques sont passés, des bénévoles font du porte-à-porte et de nombreuses communes distribuent des cartes postales. "Voir que les gens souffrent de solitude et ne rien pouvoir y faire, ça fait mal." Le psychologue de la motivation Maarten Vansteenkiste plaide pour des mesures gouvernementales supplémentaires car les bourgmestres se sentent impuissants.

De nombreuses initiatives ont déjà été prises pour assurer la solidarité en ces temps difficiles. Les bourgmestres des communes flamandes n’ignorent pas que de nombreuses personnes traversent actuellement des moments difficiles. Ils ont en général une bonne idée de la situation. Et ils ne mâchent pas leurs mots : la solitude est bien plus grande depuis un an à cause de la distanciation et l’absence de contacts sociaux. 

92 % des bourgmestres affirment que la solitude des habitants s'est accrue en raison de la crise du coronavirus. Et presque toutes les communes de Flandre prennent des initiatives pour y remédier. C'est ce qui ressort d'une vaste enquête menée par Radio 2 et UGent.

Téléphoner encore et encore ou écrire une petite carte

Presque partout, les communes téléphonent aux personnes âgées, toutes celles qui ont plus de 80 ans, par exemple, pour savoir si tout va bien. Mais dans certaines commune, on va encore plus loin. Dans Limbourg, on a ainsi lancé des campagnes téléphoniques originales. "À Bilzen, nous avons demandé aux habitants de faire défiler leur liste de contacts au hasard un vendredi soir de novembre et d'appeler la personne sur laquelle ils tombaient", explique l’échevin Peter Thijs (Trots op Bilzen). "Même si c'était quelqu'un dont ils avaient peut-être oublié qu'il était toujours dans leur liste de contacts, ils devaient quand même l’appeler pour lui demander comment il allait." 

A Lommel aussi, les appels téléphoniques ont été nombreux : 60 bénévoles de 20 associations ont appelé les habitants pour leur demander comment les choses se passaient.

Mais d’autres initiatives sont prises comme à Huldenberg dans le Brabant flamand, où des cartes sont envoyées aux personnes seules ou encore des visites d’ambassadeurs se font devant la porte pour une petite conversation, en respectant les distances, certains sont même venus jouer de l’accordéon.


Le bourgmestre de Diepenbeek Rik Kriekels (N-VA) se sent un peu découragé. "Quand je vois les gens en rue, ils n'ont même pas besoin de me le dire, je sais tout de suite qu'ils ne se sentent pas bien. La crise dure depuis un an et je ne peux pas la résoudre à leur place. Honnêtement, je ne sais pas ce que nous pouvons faire en tant que commune . Ce n'est pas aussi facile que de réparer un sentier".
 

"La solitude mérite plus d'attention de la part des pouvoirs publics"

Ces chiffres ne surprennent pas Maarten Vansteenkiste, psychologue à l’université de Gand (UGent) et également associé au GEMS, le groupe d'experts qui conseille le gouvernement sur la politique sanitaire. 

"En janvier, nous avions développé un projet pour lutter contre la solitude au niveau communal. Il s'agissait d'une proposition du groupe de travail "Psychologie et Corona" qui consistait à impliquer le secteur culturel afin de mieux pouvoir toucher les personnes en situation de solitude grâce à des initiatives locales. Les communes pourraient alors s'inspirer les unes des autres via une plate-forme. La proposition était d'organiser cela par le biais de la Fondation Roi Baudouin. Malheureusement, la proposition n'a reçu aucun soutien financier du gouvernement fédéral. Et c'est dommage, car cela aurait pu porter ses fruits".

Le psychologue continue de plaider pour une approche coordonnée. "Peut-être devrait-il y avoir une initiative des provinces ? Parce que pour certaines communes, c’est dur à supporter. Même si, bien sûr, nous ne pouvons pas perdre plus de temps. C'est aujourd'hui que notre santé mentale est sous pression. La solitude est ici un élément important qui mérite plus d'attention".

 

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