De Croo : "Il faut prendre des mesures qui font mal à la Russie"
Le Premier ministre Alexander De Croo (photo) a suivi la ligne européenne ce mardi matin en estimant - au micro de Radio 1 (VRT) - que l'Union européenne doit rapidement prendre des mesures "qui font mal à la Russie". Une réunion des ambassadeurs des 27 auprès de l'UE (Coreper) était prévue ce mardi à partir de 9h30. Plus tard dans la journée, une réunion informelle des ministres des Affaires étrangères aura lieu à Paris. Elle a été convoquée en urgence, dans le prolongement du Forum ministériel pour la coopération dans l'Indopacifique qui était déjà prévu en matinée sous la présidence française du Conseil de l'UE, comme l'a indiqué mardi matin le Haut représentant Josep Borrell.
Le Premier ministre belge réagissait au micro de Radio 1 à la reconnaissance par Moscou de l’indépendance des "républiques" séparatistes de Donetsk et Lougansk, quelques heures plus tôt, et à l’envoi de "troupes de maintien de la paix" russes dans cette région. De premières sanctions européennes vont donc se discuter au fil de la journée. Ce qui se passe en Ukraine "est une violation très grave de l'intégrité territoriale" du pays, a souligné Alexander De Croo, qui parle de "démonstration mise en scène" par Moscou.
"La Russie fait ce qu'elle a toujours voulu, occuper un bout de territoire de l'Ukraine". "Nous réagirons de manière appropriée", indique-t-il sans entrer dans les détails. Interrogé par VRT NWS sur la réponse belge aux demandes de l'Ukraine d'aide militaire en équipements de la part de ses alliés, le Premier ministre a indiqué que "toute demande est analysée par la Défense, en concertation avec les autres pays. Notre priorité est cependant de travailler le plus possible dans le cadre de l'Otan".
Seul l'éventuel envoi sur place de casques serait encore envisagé par la Belgique.
1,2 milliard d'euros de prêt à l'Ukraine
Lundi, les ministres des Affaires étrangères des États membres de l'Union européenne avaient donné à Bruxelles leur feu vert définitif à un nouveau prêt de 1,2 milliard d'euros à l'Ukraine, en soutien à Kiev face à la forte pression militaire de la Russie à ses frontières. La décision, qui a déjà été validée par l'autre colégislateur, le Parlement européen, a ainsi été définitivement approuvée 21 jours à peine après la proposition formulée par la Commission.
"Les menaces persistantes pesant sur la sécurité du pays ont déjà provoqué une sortie considérable de capitaux. L'Ukraine perd l'accès aux marchés internationaux des capitaux en raison de l'incertitude géopolitique accrue et de l'impact de cette incertitude sur la situation économique", justifie le Conseil (États membres) dans un communiqué. Une première tranche devrait intervenir rapidement, tandis que la deuxième tranche serait liée à une mise en œuvre satisfaisante d'un programme du FMI et à des mesures arrêtées dans le cadre d'un protocole d'accord portant sur le renforcement de la résilience et de la stabilité économiques, la gouvernance et l'État de droit, et l'énergie.
Les ministres européens des Affaires étrangères ont reçu ce matin à Bruxelles leur homologue ukrainien Dmytro Kuleba. Ce dernier leur a demandé d'imposer d'ores et déjà certaines sanctions contre la Russie. "Il y a de bonnes raisons, des raisons légitimes, d'imposer des sanctions dès maintenant, aussi pour montrer que l'UE ne fait pas que parler de sanctions", a affirmé Kuleba à son arrivée à la réunion. Les ministres letton et lituanien ont soutenu cette demande. Mais les signaux envoyés par le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, n'allaient pas dans ce sens, alors qu'émergeait la perspective d'un sommet entre les présidents américain Joe Biden et russe Vladimir Poutine, que Moscou juge cependant prématuré.
"Les sanctions sont prêtes. Elles seront présentées au moment opportun et j'espère que ce moment n'arrivera pas", a déclaré l'Espagnol. "Nous sommes prêts à imposer les sanctions les plus dévastatrices économiquement, politiquement, que la Russie ait jamais connues", a assuré le ministre danois Jeppe Kofod. "Les Russes savent que c'est massif. Ils savent que les secteurs économique et financier sont concernés, que les exportations seront touchées et que des individus sont visés. Mais ils ne savent pas exactement ce qui se prépare et nous avons fait très attention à ne pas le révéler", a souligné la ministre suédoise Anne Linde.
"Les sanctions financières signifieraient que la Russie serait pratiquement coupée des marchés financiers internationaux", avait expliqué dimanche la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à la chaine de télévision allemande ARD. Le Premier ministre belge, Alexander De Croo, avait glissé vendredi que ces sanctions devaient aussi être coordonnées avec la Suisse, en plus des États-Unis et du Canada, pour éviter tout effet d'échappement.