Valentin, un antivax se retrouve aux soins intensifs : “J’ai vu la mort de près"
"Les gens devraient bien réfléchir à ce qu'ils font", a déclaré cet homme qui avait refusé de se faire vacciner contre le covid-19 et qui le regrette aujourd'hui. Une équipe de la VRT a pu l’interviewer à l'AZ Vesalius à Tongres (Limbourg), où il lutte actuellement pour sa vie aux soins intensifs. Mais il porte clairement les séquelles du covid-19 : "Une transplantation pulmonaire sera peut-être la meilleure option pour Valentin, le seul moyen de lui permettre de vivre normalement".
Sur son lit d’hôpital, Valentin regarde une vidéo de l'époque où il jouait encore de la trompette avec son big band. Il s’exprime lentement et respire avec difficulté. "C’était lors d’une répétition, la première que l'on faisait après deux ans d'interruption à cause du confinement. On me voit ici, je pesais 93 kilos. C'était il y a quelques semaines seulement".
Il ne sait pas combien il pèse aujourd’hui ni l'endroit où il a contracté le coronavirus. "Nous avions fait attention à respecter les mesures. Nous n’avions pas recommencé nos répétitions trop tôt. Pourtant, je pense que c’est-là que j’ai été contaminé."
Valentin, un sexagénaire, n'était pas vacciné : il avait peur du vaccin et s'est peut-être trop laissé influencer par des infos négatives dans certains médias francophones - Valentin vit près de Liège et sa partenaire est francophone. "Au début, on parlait beaucoup à la télévision des effets secondaires et du danger du vaccin. C'est la raison pour laquelle ma femme et moi n'avons pas été vaccinés."
Transporté d'urgence à l'hôpital
En octobre dernier, Valentin a dû être hospitalisé d'urgence. Il a lutté pour sa vie aux soins intensifs, mais a survécu. "Ils sont venus me chercher avec le SMUR. Je pense que j'avais encore une valeur d'oxygène de 35 dans mon sang - chez les personnes en bonne santé, la valeur de saturation se situe entre 95 et 99 pour cent, ndlr. Mais je me souviens de beaucoup de choses. J'ai vu la mort de près."
Il est très reconnaissant pour les personnes qui l'ont soigné à l'hôpital. "Les médecins, les infirmières ... Ils travaillent dur ici, mais ils ont aussi leur vie privée. Nous ne devons pas être égoïstes, nous devons aussi les respecter. Parce que si nous ne les avions pas, je ne serais pas ici." Aux amis qui ne se sont pas encore fait vacciner, Valentin estime qu'ils sont "égoïstes". Il faut l'avoir vécu pour comprendre."
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"C'est une situation dramatique"
Valentin est toujours sous oxygène et aura besoin d'au moins quelques semaines de récupération supplémentaires à l'hôpital. Bien qu'il ait survécu, les dommages causés à ses poumons sont très importants et malheureusement permanents.
Ilse Van Cotthem, cheffe de l'unité de soins intensifs de l'hôpital Vesalius de Tongres : "C'est tellement triste qu'une personne en aussi bonne santé que M. Roosen puisse tomber si malade et que ses poumons soient maintenant détruits. Il est si essoufflé lorsqu'il parle ou fait le moindre effort. Nous trouvons également cela très dramatique."
Ce qui rend la situation générale encore plus dramatique pour le personnel soignant, c'est qu'un certain nombre de patients n'auraient pas eu à être hospitalisés s'ils avaient été vaccinés. Or la pression dure depuis si longtemps maintenant, et même entre les vagues de covid, les médecins et infirmières sont restés fort occupés.
"Après plus d'un an et demi de crise, la lassitude se mêle au découragement"
"Cette quatrième vague est encore plus difficile car nous avons aussi beaucoup d'autres pathologies. Certains des patients n'avaient pas besoin d'être ici." Les patients vaccinés qui arrivent encore aujourd'hui sont pour la plupart des personnes souffrant de comorbidité, mais parmi les non-vaccinés qui arrivent, on trouve aussi des personnes en parfaite santé, précise Ilse Van Cotthem.
Tous les patients qui se retrouvent aux soins intensifs ne présentent pas des lésions pulmonaires aussi graves que celles de Valentin, mais le risque de dommages irréparables existe bel et bien.
Comme une grande partie des poumons est touchée, une transplantation pulmonaire est envisagée. "En regardant les images du scanner, je pense qu'il sera difficile pour Valentin de mener une vie normale avec ses poumons actuels" explique Karolien Vanhove, pneumologue de AZ Vesalius. "Nous aimerions que Valentin puisse bénéficier d’une transplantation pulmonaire. C'est la seule façon pour lui de pouvoir vivre une vie normale e où il pourra reprendre ses anciennes activités."