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La Belgique enverra des avions pour une opération d'évacuation à Kaboul

Le gouvernement fédéral a donné ce lundi son feu vert à l'envoi de trois avions militaires pour participer à une opération d'évacuation au départ de l'Afghanistan. C’est ce qu’ont indiqué le Premier ministre Alexander De Croo et la ministre des Affaires Etrangères Sophie Wilmès, alors que le chaos s'est installé sur l'aéroport de Kaboul après la prise de la capitale par les talibans. Une centaine de personnes revendiquant leur nationalité belge se sont signalées auprès de l'ambassade de Belgique au Pakistan, également responsable pour l'Afghanistan, souhaitant revenir en Belgique, a précisé la ministre Wilmès.

L’opération d’évacuation devrait être menée avec trois avions de transport - l'un des nouveaux Airbus A400M et deux C-130H Hercules en fin de carrière -, selon la décision prise par le comité ministériel restreint sur proposition du Premier ministre De Croo. Ces appareils font partie de l'offre, portant sur quatre avions au total du 15e wing de transport aérien de Melsbroek, proposée par la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, qui a également indiqué en matinée que son département préparait un détachement NEO ("non-combatant evacuation operation").

"La situation en Afghanistan évolue rapidement. La première priorité est la sécurité des Belges sur le terrain. Le comité ministériel restreint ("kern") a décidé, pour cette raison, de donner son feu vert à une opération d'évacuation par la Défense", a précisé le cabinet du Premier ministre. "Le kern se réunit ce lundi soir pour aborder la situation en Afghanistan de manière plus approfondie", a précisé l'entourage du chef du gouvernement. Cette réunion était initialement convoquée lundi soir pour préparer le comité de concertation de vendredi à propos de l'évolution de la crise sanitaire liée au coronavirus, un sujet qui reste sur la table des ministres.

D’après la ministre Ludivine Dedonder, "une partie du détachement NEO se tient également prêt à aider à organiser une évacuation depuis l'aéroport de Kaboul". L'armée belge maintient en permanence en "stand by" des capacités aérienne et terrestre pour effectuer de telles opérations NEO d'évacuation d'expatriés d'une zone en crise - l'une des tâches fixées aux forces armées par le gouvernement. Des exercices réguliers sont organisés sur ce thème, soit en Belgique, soit à l'étranger, avec une prédilection pour l'Afrique, le théâtre le plus probable pour de telles interventions.

Le dernier déploiement en date - resté "préventif", sans intervention réelle - remonte au printemps 1997 lorsque la Belgique avait déployé des troupes au Congo-Brazzaville lors de l'avancée de la rébellion qui a conduit au renversement du dictateur zaïrois Mobutu Sese Seko et à l'arrivée au pouvoir à Kinshasa de Laurent-Désiré Kabila à la tête de la République démocratique du Congo (RDC).

Des nombreux pays occidentaux ont dépêché des moyens militaires à l'aéroport international de Kaboul - dont une partie a été protégée durant des années par des troupes belges - pour évacuer leurs ressortissants. C'est notamment le cas des États-Unis, de l'Allemagne, de la France et des Pays-Bas. Mais l'afflux massif d'Afghans candidats au départ dans l'enceinte de l'aéroport international Hamid Karzaï (du nom d'un ancien président afghan) et sur les chemins de roulage complique singulièrement les opérations aériennes. Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent des hommes s'agrippant à un avion de transport C-17 américain au roulage et deux en tomber alors que l'avion a décollé.

"Concernant les interprètes et les collaborateurs afghans ayant travaillé pour les intérêts belges, ils ont la possibilité de se faire connaitre auprès de nos autorités. Ces personnes étaient également souvent employées par d'autres nations. Ils auront aussi l'opportunité de demander un visa pour un autre pays", a souligné la ministre de la Défense (photo).

Nicolas Maeterlinck

Une centaine de Belges se sont signalés

La ministre des Affaires Etrangères (photo) a indiqué qu’une centaine de personnes revendiquant leur nationalité belge se sont signalées auprès de l'ambassade de Belgique au Pakistan, également responsable pour l'Afghanistan, souhaitant revenir en Belgique. "Ces personnes disposent souvent d'une double nationalité". Avec leurs ayant-droits, cela représente une cinquantaine de familles souhaitant un retour "rapide" en Belgique. "Au vu de l'évolution rapide de la situation, de plus en plus de personnes se font connaître au niveau de l'ambassade. Ce chiffre pourrait encore évoluer avec le temps", a ajouté la cheffe de la diplomatie belge et vice-Première ministre.

Sophie Wilmès a souligné que la Belgique pourrait également accorder des visas humanitaires à certaines personnes qui ont travaillé pour la Défense belge - qui a été présente en Afghanistan de mars 2002 à juin dernier - ou pour les organisations européennes présentes sur place. Le gouvernement fédéral souhaite dépêcher "le plus rapidement possible" des avions de transport pour assurer l'évacuation de ces personnes, a poursuivi la ministre Wilmès. Tout en soulignant que la situation devait, avant tout atterrissage d'un appareil belge, "être stabilisée" à l'aéroport international de Kaboul.

Nicolas Maeterlinck

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