Une bombe d'eau sur la Flandre provoquerait jusqu'à 8 milliards d'euros de dégâts

Le passage d'une bombe d'eau dans le ciel flamand, avec des précipitations de l'ordre de 230 mm en 48 heures comme la Wallonie en a fait la dramatique expérience l'été dernier, pourrait affecter 90.000 habitations et provoquer des dégâts pour un montant de plus de 8 milliards d'euros. C’est la conclusion d'une étude réalisée par l'administration flamande des voies d'eau, à la demande de la ministre flamande de la Mobilité Lydia Peeters (Open VLD), qui prépare des recommandations sur ce sujet d'ici l'été prochain. D’après cette étude, la Flandre orientale serait durement touchée par des inondations dans l’éventualité d’une telle bombe d’eau. Le gouvernement flamand fait appel à des experts pour préparer la Région à l’éventualité de précipitations extrêmes.

"Les résultats de l’étude peuvent à juste titre être qualifiés de deuxième mise en garde, après la bombe d’eau tombée sur la Wallonie l’été dernier", estime la ministre flamande Lydia Peeters. "Lorsque nous considérons un scénario de précipitations avec 230 millilitres d’eau - comparable à ce qui est tombé l’été dernier dans la Vallée de la Vesdre -, quelques 86.000 habitations pourraient être endommagées et le coût total des dégâts s’élèverait à 8,1 milliards d’euros. Une bombe d’eau engendrerait donc en Flandre des dégâts matériels et financiers inédits et avant tout beaucoup de souffrance humaine. Il ne faut donc plus considérer que pareille éventualité est loin de nous".

L'administration flamande des voies d’eau a étudié deux scénarios distincts de précipitations, en collaboration avec le Laboratoire d’hydraulique. Le passage d'une 'petite' bombe d'eau avec 107 mm de précipitations en 48 heures, et d’une 'grosse' bombe d'eau avec 230 mm de pluie sur la même période. Avec à chaque fois une évaluation de l'impact sur les cours d'eau, les bâtiments, les habitations et les infrastructures. La petite bombe correspond à ce qu’a vécu le bassin du Démer (photo) les 14 et 15 juillet 2021, alors que la grosse bombe correspond à celle tombée sur la Vallée de la Vesdre (vidéo) ces deux mêmes jours.

La facture liée à ce second scénario est bien plus élevée qu'une précédente estimation réalisée en octobre dernier. Le coût d'un épisode pluvieux similaire à celui de l'été dernier sur la Flandre avait alors été estimé à 2 milliards d'euros seulement. Mais d’après les nouveaux calculs, le scénario de la "petite" bombe d’eau endommagerait environ 4.900 habitations pour un coût total de dégâts de 289 millions d’euros. Si le niveau de la mer montait en plus de 60 cm, le nombre d’habitations touchées passerait à 5.300 et les coûts à 300 millions d’euros.

La "grosse" bombe d’eau sans élévation du niveau de la mer endommagerait 86.000 logements pour des dégâts de l’ordre de 8,1 milliards d’euros, alors qu’avec une élévation de 60 cm du niveau de la mer en plus, les coûts grimperaient à 8,6 milliards d’euros pour 90.400 habitations touchées.

Chargement lecteur vidéo ...

La Flandre orientale particulièrement vulnérable

C’est avant tout la province de Flandre orientale qui serait vulnérable dans l’éventualité d’une bombe d’eau au-dessus du nord de la Belgique. Les eaux de la Lys et du Haut Escaut se rejoignent à hauteur du canal circulaire de Gand. L’ampleur de ces bassins fluviaux génère un écoulement très important d’eau, qui pourrait engendrer de grosses inondations dans la région autour de Gand. Les dégâts potentiels à la ville pourraient monter à 3 milliards d’euros dans l’éventualité de 230 mm de précipitations (2e scénario).

Dans la vallée de la Dendre, les dégâts pourraient aussi se chiffrer à plus d’un milliard d’euros dans le cas de précipitations extrêmes, la commune de Ninove accusant la moitié de ces coûts. Dans des communes telles que Liedekerke, Grammont et Denderleeuw, les dégâts pourraient se chiffrer à plus de 100 millions d’euros.

"Nous faisons déjà pas mal de choses à ces endroits", indique la ministre Peeters. "Le Plan Sigma est très important dans cette région. Mais nous voulons sécuriser de façon optimale. Nous pensons avoir besoin de mesures supplémentaires et faisons donc appel à des experts".

Et la ministre de la Mobilité flamande (photo) de conclure : "Il est important de voir comment préparer au mieux la Flandre à ce type de phénomènes météo. Un panel multidisciplinaire d’experts, placé sous la direction de l’expert néerlandais des eaux Henk Ovink va se baser sur les résultats de l’étude pour émettre d’ici l’été les premières recommandations".

Les plus consultés