Un assouplissement trop précoce ? "C’est le début d'une période difficile, le grand test n'arrive qu'en octobre"
Steven Van Gucht de l'Institut de santé publique Sciensano a réagi sur HLN Live aux décisions du comité de concertation de vendredi qui consistent, entre autres à réduire l'utilisation des masques buccaux, dans la mesure du possible. Selon le virologue, ces assouplissements sont un peu trop précoces: "Nous sommes au début d'une période difficile. Le grand test n'arrive qu'en octobre, novembre, peut-être même un peu plus tard." De son côté, le virologue Marc Van Ranst estime qu'à un certain, il faut oser franchir le pas. "Ce ne sont pas des décisions faciles à prendre pour les différents gouvernements".
"Nous ne savons pas vraiment comment évolueront les infections à cette période", poursuit Steven Van Gucht."C'est pourquoi j'aurais préféré que les assoupissements arrivent un peu plus tard. Il y aurait alors eu plus de données et donc plus de certitudes."
Le cas anversois
Le virologue se dit en revanche satisfait de l'approche régionale. "C'est bien que les règles ne soient pas immédiatement assouplies dans les endroits où les chiffres ne sont pas bons, à Bruxelles par exemple. Le taux de mortalité y est trois fois plus élevé et le taux d'infection est même jusqu'à quatre fois plus élevé. En Flandre, il y a plus de marge pour la détente."
Mais M. Van Gucht ne veut pas mettre toute la Flandre sur un pied d'égalité : "À Anvers et dans quelques communes autour de Bruxelles, le taux de vaccination est encore trop faible et il faut y prêter attention. Le masque est un outil bon marché et efficace, il reste donc une arme importante, notamment dans les endroits où la distanciation sociale ne peut être maintenue."
"Pas de solution miracle"
Le virologue se félicite aussi de l'accent mis par le Comité de concertation sur l'importance de la ventilation. Les centres de remise en forme et les discothèques, entre autres, devront prouver qu'ils peuvent surveiller efficacement la qualité de l'air. "Il est crucial dans les boîtes de nuit, comme dans le reste de l'industrie hôtelière où le masque buccal n'a guère été utilisé, d'investir dans une bonne ventilation." En effet, selon le professeur, l'utilisation du Covid Safe Ticket est un progrès mais n'est pas une solution miracle : "La probabilité d'être infecté est plus faible, mais elle n'est pas inexistante".
Enfin, M. Van Gucht rappelle que les personnes vaccinées peuvent toujours tomber malades, même si elles risquent moins de se retrouver en soins intensifs. "Si l'obligation de porter un masque buccal ou la stratégie de dépistage dans les écoles, disparaissaient, cela pourrait avoir des effets importants. Une école peut devenir un foyer d'infection et devoir fermer ses portes."
"Oser franchir le pas"
"Si vous posiez la question aux virologues, ils diraient, selon la formule consacrée, qu'il est encore un peu trop tôt", a réagi vendredi le virologue Marc Van Ranst, interrogé par la VRT. "Mais à un certain moment, il faut oser franchir le pas. Ce ne sont pas des décisions faciles à prendre pour les différents gouvernements".
Lors de la conférence de presse du Comité de concertation, le Premier ministre Alexander De Croo a critiqué les non-vaccinés et estimé que le faible taux de vaccination à Bruxelles était inacceptable et intenable. "Personne n'a le droit de mettre les autres en danger", a-t-il dit. "C'est un message pour Bruxelles: si la capitale avait fait mieux, nous aurions certainement pu prendre les mêmes mesures pour tout le pays", souligne le virologue.
Un langage aussi dur aura-t-il une influence sur les réticents à la vaccination ? "Non, on ne peut convaincre personne avec un message dur. Il faut dire aussi que les personnes non vaccinées ne sont certainement pas convaincues".