La fin de l'autoroute A12, à Bruxelles, muée en boulevard urbain d'ici 2024
"L'autoroute A12 va devenir l'A-douce", avance la ministre de la Mobilité bruxelloise Elke Van den Brandt (Groen), dans un entretien accordé à La Libre Belgique ce mardi. Elle confirme avoir déposé la demande de permis pour la transformation en promenade verte de la fin de l'autoroute A12 - cette portion de trois kilomètres qui longe l'Atomium, le parc de Laeken et ses tours d'inspiration extrême-orientale - jusqu'au Canal. Le Secrétaire d’Etat à l’Urbanisme, Pascal Smet (Vooruit), annonce cependant ne pas vouloir accorder le permis en l’état actuel. Les organisations Touring et Voka expriment également des réserves.
Le projet figure dans le plan GoodMove du gouvernement bruxellois en matière de mobilité, qui prévoit la réduction d'une bande de circulation, passant de trois à deux voies, et la transformation de l'autoroute actuelle en un boulevard urbain, qui intègre une route cyclable et des espaces verts, explique la ministre Elke Van den Brandt.
"Maintenant que la demande de permis est déposée, la concertation pour l'enquête publique va pouvoir commencer. Le but est de terminer les travaux sous cette législature, d'ici 2024", avance la ministre bruxelloise de la Mobilité.
"L'autoroute A12 est un axe très emprunté par les navetteurs, car elle relie Anvers à Bruxelles. Ceux qui se rendent dans le centre pourront laisser leur voiture et emprunter les transports en commun, puisque le site sera relié au centre de la ville. Nous discutons aussi avec la SNCB pour davantage de parkings de dissuasion près des lieux d'habitation, afin d'encourager les gens à prendre le train. Ceux qui n'ont pas d'autre possibilité peuvent toujours entrer dans Bruxelles en voiture", détaille encore l'écologiste flamande.
Touring et Voka expriment des craintes
L'organisation de mobilité Touring et l'organisation patronale flamande Voka Metropolitan remettent en question la transformation de la fin de l'autoroute A12 en un boulevard urbain. Ils craignent que cela ne crée davantage d'embouteillages, que les visiteurs restent à l'écart de la ville et que les entreprises finissent par s'en éloigner. Selon les deux organisations, les solutions alternatives n'ont en outre pas encore été finalisées.
Le rétrécissement de l'A12 à Laeken est beaucoup trop drastique, d'après Touring. Réduire le nombre de bandes de circulation et ainsi créer un entonnoir "va logiquement entraîner davantage de congestion et de retards, ce qui va provoquer encore plus de pollution atmosphérique qu'auparavant. Et c'est exactement ce que les autorités veulent éviter", ajoute Touring.
Afin de maintenir un accès facile à la ville, Touring plaide pour que deux voies restent accessibles et demande un test permettant de mesurer l'impact du projet sur les embouteillages et la fluidité du trafic. L'organisation de mobilité souligne en outre qu'aucun investissement n'a encore été fait en matière de solutions alternatives.
Ces investissements doivent d'abord être réalisés, et puis une transformation en boulevard urbain pourrait être envisagée, estime pour sa part le Voka Metropolitan. "Les parkings de dissuasion au niveau de l'A12 et sur le parking C sont promis depuis de nombreuses années, mais il semble que l'on n'en parle plus. Nous attendons également toujours le tram rapide prévu le long de l'A12", pointe l'organisation patronale. Enfin, le Voka Metropolitan regrette que le gouvernement bruxellois prenne cette décision de manière unilatérale, sans consulter la Flandre. "Où est l'accord global sur la mobilité annoncé depuis longtemps entre Bruxelles et la Flandre ?", s'interroge l’organisation patronale.
Pascal Smet a des doutes
Alors que la ministre Van den Brandt souhaite mener à bien le projet de mobilité d’ici 2024, le Secrétaire d’Etat à l’Urbanisme, Pascal Smet (Vooruit), exprime lui aussi des doutes. En tant que Secrétaire d’Etat il a urban.brussels dans ses compétences, c’est-à-dire l’administration qui examine les demandes de permis. Son cabinet a fait savoir à VRT NWS qu’un permis ne serait pas accordé au projet tant qu’il serait présenté en son état actuel.
Pascal Smet (photo archives) critique avant tout la disparition dans le projet du parking périphérique promis sur le plateau du Heysel qui, selon le Secrétaire d’Etat, permettrait d’alléger la pression de trafic dans la capitale. Il estime que la réduction du nombre de bandes de circulation en direction du centre de la ville n’est pas une bonne idée s’il n’y a pas de solution alternative à un grand parking. Au moindre accident, ce sera tout le périphérique et le reste de Bruxelles qui seront embouteillés.
Au cabinet de la ministre de la Mobilité, on reproche à Pascal Smet et à l’administration urban.brussels de n’avoir pas exprimé leurs critiques plus tôt, alors qu’ils participaient aux différentes réunions préparatoires. Selon le porte-parole de la ministre, le parking périphérique a été abandonné "parce qu’il y a déjà en face de son emplacement un parking de 12.000 places". Ce dernier est utilisé par les personnes qui se rendent aux cinémas sur le Heysel et aux visiteurs d’événements organisés au Palais 12.
"Le moment de grosse occupation de ce parking est différent de celui des navetteurs qui utiliseraient le parking périphérique. Il ne parait donc pas nécessaire de créer un second parking, au détriment de la viabilité du quartier pour les riverains". Les cabinets Van den Brandt et Smet devraient se concerter d’ici peu.