Groen reste ferme sur la sortie du nucléaire et "demande le respect" de l'accord conclu

Les écologistes flamands de Groen qui font partie de la coalition au fédéral campent sur leur position de sortie progressive du nucléaire d'ici 2025. C'est ce qu'a affirmé le chef de groupe des Verts à la Chambre Wouter De Vriendt. Sous la pression des organisations patronales et des experts, les autres partis gouvernementaux sont de plus en plus disposés à la prolongation de l'exploitation des centrales nucléaires dans notre pays. De son côté Groen "demande le respect" de l'accord de fin décembre dans lequel le gouvernement fédéral avait opté pour une sortie du nucléaire comme plan A pour la mi-mars. De son côté, le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) s'en tient à une analyse "systématique et sur le fond".

Pour les Verts flamands, la sortie du nucléaire est l'un des points les plus importants de l'accord de coalition du gouvernement fédéral. Et le fait que les présidents des autres partis gouvernementaux remettent de plus en plus en question la fermeture des centrales nucléaires d'ici 2025 est donc un problème pour eux.

"Je comprends la nervosité des employeurs, mais je demande aux partis politiques de garder la tête froide et de mettre en œuvre ce qui a été décidé il y a à peine un mois et demi. C'est un élément de sécurité que nous devons aussi donner aux employeurs", a répondu Wouter De Vriendt dans "De Ochtend" sur Radio 1.

Il faisait référence au compromis - typiquement belge - trouvé fin décembre 2021 au sein du gouvernement fédéral sur la sortie du nucléaire. Le gouvernement fédéral avait convenu de maintenir le plan A de sortie du nucléaire en 2025, appuyé par le CRM (Mécanisme de Rémunération de Capacité). Mais il s'était gardé une porte ouverte pour un plan B s'il devait s'avérer, le 18 mars prochain, qu'un rapport d'Elia juge que le CRM n'offre pas de sécurité d'approvisionnement. Dans ce contexte, la prolongation de deux réacteurs actuels (Doel 4 et Tihange 3) pourrait être envisagée.

"Chaque détail de la sortie du nucléaire est étudié par la ministre de l'Énergie (Tinne Van der Straeten, Groen). Je demande le respect de l'accord de coalition et de l'accord énergétique de décembre", a déclaré le député Groen Wouter De Vriendt.

"Les questions qui sont posées sont légitimes et elles font l'objet d'une enquête en ce moment même", semble-t-il. Woter De Vriendt demande donc aux autres partis gouvernementaux de ne pas faire de déclarations prématurées. Mais que se passera-t-il si la sortie du nucléaire n'a pas lieu après tout ? "Si les gouvernements n'appliquent plus scrupuleusement les accords conclus, cela ne s’arrêtera plus. Nous demandons le respect des choses convenues, sinon il sera très difficile de gouverner", conclut Wouter De Vriendt.
 

Alexander De Croo s'en tient à une analyse "systématique et sur le fond"

Le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) souhaite s'en tenir à la méthode sur laquelle son gouvernement s'est mis d'accord dans l'optique d'une décision mi-mars sur la sortie éventuelle du nucléaire. "Nous regardons deux éléments, explique-t-il jeudi sur Radio 1 (VRT): la garantie d'approvisionnement et le coût. Nous adoptons une approche systématique et sur le fond. Il faut aussi tenir compte des dernières évolutions sur le sujet", a indiqué le Premier ministre insistant sur l'importance de s'en tenir à une discussion sur les faits et pas idéologique.

Alexander De Croo réagissait entre autres aux différents avis récemment exprimés sur le sujet. "Nous allons continuer avec la méthode que nous nous sommes fixée". Le gouvernement avait convenu de prendre en compte à la fois la sécurité d'approvisionnement et le coût de la facture énergétique. "Nous effectuons une analyse détaillée et systématique", a répété le chef du gouvernement, indiquant que son équipe allait tenir compte des évolutions les plus récentes.  

Il tient en tout cas à se limiter à une discussion sur les faits. "Nous examinons les analyses techniques. J'ai l'impression que le sujet est parfois très politisé et ce n'est pas la bonne approche, selon moi." Un nouveau groupe constitué de patrons d'entreprises, d'ingénieurs, de personnalités du monde académique et de citoyens a publié une lettre ouverte dans laquelle ils abordent les conséquences négatives d'un abandon total de la solution nucléaire. "Tous les clignotants sont au rouge en ce qui concerne les futurs approvisionnements en gaz. La Belgique ne peut pas se permettre de patiner encore davantage, d'éroder encore la position concurrentielle de ses entreprises et de précipiter ses citoyens dans la pauvreté", avancent les signataires.  Mettant en garde contre la construction de centrales à gaz qui va faire augmenter drastiquement nos émissions de CO2, ils souhaitent qu'au moins deux centrales nucléaires (D4/T3) soient prolongées d'au moins 10 ans.

Lachaert : "Dans le contexte de la menace russe aucun scénario ne peut être exclu"

Le président de l'Open VLD Egbert Lachaert considère qu'aucun scénario sur le bouquet énergétique de la Belgique après 2025 ne peut plus être exclu, dans le contexte de la menace russe sur l'Ukraine. Il réclame un avis supplémentaire aux experts, comme le gestionnaire du réseau haute tension Elia et le régulateur de l'énergie (CREG), sur l'impact potentiel de cette menace sur la politique énergétique de la Belgique.

Le président des libéraux flamands dit aussi comprendre les préoccupations des employeurs, après l'appel des organisations patronales (FEB, UWE, Voka, BECI) à la prolongation de deux réacteurs nucléaires en Belgique après 2025.

Dans le même temps, il souligne que les prix dépendent davantage des tarifs européens de l'énergie que du maintien ou non des deux réacteurs nucléaires les plus récents. "Mais la stratégie de la Russie devra être prise en compte dans la décision que le gouvernement prendra le 18 mars".

Vooruit disposé à prolonger deux réacteurs si c'était moins cher pour le consommateur

De son côté, le président de Vooruit, Conner Rousseau, a affirmé mercredi dans l'émission Villa Politica (VRT) qu'il pourrait accepter le maintien en activité de deux réacteurs nucléaires après 2025 s'il était démontré qu'une telle prolongation allégera effectivement la facture énergétique des ménages.

"Actuellement, rien ne l'indique, mais si quelqu'un au gouvernement parvient à me le démontrer, alors je serai son allié", a lancé le président des socialistes flamands.
Plus tôt dans la journée, les organisations patronales (FEB, UWE, Voka et BECI) ont appelé d'une seule voix à la prolongation de deux réacteurs nucléaires en Belgique. Elles jugent une sortie totale du nucléaire en 2025 risquée en termes de sécurité d'approvisionnement et de prix de l'énergie, dans le contexte des tensions géopolitiques internationales et des difficultés administratives en Belgique entourant la construction de nouvelles centrales au gaz.

Selon Conner Rousseau, "nous avons toujours dit qu'un tarif abordable était la priorité, c'était déjà notre position à la fin de l'année dernière."

Fin 2021, le gouvernement fédéral avait convenu de maintenir le plan A de sortie du nucléaire en 2025, appuyé par le CRM (Mécanisme de Rémunération de Capacité). Mais il s'était gardé une porte ouverte pour un plan B s'il devait s'avérer, le 18 mars prochain, qu'un rapport d'Elia juge que le CRM n'offre pas de sécurité d'approvisionnement. Dans ce contexte, la prolongation de deux réacteurs actuels (Doel 4 et Tihange 3) pourrait être envisagée.
 

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