La ministre flamande de l'Environnement refuse d’accorder un permis pour la centrale au gaz de Vilvorde
La ministre flamande de l'Environnement Zuhal Demir (N-VA) a décidé de ne pas accorder de permis pour une future centrale électrique au gaz à Vilvorde (Brabant flamand), a-t-elle communiqué mardi soir. Une décision qualifiée de "grosse surprise" par Engie Electrabel, qui procédera à une analyse juridique lorsqu'elle aura reçu officiellement la décision de la ministre.
La première enchère dans le cadre du Mécanisme de rémunération de capacité (CRM), censé garantir la sécurité d'approvisionnement électrique dans le cadre de la sortie du nucléaire, avait retenu ce projet de 796,25 MW ainsi que celui des Awirs, en province de Liège (805,35 MW).
Ces deux nouvelles unités doivent représenter 36% des capacités prévues par le gestionnaire du réseau Elia pour assurer la transition entre le nucléaire et le renouvelable, 56% étant assurées par des installations existantes, 1% par des batteries et 7% par la gestion de la demande.
Emission problématique d’ammoniac
À Vilvorde, le producteur Engie-Electrabel souhaitait remplacer une ancienne installation qui fournit actuellement moins de la moitié de la nouvelle capacité qui était projetée. Mais le permis environnemental nécessaire a fait l'objet d'un rejet. La procédure de recours se termine elle aussi par un avis négatif. L'émission de 107.000 kg d'ammoniac constitue un problème, estime le gouvernement flamand.
"Ma tâche en tant que ministre de l'Environnement est de décider d'accorder ou non un permis en fonction des détails techniques des dossiers", justifie Zuhal Demir. "Malheureusement, j'ai dû conclure que les règles en matière d'azote ne sont pas respectées. Si je devais approuver le dossier, je mettrais en danger la sécurité juridique de nombreuses entreprises et agriculteurs. On ne peut donc pas exiger cela d'une ministre."
Feu vert pour la centrale de Wondelgem
La ministre donne par contre un avis positif pour l'extension d'une centrale électrique au gaz à Wondelgem (Gand), exploitée par Luminus. Cette autorisation est accordée à condition que l'installation soit neutre en énergie d'ici 2040. Cette centrale électrique générerait 390 MW.
Le projet de Wondelgem n'avait pas été retenu dans le cadre des enchères CRM lancées par le fédéral. Dans les deux cas, Zuhal Demir a confirmé en appel les décisions antérieures des députations provinciales compétentes.
Apre débat au fédéral
Précédemment, les permis des projets de centrales à Tessenderlo et Dilsen-Stokkem, dans le Limbourg, avaient aussi été rejetés. En Wallonie, le projet d'Engie aux Awirs a été retenu dans le cadre des enchères CRM. Deux autres projets étaient en lice, à Seraing et Manage, avaient obtenu leur permis.
L'éventuelle prolongation de deux réacteurs nucléaires (Doel 4 et Tihange 3), qui fait l'objet d'un âpre débat politique entre les écologistes et le MR, devra être tranchée par le gouvernement fédéral d'ici la fin du mois sur la base du rapport que fournira la ministre de l'Énergie Tinne Van der Sraeten (Groen).
"Une grosse surprise"
Le refus de la ministre flamande de l'Environnement est une "grosse surprise", a réagi Engie Electrabel, qui procédera à une analyse juridique lorsqu'elle aura reçu officiellement la décision de la ministre.
"Nous venons d'apprendre, par la presse, que la ministre Demir rejetait la demande de permis. C'est pour nous une grosse surprise, étant donné que l'avis de la commission" régionale de permis environnementaux, émis le mois passé, "était favorable", a commenté Hellen Smeets, porte-parole du fournisseur d'énergie. Engie Electrabel dit vouloir d'abord se pencher sur ce refus de Mme Demir avant d'envisager un éventuel recours.
"Un sabotage politique de la N-VA"
Pour la présidente de Groen, Meyrem Almaci, le refus de Zuhal Demir est "dogmatique". "C'est un nouveau, triste point culminant dans la politique de sabotage menée par la N-VA. Mme Demir joue avec la sécurité énergétique de tous les Belges", a réagi la cheffe des écologistes flamands.
Pour Meyrem Almaci, le refus de permis décidé par la nationaliste flamande relève de "petits jeux politiques". "Au niveau européen aussi, (la N-VA) tente de faire barrage aux ambitions" en matière environnementale, pointe la présidente de Groen. Alors que la stratégie européenne "Fit for 55" prévoit pour l'ensemble de la Belgique un effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 47% pour 2030, le plan climat de la Flandre, dévoilé jeudi, vise une diminution de ses émissions limitée à 40%. La N-VA et Mme Demir "jouent sur le dos de la sécurité énergétique de tous les Belges et du climat. Nous faisons de la politique pour trouver des solutions, pas pour faire barrage", a conclu la présidente de Groen.
Satisfaction de certains militants
Les groupes militants Dégaze/Tegengas et Leefbare Noordrand se sont quant à eu réjouis de la décision de la ministre flamande. "Ici, à Vilvorde, Zuhal Demir a pris la seule décision correcte. Nous sommes heureux qu'en Flandre aussi, on ait pris conscience de la nécessité de se débarrasser de la dépendance aux énergies fossiles qui menace notre planète et notre santé", a réagi le comité d'action Leefbare Noordrand (dont le nom peut être traduit par "Une périphérie nord vivable").
Dégaze/Tegengas affirme en revanche être prêt à introduire un recours contre le permis accordé pour Wondelgem.