Osman Calli, auteur de quatre homicides en Belgique, a été libéré par la Turquie en 2020
Le Gantois d'origine turque Osman Calli (photo), condamné en 2008 à la prison à vie pour quadruple homicide, double tentative d'homicide, incendie volontaire, car-jacking et prise d'otages, a été libéré en 2020, confirmaient lundi le SPF Justice et son avocat Ergün Top, à la suite d’une information donnée par HLN.be. L'homme avait été transféré en Turquie en 2013 pour y purger sa peine. "Les autorités belges n'ont pas été formellement informées d'une éventuelle libération", précise Sharon Beavis du département Communication du SPF Justice.
En novembre 2004, Osman Calli avait abattu sa femme Teslime et sa sœur Hacer dans sa maison de Gand. Il avait mis le feu à la maison après ces meurtres et s'était rendu à Nieuwerkerken près d'Alost où il s'était introduit dans la maison de Wendy Blendeman, son ex-femme et mère de son fils de 8 ans, qui y vivait avec son petit ami Henri De Cooman et sa mère Marie-Louise De Rop.
Osman Calli ouvert le feu et tué son ex-femme et sa mère. Le conjoint, touché d'une balle à la poitrine, a survécu. Le tueur avait ensuite commis un car-jacking à Kerksken et forcé le conducteur à le ramener à Gand. Là, il s'était introduit de force dans la maison d'un homme qu'il soupçonnait à tort d'adultère avec sa femme. Ce dernier, blessé par balle, est paralysé depuis.
En 2008, Osman Calli a été condamné à la prison à vie par la cour d'assises de Gand, mais les dix ans de mise à disposition du tribunal demandés par le ministère public n'ont pas été imposés.
Remis à la Turquie
En 2010, Calli demandait sa remise à la Turquie, qui fut acceptée en 2013. "Pendant trois ans, jusqu’en 2016, mon client a effectué sa peine dans une prison turque", indique aujourd’hui son avocat Ergün Top. "Ensuite, la procédure de demi liberté a été entamée, qui a aussi duré trois ans. En 2019, il a été libéré sous conditions et depuis 2020 il est entièrement libre".
L’avocat ne peut pas révéler davantage sur la vie privée de son client, "mais je peux vous dire qu’il a un emploi avec un revenu modeste. C’était une condition dans le cadre de sa réinsertion. Il a aussi une famille et a entamé une seconde vie en Turquie", précise Ergün Top.
La Belgique pas au courant de sa libération
Le ministère de la Justice n’est officiellement pas au courant de la libération d’Osman Calli, confirmait lundi Sharon Beavis du service de Communication. Le ministère confirme par contre la remise de Calli le 28 juin 2013 à la Turquie, pour qu’il y effectue sa peine. "En Belgique, l’homme est rayé depuis janvier 2014 du registre national. D’après la législation belge, la remise d’une personne condamnée et le transfert de l’exécution de la peine vers l’étranger ne peuvent avoir lieu que s’il y a eu un accord entre la Belgique et l’autre pays. L’accord des deux pays est nécessaire pour chaque transfert. Si c’est le cas, la peine est convertie selon la législation du pays de destination. (…) Dans ce dossier, les autorités belges n'ont pas été informées officiellement d’une éventuelle libération "
Après la remise du condamné, la Belgique n’a plus d’influence sur la procédure d’exécution pénale, mais elle peut s’informer de celle-ci auprès de la Turquie. La Justice a maintenant demandé à l’ambassade turque qu’elle était la situation du dossier. L’avocat de Calli est surpris que la Belgique affirme ne pas être au courant de la libération de son client. "Si le ministre s’était informé, il aurait pu le savoir".
Kjell Verleysen, l’avocat d’Henri De Cooman qui a survécu à la tentative de meurtre d’Osman Calli, déclarait également que son client n’est pas au courant de la libération du meurtrier. "Calli a toujours déclaré que sa mission n’était pas accomplie. Et s’il revenait en Belgique ?".
De Cooman n’aurait pas été informé non plus officiellement de la remise de Calli à la Turquie. "C’est très difficile à accepter maintenant pour mon client que le meurtrier soit un homme libre en Turquie". Le bourgmestre d’Alost, Christoph D’Haese, qui avait à l’époque défendu Henri De Cooman, a annoncé qu’il allait demander des explications sur le dossier au ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne.
