L’OCAM s’inquiète d’une opposition de plus en plus forte aux mesures sanitaires

La résistance aux mesures sanitaires a fortement augmenté ces derniers mois dans notre pays, ce qui a conduit à davantage de polarisation, d'extrémisme et de menaces. C'est la conclusion de l'OCAM, l’Organe de Coordination pour l’Analyse de la Menace qui traite l’ensemble des informations et renseignements pertinents sur le terrorisme, l’extrémisme et la radicalisation. La VRT a pu consulter son dernier rapport. Une éventuelle vaccination obligatoire pourrait - tout comme l'obligation du Covid Safe Ticket - susciter encore plus de protestations.

Dans son rapport, l'OCAM fait référence à plusieurs manifestations et actions qui ont été organisées ces derniers mois pour protester contre les mesures sanitaires. Mais la manifestation d'il y a quinze jours - où plus de 30 000 personnes sont descendues dans la rue à Bruxelles - était, selon l'OCAM, "étonnante". "Des organisations de diverses obédiences ont uni leurs forces pour la première fois dans leur critique de la politique du gouvernement en matière sanitaire."

L'OCAM parle d’un "contre-mouvement", un terme générique pour toutes les organisations impliquées dans les protestations. "Elle réussit à imposer une place de plus en plus importante dans la sphère publique", indique le rapport.
 

Qui constitue ce contre-mouvement ?

Selon l'OCAM, ces organisations ne peuvent pas être classées sous un seul dénominateur. En tout état de cause, elles ne relèvent pas "de courants idéologiques classiques suivis dans une perspective de sécurité - l'extrémisme et le terrorisme", indique le rapport. "En fait, la plupart d'entre elles ont été créées spécifiquement après le début de la crise du COVID-19."

Par exemple, la manifestation d'il y a quinze jours à Bruxelles a officiellement impliqué plus de 14 organisations, sous la bannière "Ensemble pour la liberté". Aucun d'entre elle ne peut être qualifiée d'"extrémiste", selon l'OCAM, "ni en termes d'objectifs, ni en termes de méthodes". "Quelques-unes se retrouvent néanmoins dans une zone grise.

Mais la manifestation a également été suivie par des groupes et des organisations d'extrême-droite. Selon l'OCAM, plusieurs groupes ont mobilisé leurs membres et ont ainsi contribué "au succès de la marche de protestation".

"Il est au moins plausible de dire que des acteurs d'extrême droite ont tenté de canaliser et d'instrumentaliser cette manifestation", peut-on lire.

D'où vient ce mécontentement ?

Ce mécontentement était déjà présent dès le début de la crise du coronavirus, selon l'OCAM. Il s'agit pour l'essentiel de "critiques légitimes de l'approche politique, qui n'est pas problématique du point de vue de la sécurité", précise-t-elle. "Avec la récente manifestation à Bruxelles, cependant, il semble que le nombre de personnes rejoignant le contre-discours ait augmenté. Il convient d'en assurer le suivi afin de prendre des mesures opportunes en cas d'évolution problématique."

En tout cas, la plupart des organisations sont opposées à la vaccination et certainement au vaccin contre le covid-19. En outre, la désinformation, les fake news et les théories du complot circulent allègrement dans la plupart de ces groupes. Par exemple, beaucoup pensent que les mesures nous font délibérément évoluer vers un État autoritaire ou une dictature.

Selon l'OCAM, Internet et les réseaux sociaux font entrer les gens dans une "bulle idéologique", dans laquelle ils ne reçoivent que des informations qui confirment et renforcent leur vision du monde.

La base de soutien pour suivre les mesures a partiellement ou complètement disparu dans une partie croissante de la population.

Selon l'OCAM, le fait que le "Royaume de la liberté" ait été promis et ne se soit finalement pas matérialisé joue un rôle majeur dans le mécontentement croissant. "C'est l'une des raisons pour lesquelles une proportion croissante de la population a perdu tout ou partie de son soutien aux mesures prises", indique le rapport.

Quels autres facteurs entrent en jeu ? L'introduction du pass sanitaire le fameux Covid Safe Ticket . "Dans une perspective de radicalisation, l'introduction du CST peut représenter une ouverture cognitive potentielle qui pousse les personnes ayant un mécontentement sous-jacent suite à la crise sanitaire vers des alternatives plus extrêmes et des théories du complot."

Comment le mécontentement se manifeste-t-il ?

Selon l'OCAM, la protestation donne lieu à des "appels de plus en plus stridents" tels que "révolution" et "tribunaux". "Les politiciens actuels, ainsi que les scientifiques impliqués et les médias grand public, se voient présenter la facture." Selon l'OCAM, ils sont régulièrement menacés, principalement dans les forums en ligne. Il y a également un flot de messages de haine à l'égard des politiciens et des scientifiques. 

"Tout cela contribue à créer un climat de plus en plus chaud et polarisé", peut-on lire. "Les discours de haine à l'encontre des décideurs politiques, des médias et des virologues semblent donc devenir de plus en plus acceptables socialement."

Au cours de l'année, il y a eu "un certain nombre d'interventions" auprès de personnes responsables de publications en ligne. "Il s'agissait de prévenir le pire, à savoir des actes de violence physique effectifs."
 

A quoi doit-on s’attendre à l'avenir ?

En raison de l'apparition de nouveaux variants, d'une baisse apparemment légère de l'état d'avancement de la vaccination et de l'apparition de nouvelles contaminations, il n'est pas réaliste de penser que la crise sanitaire fera bientôt partie du passé.

En tout état de cause, la résistance à ces mesures restrictives de liberté semble avoir considérablement augmenté ces derniers mois", conclut l'OCAM. "Il est difficile de prévoir si le "contre-mouvement" sera capable de maintenir cette dynamique et si celle-ci continuera à donner lieu à des processus de radicalisation et, à terme, éventuellement à des expressions violentes."

"Les périodes précédant une nouvelle vague, qui donneront lieu à de nouvelles restrictions, semblent particulièrement susceptibles d'entraîner de nouvelles poussées de résistance", indique le rapport. Mais une éventuelle vaccination obligatoire pourrait également susciter un tollé. "Les sensibilités et le discours autour de cette question sur les nombreuses plateformes en ligne sont très chargés émotionnellement, ce qui augmente également le risque de fortes contre-réactions."

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