Une commission d’enquête sur les abus dans les crèches et garderies de Flandre
Le Parlement flamand devrait voter mercredi prochain en séance plénière la création d’une commission d'enquête chargée d'examiner les abus constatés en matière de garde d'enfants au cours des dernières semaines. Le vote devrait être une formalité car tant la majorité que l’opposition indiquent vouloir donner leur feu vert à pareille initiative. Les démocrates-chrétiens du CD&V soulignent que le but de cette commission sera de donner des réponses aux questions qui subsistent dans ce secteur de l’accueil à la petite enfance et pas de dénoncer des coupables.
La motion déposée depuis les bancs de l'opposition par le parti socialiste Vooruit pour la création d'une telle commission a reçu mercredi un large soutien au Parlement flamand, y compris dans les rangs de la majorité. Le ministre flamand du Bien-être Wouter Beke (CD&V) a déclaré qu'il apporterait "sa pleine coopération" à la commission. Toutefois, la création officielle de celle-ci ne pourra être votée qu'après 48 heures au plus tôt. Le vote aura probablement lieu mercredi prochain.
Le ministre flamand du Bien-être Wouter Beke (CD&V) a dû faire face à plusieurs reprises, au cours des dernières semaines, à de nombreuses critiques, au Parlement flamand, de la politique d'accueil de la petite enfance, à la suite du décès d'un bébé de six mois le 18 février dernier dans une crèche de Mariakerke (photo), en région gantoise. L'autopsie a révélé que l'enfant, victime d'un traumatisme crânien, est décédé du syndrome du bébé secoué. Le père de la directrice a été arrêté pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort, la directrice elle-même a été inculpée.
L'affaire a fait grand bruit étant donné que la crèche faisait l'objet de plaintes et de rapports depuis un certain temps. Elle avait été contrôlée plusieurs fois par l’agence flamande de la petite enfance Kind & Gezin, sans que ses activités ne soient suspendues pour autant. De nombreuses questions ont aussi été posées à propos d'une information plus récente faisant état de l'autorisation d'exploiter maintenue au bénéfice d'une femme responsable d'une crèche à Schoten, et condamnée pour mauvais traitements infligés à des enfants. On apprend d’ailleurs ce jeudi que la crèche controversée De Vlindertjes van Elshout a rouvert ses portes, malgré une suspension par Kind en Gezin.
Soumis mardi à un feu de questions en commission, le ministre Wouter Beke a peiné à rassurer les députés, y compris dans la majorité. Le groupe Vooruit (opposition) a déposé une motion mercredi demandant la création d'une commission d'enquête. "Les parents doivent pouvoir compter sur des services de garde d'enfants de qualité et sûrs", déclarait le député Vooruit Hannes Anaf. "Comme le ministre n'a pas pu répondre aux questions pertinentes à ce sujet, nous demandons la création d'une commission d'enquête qui puisse nous donner les réponses nécessaires et rétablir la confiance des parents dans les services de garde d'enfants".
Tous les groupes politiques ont soutenu la demande d'une commission d'enquête, y compris dans la majorité N-VA/Open VLD/CD&V. "Tous les parents doivent pouvoir être sûrs que leurs enfants sont pris en charge en toute sécurité. Toute violation de l'intégrité physique est inacceptable. En raison de l'importance de la garde d'enfants, nous devons obtenir des réponses aux nombreuses questions qui se posent. Il doit y avoir de la clarté. C'est pourquoi nous soutenons la création d'une commission d'enquête", a déclaré la parlementaire CD&V Katrien Schryvers. Le ministre Beke a précisé qu'il apportera "sa pleine coopération" à la commission d'enquête.
"Les parents ont droit à des services de garde de qualité et l'intégrité des enfants ne peut et ne doit jamais être compromise", a déclaré le ministre flamand de la Santé et du Bien-être. "À la suite des événements survenus à Mariakerke, une enquête judiciaire est en cours. J'ai également demandé un audit. C'est l'outil dont je dispose en tant que ministre. Si le Parlement décide de mettre en place une commission d'enquête, je ne peux que l'appuyer et j'y coopérerai pleinement", a ajouté le ministre CD&V.
Jusqu’à présent il a été très rare qu’une commission d’enquête soit créée au sein du Parlement flamand.