Bruxelles : des policiers en civil pour coincer les auteurs d’harcèlement sexuel en flagrant délit
La police de Bruxelles, en collaboration avec le parquet de Bruxelles, lance un projet faisant appel à des agents en civil pour lutter contre le harcèlement sexuel en rue. Le harcèlement sexuel est puni depuis 2014, mais très peu de personnes le rapportent de tels faits.
Depuis l’entrée en vigueur de la loi du 22 mai 2014 tendant à lutter contre le sexisme dans l'espace public, les formes de harcèlement sexuel commis dans des lieux publics sont punissables. La loi stipule que toute personne ayant un comportement ou un geste, en public ou en présence de témoins, visant à considérer une personne comme inférieure ou à la mépriser en raison de son sexe ou encore de la réduire à sa dimension sexuelle, peut être punie.
Le problème est que presque personne ne porte plainte pour de tels actes. En 2019, il y en a eu 71 pour l'ensemble du pays. Soit les victimes ne savent pas qu'elles peuvent déposer plainte, soit elles ne peuvent pas connaître l'identité de l'auteur de l'infraction, soit les faits sont difficiles à prouver.
Dès lundi, la police bruxelloise déploiera des patrouilles d'agents en civil afin de lutter contre le sexisme et le harcèlement de rue.
"Nous voulons garantir aux femmes et aux jeunes filles qu'elles peuvent se déplacer comme elles l'entendent. "Dans certains endroits, près de 80 % des femmes n'osent plus se promener par peur du harcèlement, c'est pourquoi ce projet est lancé", précise le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD).
"La manière dont les femmes vivent l'espace public est l'un des points centraux de notre plan de sécurité", explique à Belga le porte-parole de la police, Olivier Slosse. "L'année dernière, nous avons commencé à former le personnel sur ce qu'est exactement le harcèlement de rue, mais aussi sur la manière de prendre en charge les victimes de tels faits, ainsi que sur la façon de dresser un procès-verbal. Désormais, nous allons un peu plus loin en partant sur le terrain à la recherche active des auteurs. L'idée est de prendre les harceleurs en flagrant délit", détaille-t-il.
"De nombreuses recherches et enquêtes montrent que le harcèlement de rue est monnaie courante chez les femmes", poursuit le porte-parole de la police. "Il suffit de parler aux femmes de votre entourage pour le savoir. Mais de tels faits sont rarement rapportés, et lorsqu'ils sont rapportés, il est difficile d'identifier le coupable. Quand bien même celui-ci est identifié, c'est la parole de la victime contre la sienne. Notre présence sur le terrain est donc nécessaire afin de constater ces faits", souligne Olivier Slosse.
Dès lundi, deux policiers en civil patrouilleront donc chaque semaine dans différents points chauds de la capitale. "Dans une première phase, ils seront présents aux arrêts des transports en commun, car il ressort de plusieurs enquêtes que de tels faits s'y produisent souvent", précise Olivier Slosse. Ils dresseront des procès-verbaux s'ils constatent des comportements déplacés.
Le parquet de Bruxelles participe au projet. Il accordera la priorité à ces PV sexistes et essayera de les classer sans suite le moins possible.