Belgique et Royaume-Uni ouvrent un nouveau chapitre de coopération bilatérale

Près de deux ans après le Brexit, les Premiers ministres du Royaume-Uni et de Belgique, Boris Johnson et Alexander De Croo (photo archives), ont signé ce mardi à l'issue d'un entretien en visioconférence une déclaration commune exprimant leur intention d'ouvrir un nouveau chapitre de coopération bilatérale et de partenariat plus approfondi. Mais les points d'achoppement restent nombreux.

"Démocraties animées de la même vision, nous nous engageons à coopérer dans le cadre d'un réseau mondial de liberté plus large pour défendre la liberté et la démocratie, le libre-échange, les droits humains, l'État de droit et l'ordre international", affirment les deux pays dans ce texte commun. La signature de cette déclaration intervient à quelques mois d'une mission économique belge au Royaume-Uni, prévue en mars 2022 sous la conduite de la princesse Astrid.

Le texte, qui "s'inscrit pleinement dans le cadre Royaume-Uni-UE", n'aborde pas le dossier des licences de pêche, alors que la Belgique comme d'autres pays de l'UE dont la France reprochent à Londres de ne pas respecter les clauses de l'accord post-Brexit en faveur des pêcheurs européens. Il ne dit mot non plus des règles douanières avec l'Irlande du Nord, alors que Londres veut renégocier en profondeur le protocole nord-irlandais conclu dans le cadre du Brexit, qui maintient la province britannique de fait dans le marché unique européen.

"Nous jouerons notre rôle, notamment en poursuivant les efforts pour favoriser l'efficacité des procédures douanières à la frontière pour la circulation des marchandises accompagnées et non accompagnées", se contente d'énoncer la déclaration. Les deux pays s'engagent en revanche à assurer la fluidité du trafic sur les routes maritimes entre leurs ports, ainsi que la qualité des liaisons ferroviaires entre les deux pays.

En matière d'énergie renouvelable, ils signeront lors de la conférence belgo-britannique de janvier prochain une déclaration d'intention sur les futures interconnexions électriques, avec l'ambition d'y connecter les parcs éoliens. À côté d'engagements mutuels dans les secteurs de la transition verte, de la santé et du biopharmaceutique, de la recherche et de l'innovation, le chapitre sécurité occupe plus d'un tiers de la déclaration. Londres et Bruxelles disent vouloir explorer les moyens de consolider leur coopération bilatérale en matière de défense en l'assortissant d'un cadre bilatéral pour leurs forces armées, tout en réaffirmant le caractère essentiel du partenariat stratégique OTAN-UE.

Les deux pays veulent échanger des informations sur les menaces et les vulnérabilités cybernétiques, hybrides et étatiques, en soutenant la recherche et la formation universitaires et privées. "À cette fin, nous renforcerons la coopération bilatérale entre nos organismes gouvernementaux respectifs sur des questions d'intérêt commun." Concernant la migration, la Belgique et le Royaume-Uni s'engagent à intensifier leurs efforts de prévention de la migration irrégulière vers le Royaume-Uni, par l'échange d'informations et l'amélioration des technologies et des opérations de sécurité, notamment au port de Zeebruges et le long de la côte belge.

"En coopération avec les pays voisins, nous améliorerons les travaux menés conjointement sur les flux illégaux, notamment en vue de démanteler les réseaux de traite et de trafic d'êtres humains et de prévenir les pertes de vies humaines", exposent Messieurs Johnson et De Croo, une semaine après la mort d'au moins 27 migrants lors d'un naufrage au large de Calais. Les deux pays s'engagent à investir davantage dans la sécurité de leurs ports. "Nous nous efforcerons de promouvoir le dialogue multilatéral avec nos voisins pour renforcer la coopération sur les petites embarcations afin d'empêcher les traversées maritimes illégales vers le Royaume-Uni, notamment par la coopération opérationnelle, le partage des renseignements, la surveillance et la prévention des mouvements secondaires au sein de l'espace Schengen."

Problème des transmigrants

Dimanche à Calais, des représentants gouvernementaux de Belgique, des Pays-Bas, d'Allemagne, de France, de la Commission européenne, d'Europol et de Frontex se sont accordés sur la nécessité de renforcer leur coopération opérationnelle dans la gestion des migrants qui tentent de traverser la Manche vers le Royaume-Uni. Mais Londres, qui avait été invitée dans un premier temps à cette réunion, en avait été exclue par la France, irritée par une lettre du Premier ministre Boris Johnson suggérant à Paris de réadmettre toutes les personnes tentant la traversée clandestinement. La Belgique est sur la même longueur d'onde.

La demande du Royaume-Uni de conclure un accord bilatéral pour le rapatriement des transmigrants en Belgique n'est pas judicieuse sans une approche européenne coordonnée, avait répété le Secrétaire d'État Sammy Mahdi au début de la semaine dernière. Un groupe de travail stratégique Royaume-Uni-Belgique est mis sur pied pour assurer la mise en œuvre de la déclaration conjointe. Les ministres des Affaires étrangères des deux pays se réuniront chaque année pour vérifier l'orientation de ces relations bilatérales.

En janvier dernier, peu après l'évitement in extremis d'un no-deal sur l'accord commercial UE-Royaume-Uni, Alexander De Croo avait annoncé l'intention de la Belgique de négocier avec Londres une batterie d'accords bilatéraux, comme le permet l'accord post-Brexit. Il soulignait aussi la nécessaire vigilance vis-à-vis de la concurrence que risque de mener Londres.

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