Liaison Oosterweel : les travaux partiellement suspendus par le Conseil d'État
Le Conseil d'Etat a signifié un nouveau coup d'arrêt à cet énorme chantier anversois, en rendant le même jour un arrêt qui suspend les rapports techniques sur lesquels les travaux de terrassement se basent. Les partis Groen et Vooruit, dans l'opposition en Flandre, ont exprimé leur volonté que le gouvernement flamand reprenne depuis la base le dossier du chantier Oosterweel qui doit permettre le compléter le périphérique autour de la métropole anversoise.
Le Conseil d'État a ordonné ce mardi la suspension de l'exécution des déclarations de conformité du rapport technique relatif aux travaux d'infrastructure Linkeroever (rive gauche de l’Escaut à Anvers), du rapport technique relatif à la liaison de l'Oosterweel, au Scheldetunnel (tunnel de l'Escaut) et à la jonction Linkeroever, ainsi que de deux autorisations de terrassement dans le dossier Linkeroever pour l'évacuation de terres excavées sur le chantier.
Greenpeace et le Bond Beter Leefmilieu (BBL) avaient entamé une procédure, avec le soutien du collectif Grondrecht et d'un activiste, en raison d'une contamination des sols aux substances chimiques PFOS. Ils craignent un risque grave pour la santé et l'environnement. "Les parties requérantes font notamment valoir que l'utilisation comme sol de terres excavées affichant pour la somme de PFAS une concentration comprise entre 3 et 47 µg/kg ms entraînera un enrichissement supplémentaire des eaux souterraines déjà polluées", souligne le Conseil d'Etat. L'argument de défense des parties selon lequel "cette utilisation du sol dans des eaux souterraines déjà polluées ne peut pas provoquer une pollution 'supplémentaire' par lixiviation ne saurait convaincre le Conseil d'État en l'état actuel de la procédure."
Fin de l'année dernière, le Conseil d'État avait déjà décidé de suspendre les rapports techniques sur lesquels Lantis, gestionnaire du chantier, se basait pour les travaux d'infrastructure Linkeroever (rive gauche d'Anvers). qui visent notamment à déplacer des sols contaminés aux PFOS. Une partie de ceux-ci doivent être normalement acheminés vers la société chimique 3M à Zwijndrecht pour y être intégrés dans une sorte de "berme de sécurité".
"Le Conseil d'État pointe notamment l'absence d'un plan d'assainissement et le fait que la berme de sécurité chez 3M n'est pas autorisée comme décharge", précise Joeri Thijs, de Greenpeace. Selon Greenpeace, un petit ajustement ne sera pas suffisant cette fois-ci. "Espérons que cela pousse finalement le gouvernement flamand, Lantis et l'Ovam" - la société publique des déchets de la Région flamande - "à réfléchir aux moyens de traiter cette pollution", déclare Joeri Thijs. "Et à ne pas laisser l'assainissement et la responsabilité du pollueur interférer avec les travaux de la liaison Oosterweel."
Lantis "regrette" la décision du conseil d'Etat relative aux travaux de terrassement. "C'est difficile à encaisser", réagit Luc Hellemans, directeur général de l'entreprise. Il affirme que Lantis, en collaboration avec les entrepreneurs, les avocats, les experts, les partenaires, a tout fait pour se conformer au premier arrêt du Conseil d'Etat fin de l'année dernière. Mais les modifications apportées ne semblent pas suffisantes pour convaincre l'instance.
L'arrêt des travaux de terrassement ne signifie toutefois pas l'arrêt immédiat de toutes les activités sur les sites en question. "Nous avons évidemment pris nos précautions ces dernières semaines", indique Luc Hellemans. "Nous pourrons continuer à travailler en attendant une solution à cette situation."
L'opposition flamande demande de revoir tout le dossier
Les partis Groen et Vooruit, dans l'opposition en Flandre, ont exprimé leur volonté que le gouvernement flamand reprenne depuis la base le dossier du chantier Oosterweel. Pour la députée flamande Mieke Schauvliege (Groen, photo), l'arrêt rendu ce mardi n'est pas une surprise. Elle rappelle que la commission d'enquête parlementaire qui a examiné ces derniers mois la pollution due à l'usine 3M, à Zwijndrecht, avait déjà révélé "une cascade de mauvaises décisions" dans la gestion du dossier PFAS/PFOS (acide perfluorooctanesulfonique).
Elle estime que le gouvernement flamand a souhaité poursuivre les travaux de l'Oosterweel en ne modifiant les plans qu'au minimum, pour "garder les coûts sous contrôle, au détriment de la santé et de l'environnement". Il faut complétement repenser le chantier et le projet, estime l'élue écologiste.
Le socialiste Hannes Anaf est sur la même longueur d'onde à ce sujet. "Il est clair que le gouvernement doit reprendre place autour de la table à dessin avec Lantis (anciennement Beheersmaatschappij Antwerpen Mobiel), pour trouver une solution qui soit sûre sur le plan juridique et veille à l'assainissement des sols et la protection de la santé des citoyens".