Des œuvres de Fabre à Anvers, Gand et Nieuport ne disparaîtront pas de l'espace public
Le chorégraphe et metteur en scène Jan Fabre a été condamné ce vendredi par le tribunal correctionnel d'Anvers à 18 mois de prison avec sursis pour des faits de violence, harcèlement, comportement sexuel inapproprié sur le lieu de travail et attentat à la pudeur sur une personne. Le Musée municipal d'art contemporain (SMAK) de Gand a néanmoins décidé de ne pas retirer "L'homme qui mesure les nuages", une œuvre d'art de Fabre placée sur son toit. Même décision du côté de la cathédrale Notre-Dame d'Anvers qui conservera "L'homme portant la croix" de l’artiste anversois. Quant à la cité balnéaire de Nieuport, elle ne retirera pas de sa promenade en bord de mer la tortue géante dorée "Searching for Utopia" de Fabre. L’œuvre est indépendante de l’artiste en tant que personne, estime ces instances.
"Retirer des sculptures revient à museler le débat", a déclaré le directeur du SMAK, Philippe Van Cauteren. Il souhaite que soit organisé en septembre ou octobre un débat "approfondi" sur des questions telles que l'abus de pouvoir et les comportements indésirables. Si un tel débat a effectivement lieu, la statue sera alors temporairement retirée de son piédestal.
Selon Van Cauteren, l'intention n'est pas de débattre uniquement sur le cas de Jan Fabre, ou sur les problèmes du secteur artistique, le secteur du sport doit également être abordé. Le directeur du SMAK veut également impliquer d'autres institutions dans l'exercice, comme le musée Gezelle de Bruges qui abrite également une sculpture de Fabre.

De son côté, la cathédrale d'Anvers a également choisi de conserver l'œuvre qu'elle héberge (vidéo) après avoir ouvert un dialogue avec divers groupes de visiteurs. "Les conversations ont révélé qu'il n'y avait pas d'unanimité sur la meilleure façon d'agir. Il a donc été décidé de poursuivre le dialogue. Si la cathédrale avait décidé de retirer la sculpture à titre préventif, on pourrait penser qu'elle tente d'éviter ce débat", indiquait un communiqué de presse.

"Searching for Utopia" (photos), installée sur la plage à Nieuport, restera en place malgré la condamnation de l'artiste, a également confirmé ce vendredi le bourgmestre Geert Vanden Broucke (CD&V). Selon ce dernier, la sculpture, une grande tortue dorée, est indépendante de l'artiste en tant que personne.
"Nous prenons nos distances par rapport à Jan Fabre, mais la statue reste. Je considère l'artiste et l'œuvre comme deux entités différentes", a expliqué le bourgmestre. "Il y a un grand nombre d'artistes qui ont franchi une ligne. Si nous devions supprimer toutes leurs œuvres, nous en aurions encore pour longtemps."
La tortue restera aussi sur la citadelle de Namur
L'œuvre de Jan Fabre "Searching for Utopia", qui prend la forme d'une tortue dorée chevauchée par un humain, est également installée sur la citadelle de Namur et y restera, malgré la condamnation de son créateur. C'est ce qu'indiquait ce vendredi le bourgmestre de Namur, Maxime Prévot (Les Engagés).
"Il m'apparaît essentiel que nous puissions distinguer l'artiste de son œuvre. Fabre vient effectivement d'être reconnu coupable d'un certain nombre de faits, à lui d'en assumer les conséquences bien sûr ! Mais, à mon sens, ce n'est pas pour autant que son œuvre doit être retirée de l'espace public", réagit Maxime Prévot. "A titre comparatif, est-ce que les nombreux récents scandales autour de célèbres réalisateurs du cinéma ont amené au retrait catégorique de l'ensemble de leurs œuvres cinématographiques dans la filmographie mondiale ?"
Le bourgmestre précise que " Jan Fabre doit évidemment assumer ses actes en tant qu'homme" mais précise que son œuvre trônant sur la citadelle "est et restera une de ses œuvres réalisées en tant qu'artiste, qui compte parmi les éléments artistiques urbains les plus photographiés par les touristes et les Namurois".
Enfin, Maxime Prévot insiste sur l'importance de combattre "plus pertinemment" le fond du problème, à savoir le harcèlement, le sexisme, les violences de toutes natures à l'égard des femmes.