Denny Baert / VRT NWS

Les organisations d’employeurs plaident pour le maintien de deux réacteurs nucléaires

Dans une communication officielle dont L'Echo et De Tijd ont pu prendre connaissance, la Fédération des entreprises de Belgique (FEB), la Fédération flamande des entreprises (Voka), l'Union wallonne des entreprises (UWE) et la chambre de commerce bruxelloise (BECI) appellent d'une seule voix à la prolongation de deux réacteurs nucléaires en Belgique.

D'ici 2025, toutes les centrales nucléaires de notre pays devraient fermer, mais cela fait un certain temps déjà qu'il y a des discussions politiques à ce sujet, car certains craignent qu'il n'y aura pas assez d'énergie en raison de cette sortie. "Nos entreprises sont incertaines et inquiètes, nous allons avoir besoin de toutes les formes d'approvisionnement", a déclaré Hans Maertens du Voka.

Les fédérations patronales insistent sur les risques que poserait une sortie totale de l'atome en 2025 sur la sécurité d'approvisionnement et les niveaux de prix de l'énergie, tout en augmentant les émissions de gaz à effet de serre. Cette déclaration intervient alors que le gouvernement fédéral se penchera une ultime fois sur une éventuelle prolongation de deux unités le 18 mars prochain.

Il est temps de s'éloigner de la politique et de se tourner vers le réalisme
Hans Maertens, Voka

Les organisations patronales estiment également qu'il n'est pas trop tard aujourd'hui pour prolonger la durée de vie des deux plus récents réacteurs nucléaires.

Les deux derniers réacteurs nucléaires seront-elles fermés d'ici 2025 (comme convenu et exigé par la loi de 2003), ou la fermeture sera-t-elle reportée ? Le gouvernement fédéral devrait (enfin) trancher dans le dossier de la sortie du nucléaire à la mi-mars. "C'est pourquoi nous voulons exprimer ensemble nos préoccupations concernant l'offre et les prix maintenant, un mois avant la décision", déclare Hans Maertens de l'organisation patronale Voka.

Nous avons besoin de certitude

"Il est temps de s'éloigner de la politique et de se tourner vers le réalisme. Dans les années à venir, nous aurons également besoin de plus d'énergie en raison de l'électrification (voiture électrique et pompes à chaleur)", a déclaré Hans Maertens ce mercredi matin dans "De ochtend" (VRT).

Les organisations patronales avaient déjà considéré avec suspicion cette sortie du nucléaire - et certainement les querelles politiques et le report de décisions - bien qu'il n'y ait jamais eu d'opposition. Mais cela semble maintenant avoir changé, et une position commune claire contre la sortie du nucléaire en 2025 n'a jamais été exprimée aussi clairement. 

"Nous sommes simplement très préoccupés par le sort des entreprises, cela a toujours été notre préoccupation", ajoute Maertens. "Ces dernières semaines, l'inquiétude de nos entreprises face à l'avenir a énormément augmenté, c'est pourquoi nous demandons maintenant au gouvernement de ne pas se lancer dans l'aventure. Nous avons besoin de certitude."

Le contexte est différent

Selon Hans Maertens, le contexte a changé ces dernières semaines et ces derniers mois. Il fait référence notamment sur la situation géopolitique et les tensions entre la Russie et l'Ukraine. "La forte augmentation des prix du gaz naturel et de l'électricité en est en partie la conséquence. Cela a un impact immédiat sur les coûts énergétiques de nos entreprises", souligne Maertens. Mais ces hausses de prix ont également un impact sur l'inflation, qui affecte à son tour l'évolution des salaires, ce qui peut entraîner une perte de compétitivité de nos entreprises vis-à-vis de leurs concurrents étrangers, affirme le dirigeant de Voka.

Une sortie du nucléaire signifierait également que nous devrions nous tourner davantage vers l'étranger pour satisfaire nos besoins énergétiques. "Mais il existe également une grande incertitude quant à cette capacité dans nos pays voisins (...) Tout cela s'ajoute à une grande incertitude. Or nous avons besoin de garanties donc nous voulons une prolongation", a déclaré Hans Maertens. "On ne fixe pas de délai, bien sûr on ne garde pas une centrale nucléaire ouverte un an de plus. Ce sera pour une période plus longue. Nous souscrivons à la transition énergétique vers les énergies renouvelables. Mais dans les 10 à 15 prochaines années, nous pourrons utiliser tout ce que nous avons pour assurer cette sécurité d'approvisionnement énergétique", affirme encore Hans Maertens.
 

Une certitude maximale

Le ministre de l'Énergie, Tinne Van der Straeten (Groen), a indiqué précédemment que des centrales au gaz seraient construites pour fournir de l'énergie supplémentaire lorsque les centrales nucléaires fermeront. Mais la procédure d'autorisation de ces centrales ne se déroule pas sans heurts, c'est le moins que l'on puisse dire. "Cela crée aussi de l'incertitude", ajoute Maertens. Il ne veut pas dire qu'il n'a pas confiance dans le gouvernement et que tout ira bien pour l'approvisionnement. "Nous voulons simplement que la plus grande sécurité possible pour nos entreprises, or ce n'est absolument pas le cas actuellement. C'est pourquoi nous continuons à plaider pour le maintien des centrales nucléaires, ainsi que pour la mise en place d'autres systèmes d'approvisionnement."

L'exploitant des centrales nucléaires, Engie Electrabel, estime de son côté qu'il est trop tard pour inverser la sortie du nucléaire, bien que l'organisme de surveillance nucléaire FANC affirme qu'une intervention est encore possible si les politiques se décident rapidement. Le gouvernement devrait prendre sa décision le mois prochain.

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