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Approche européenne commune pour tenter de faire baisser les prix de l’énergie

Les chefs d'État et de gouvernement de l'UE se sont accordés vendredi en fin de journée sur une approche commune pour tenter de faire baisser les prix de l'énergie. Achats de gaz et mécanisme de stockages conjoints étaient attendus, et ont été confirmés. Le débat a surtout été intense sur la possibilité de plafonner les prix du gaz sur les marchés de gros.

Les Vingt-Sept se sont mis d'accord pour mandater la Commission à effectuer des achats conjoints de gaz - que les États membres pourront accepter ou non - afin de profiter du poids de l'UE pour négocier des prix à la baisse. Ils se sont aussi accordés sur des capacités de stockage communes pour aider les États membres qui n'en ont pas suffisamment, et ainsi tenter de stabiliser des marchés de l'énergie hyper-nerveux.

La Belgique participera, a affirmé le chef du gouvernement fédéral. "Nous n'avons pas de problème de fourniture de gaz, mais les prix sont élevés, c'est donc une bonne idée. La Commission va prendre contact avec Fluxys", a expliqué Alexander De Croo à l'issue du sommet.

L'idée très sensible d'une intervention publique sur les marchés libéralisés de l'énergie, pour plafonner les prix du gaz, a fait l'objet d'intenses discussions. Parmi les pays qui en sont partisans, la Belgique voulait l'envisager comme une mesure de dernier recours et temporaire, en cas de déconnexion forte entre les marchés et la réalité. L'Italie du Premier ministre Mario Draghi, ancien président de la BCE, poussait aussi en ce sens, face à des pays comme l'Allemagne et les Pays-Bas, qui jugent cette intervention sur les marchés trop brutale et craignent des effets néfastes, comme un détournement des énergéticiens vers d'autres acheteurs dont le marché n'est pas plafonné.

Au final, le Conseil charge la Commission d'étudier d'urgence un tel plafonnement des prix avec l'industrie, de même que d'autres mesures à court terme comme le chèque-énergie, des rabais fiscaux, des réductions de TVA, etc.
 

Alexander De Croo : "C'est un pied dans la porte"

Pour Alexander De Croo, "c'est un pied dans la porte". "Le fait que la mise en œuvre technique sera réalisée avec l'industrie a rassuré certains pays." Quant à savoir si cette mise à l'étude n'est pas une promesse de retards, "j'ai senti la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, très enthousiaste. Ses services vont commencer sans tarder", a pointé Alexander De Croo.

Le Premier ministre souligne l'intérêt de disposer d'un tel outil en combinaison avec les achats conjoints: armée de cette menace de pouvoir plafonner les prix, la Commission aurait la capacité de mieux négocier.

La ministre fédérale de l'Énergie, Tinne Van der Straeten (Groen), a elle aussi réagi avec enthousiasme. "Grâce aux achats conjoints, nous plafonnons les prix du gaz européen et nous enlevons une arme à Vladimir Poutine. Nous protégeons de la sorte les ménages et les entreprises contre la flambée des prix." Le président du PS Paul Magnette lui aussi a rappelé vendredi ses faveurs pour le plafonnement des prix.

À l'inverse, le chancelier allemand Olaf Scholz a fait part, à l'issue du sommet, de son "fort scepticisme" concernant cette mesure. "Certains pays ont des idées très fortes d'intervention sur les marchés et de plafonnement des prix", a constaté le socialiste allemand avec amertume. À ses yeux, il est bon que la Commission étudie le dossier avec le secteur de l'énergie. Il dit ne pas s'attendre à ce que le débat soit tranché de sitôt. Le ministre-président néerlandais Mark Rutte l'a suivi, considérant qu'un plafonnement des prix du gaz retarderait les investissements dans l'énergie renouvelable et mettrait en danger la sécurité d'approvisionnement.

Dans le courant du mois de mai, la Commission viendra aussi avec des propositions de découplage des marchés du gaz et de l'électricité. Cette demande, la France la porte de longue date. Très nucléaire, l'Hexagone est agacé de voir le prix de l'électricité suivre autant celui du gaz.

Pour l'Espagne et le Portugal, c'est encore une autre mesure qui a été trouvée. Les deux pays de la péninsule ibérique sont très peu connectés au marché européen de l'énergie. Des mesures nationales pourraient donc être envisagées spécifiquement pour eux. Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez s'en est réjoui, parlant d'un régime d'exception "qui permettra à nos gouvernements de faire baisser les prix de l'énergie."

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