Sammy Mahdi: “Il est clair qu’on ne peut renvoyer personne en Afghanistan actuellement"
Les demandeurs d'asile afghans qui ont épuisé leurs recours en Belgique ne sont en ce moment pas renvoyés de force vers leur pays d'origine. C’est ce qu’a déclaré ce lundi au micro de la VRT le Secrétaire d'État à l'Asile et à la Migration, Sammy Mahdi (CD&V, photo). "Lors de l’évaluation individuelle de chaque dossier, il apparait aujourd’hui que la situation en Afghanistan est à ce point terrible qu’il n’est pas possible d’y renvoyer quelqu’un de façon correcte".
Six États membres de l'Union européenne, dont la Belgique en la personne du Secrétaire d’Etat Mahdi, avaient adressé début août une lettre à la Commission européenne demandant de ne pas suspendre les expulsions de migrants afghans. Mais la situation s'est entretemps aggravée dans le pays, où les talibans ont pris le contrôle, à tel point qu'il est à présent clair que les réfugiés afghans ne peuvent pas être renvoyés dans leur pays d'origine pour le moment, constate Sammy Mahdi, interrogé ce lundi par la VRT.
Pour le Secrétaire d'État, il faut veiller à ce que toute personne fuyant la guerre et les persécutions puisse trouver protection, où qu'elle soit ou arrive. Le Secrétaire d'État ne veut pas parler d'arrêt des renvois. "C'est juste une décision de ne renvoyer personne vers une région qui n'est pas sûre. Ce n'est pas juste une décision d'aujourd'hui, c'est une décision que la Belgique prend déjà depuis des décennies."
Alors que les Pays-Bas et l’Allemagne ont annoncé un moratoire sur les renvois en Afghanistan, Sammy Mahdi estime que pareil moratoire n’est pas nécessaire en Belgique. "Nous avons une autre manière de travailler, et nous étudions chaque dossier individuellement. Cela vaut aussi pour l’Erythrée, pays vers lequel personne n’est renvoyé actuellement".
Le Secrétaire d’Etat souligne que ce n’est pas lui mais le Secrétariat-général aux réfugiés et apatrides qui prend la décision de renvoyer un demander d’asile débouté de façon sure dans son pays, sur base de la situation dans ce pays. "Et celle-ci est très claire pour moi actuellement. Du point de vue moral, il n’est pas possible de renvoyer quelqu’un pour l’instant en Afghanistan, en raison de la situation dans le pays".
Et les interprètes ?
Qu’en est-il des gens qui ont aidé les militaires belges quand ils étaient en Afghanistan, comme les interprètes par exemple ? C’est le Secrétaire d’Etat qui peut décider de leur sort, en leur octroyant un visa humanitaire par exemple. Sammy Mahdi expliquait à la VRT qu’un interprète et sa famille ont déjà pu venir en Belgique grâce à un visa humanitaire.
"Mais dans tous les autres dossiers, c’est la Défense qui dirige". Celle-ci peut néanmoins donner au Secrétaire d’Etat les noms de personnes qui devraient, selon elle, bénéficier d’un visa humanitaire. "C’est moi qui octroie les visa humanitaires, et j’ai déjà clairement fait savoir que je collaborerai pleinement. Il est normal que les personnes qui ont aidé les militaires sur le terrain et ont maintenant besoin d’être protégées soient aidées", concluait Sammy Mahdi.