Le secteur culturel extrêmement déçu: "pour le bien-être de la société, il est urgent de rouvrir !"

L'autorisation d'événements de 50 personnes maximum à l'extérieur en avril et la date du 1er mai avancée pour une possible réouverture des lieux culturels couverts, sont des décisions "extrêmement décevantes", estime le Réseau des professionnels en centre culturel (Astrac) pour qui la relance des centres culturels est "une urgence pour la société". Les annonces du Comité de concertation ont également semé la désolation auprès des exploitants de salles de cinéma, qui déplorent de ne pouvoir ouvrir pendant les vacances de Pâques.

"Nous espérions reprendre des événements de petits formats avec des protocoles clairs et sûrs, car les centres culturels sont des outils de proximité, qui permettent à la population de se sentir mieux en cette période", a commenté la directrice de l’Astrac, Liesbeth Vandersteene.

Les décisions prises vendredi par le comité de concertation - qui réunit les gouvernements fédéral, des Communautés et des Régions - "s'inscrivent dans une politique d'extrême prudence mais on se demande si les dirigeants politiques sont encore connectés à la vie réelle des gens", s'interroge-t-elle encore.

"La partie de la population qui adhère encore aux mesures devient minoritaire, menant à une situation explosive", estime-t-elle. "Financièrement, les centres culturels sont relativement protégés grâce aux subventions dont ils bénéficient mais, pour le bien-être de la société, il est urgent de les rouvrir", conclut Liesbeth Vandersteene.

Coup dur pour les cinémas aussi

Selon les plans du Comité de concertation, les cinémas devraient attendre au moins jusqu'au 1er mai pour espérer rouvrir leurs salles. "Nous sommes très déçus de ne pas être une alternative de détente pour les congés de Pâques alors que nous avons déjà raté plusieurs vacances", a réagi Thierry Laermans, secrétaire général de la Fédération des cinémas de Belgique (FCB).

Ce dernier dénonce que la gestion de la crise se poursuive en s'accrochant à une distinction entre les activités extérieures et intérieures. "Cela a perdu toute valeur pour nous à partir du moment où on a autorisé plusieurs activités intérieures comme la coiffure, le massage, le tatouage et le shopping. Les études montrent que les cinémas ou les théâtres sont moins dangereux", avance Thierry Laermans.

Les cinémas qui vont survivre accumulent les dettes, les investissements futurs seront reportés, cela va endommager tout l'écosystème.

Thierry Laermans, secrétaire général de la Fédération des cinémas de Belgique (FCB)

"Nous sommes fermés juste parce que c'est une activité à l'intérieur et c'est ce qui nous gêne le plus." Le secrétaire général met en outre en exergue que l'ouverture des cinémas pendant l'été a montré que les exploitants étaient capables d'ouvrir tout en respectant les mesures sanitaires.

Il pointe qu'au Grand-Duché du Luxembourg et en Espagne, les cinémas sont ouverts, que l'Italie envisage de bientôt les ouvrir et que le déconfinement cinématographique s'amorce aussi aux Etats-Unis. "Cela veut dire que les films vont commencer à sortir plus rapidement et si nous sommes fermés, nous allons les rater et perdre les recettes qui vont avec", déplore le secrétaire général de la FCB.

Les cinémas accusent déjà plus de 250 millions de pertes et la FCB réclame "des aides urgentes et substantielles" au risque de se retrouver avec un marché et une offre appauvris. "Les cinémas qui vont survivre accumulent les dettes, les investissements futurs seront reportés, cela va endommager tout l'écosystème", met-il en garde.

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