Jonas Roosens

Rentrée politique en Flandre : économies budgétaires et dossiers environnementaux au programme

Comme à d'autres niveaux de pouvoir, la rentrée politique en Flandre est marquée par les questionnements sur la capacité de se rétablir de la crise sanitaire et restaurer plusieurs des ambitions de l'accord gouvernemental de 2019. Des dossiers plus spécifiques devront être tenus à l'œil, comme les suites de la pollution aux PFOS ainsi d'autres questions environnementales et énergétiques qui pourraient mettre en difficulté l'équipe Jambon (N-VA, CD&V, Open Vld).

L'ambition affichée en début de législature d'un budget maintenu à l'équilibre a buté sur les investissements nécessaires pour contrer l'impact économique de la crise sanitaire. Le déficit budgétaire 2021 devrait dès lors s'établir à 5,3 milliards d'euros, même si ce chiffre pourrait encore être ramené à 4,2 milliards d'euros si les fonds extraordinaires de relance et le financement du bouclage du ring d'Anvers sont maintenus hors périmètre budgétaire.

Le déficit structurel s'élèvera l'an prochain à 2,6 milliards d'euros. Selon le ministre du Budget Matthias Diependaele (N-VA), il pourrait être réduit de moitié d'ici la fin de la législature (2024), comme promis à l'Europe. C'est, selon lui, en pratiquant l'orthodoxie budgétaire que la population sera la mieux soutenue sur le long terme. 

Des économies sur le bonus emploi ?

La confection du budget 2022 est attendue dans les prochaines semaines. Pour réaliser des économies, l'une des pistes serait de supprimer ou de reporter l'instauration du bonus emploi régional ("jobbonus"), un avantage fiscal pour les travailleurs à bas salaires. Ce bonus aurait dû être instauré cette année pour 329 millions d'euros.

L'Open VLD s'y accroche, mais la N-VA et le CD&V ont des doutes. Pour le ministre-président Jan Jambon, "les accords doivent être respectés" et une suppression du jobbonus n'est envisageable que s'il y a un consensus.

Avec son plan de relance intitulé "Résilience flamande", le gouvernement Jambon a inscrit l'an dernier 4,3 milliards d'euros d'effort extraordinaire pour sortir de la crise. En 2019, il s'était fixé l'objectif d'atteindre 80% de taux d'activité en 2024. Mais l'an dernier, ce chiffre a stagné autour des 75%. 

Tensions liées aux débats du fédéral

Des tensions pourraient par ailleurs naître de la répercussion, en Flandre, des débats fédéraux sur la réforme des pensions ou la sortie du nucléaire, vu la présence de seulement deux des trois partis gouvernementaux (CD&V et Open VLD) dans la majorité fédérale. La N-VA est déjà très active sur ces deux dossiers. 

PFOS et émissions d’azote

La gestion du scandale de lieux contaminés au PFOS risque aussi de tendre les relations entre partenaires gouvernementaux. Les conclusions de la commission d'enquête instituée sur cette pollution aux perturbateurs endocriniens - potentiellement cancérigènes - sont attendues fin janvier. Des répercussions sur le calendrier des travaux du bouclage du ring d'Anvers ne sont pas exclues, vu la proximité de l'usine 3M d'où le scandale est parti.

La ministre de l'Environnement, Zuhal Demir (N-VA), est par ailleurs attendue cet automne sur le dossier des émissions d'azote du secteur agro-alimentaire, après une annulation de la règlementation en vigueur. L'influent syndicat agricole Boerenbond a recalé une proposition provisoire de la ministre, jugée trop sévère pour l'agriculture et trop laxiste pour l'industrie. En attendant le nouveau cadre, les autorités n'accordent pratiquement plus de permis ni pour la première ni pour la seconde.

Autres dossiers sensibles pour la ministre Demir: l'éventuel renforcement du plan climat, l'autorisation de nouvelles centrales au gaz ou encore l'élaboration du "virage pour la construction", le nouveau nom du "stop au béton". 

Réforme des transports publics

Sur les questions de mobilité, le gouvernement flamand est attendu pour une grande réforme des transports publics revisitant les missions de De Lijn.

L'élaboration d'une nouvelle application smartphone et d'un call center, intégrant les services de taxis et bus privés pour les derniers kilomètres, a été retardée par des problèmes juridiques, mais la ministre Lydia Peeters (Open VLD) a pu avancer la semaine dernière en signant un contrat avec ViaVan. Une bonne année de travail serait encore nécessaire. 

Culture et médias

Le secteur de la culture attend lui aussi d'être soutenu alors que la crise sanitaire continue de réduire l'affluence du public et que des travailleurs freelance et des techniciens sont allés chercher du boulot ailleurs.

Dans le secteur des médias, on recherche toujours un successeur à Luc Van den Brande à la présidence de la VRT. L'opérateur public reste par ailleurs indisposé par la diffusion involontaire, sur les ondes, de propos sexistes et offensants par un commentateur sportif. 

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