Retrait du permis de séjour pour l'imam de la plus grande mosquée de Belgique

Le secrétaire d'Etat a pris cette décision sur la base des informations provenant des services de sécurité "en raison de signes d'un grave danger pour la sécurité nationale", a-t-il expliqué dans un communiqué. Un ordre de quitter le pays a été signifié à l'imam et celui-ci a été informé qu'il lui était interdit d'entrer dans le pays pendant dix ans. Selon la VRT, l'homme aurait déjà quitté notre territoire.

D'après le cabinet de Sammy Mahdi, le délai d'appel normal a expiré, ce que conteste l'avocat de Toujgani. L’imam a une épouse et des enfants en Belgique.

Toujgani vivait dans en Belgique depuis 1982 et avait la nationalité marocaine, a précisé Sammy Mahdi.

"Par le passé, nous avons donné trop de marge de manœuvre aux prédicateurs radicaux. Cet homme était probablement le prédicateur le plus influent de Belgique. Avec cette décision, nous faisons la différence et donnons un signal clair: nous ne tolérerons pas ceux qui divisent et menacent notre sécurité nationale", a-t-il ajouté.

L'imam fait l'objet de controverses depuis un certain temps déjà. Malgré le fait qu'il ait habité plusieurs années en Belgique, il ne maitrisait ni le néerlandais ni le français. En outre, une vidéo remontant à 2009 a fait surface dix ans plus tard. Il y appelait à brûler les "sionistes oppresseurs".  "Une réaction émotionnelle en pleine guerre de Gaza", avait déclaré Toujgani, qui a présenté ses excuses.

Bien qu'il ne soit pas connu du grand public, Toujgani est une figure très influente dans la communauté islamique. Surtout à Bruxelles. Pendant des années, il a été l'imam en chef de la mosquée Al Khalil de Molenbeek, qui est considérée comme la plus grande mosquée belge en termes de superficie et de fréquentation.
 

Toujgani prêchait un islam très conservateur. Les connaisseurs le classent parmi les Frères musulmans, un mouvement politico-islamique controversé : selon la Sécurité d'État, il est essentiellement pacifique, mais à long terme, vise une islamisation progressive de la société.

Dans des notes antérieures - très discutées - la Sécurité d'État avait écrit que les Frères musulmans "créent un climat de ségrégation et de polarisation, qui peut être un terreau fertile pour la radicalisation (violente)".
 

Selon les informations récoltées par la VRT, les services de sécurité font également le lien entre Mohamed Toujgani et l'espionnage au profit du Royaume du Maroc. L'imam aurait en tout cas des liens avec le gouvernement marocain, selon les témoignages que la VRT a recueillis auprès de personnes qui connaissent bien sa mosquée.

Par ailleurs, Toujgani est président de la Ligue des imams marocains de Belgique. Diverses sources indiquent que cette association est fortement influencée par le gouvernement marocain. La ligue propagerait également l'extrémisme et pratiquerait l'espionnage.

On sait depuis un certain temps que le gouvernement marocain exerce une influence dans notre pays, par exemple par le biais des mosquées. Dans le magazine de reportage de la VRT "Pano", des musulmans marocains ont ainsi témoigné l'année dernière du contrôle exercé par l'ambassade du Maroc. Avant cela, le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD) avait interrompu la procédure de reconnaissance de la Grande Mosquée de Bruxelles en raison de "l'ingérence et de l'espionnage du Maroc".

Ci-dessous le reportage du magazine "Pano" (septembre 2021) sur l'influence étrangère dans les mosquées de Belgique.