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L’artiste Jan Fabre condamné à 18 mois avec sursis

Le chorégraphe et metteur en scène anversois Jan Fabre (photo archives) a été condamné, ce vendredi, par le tribunal correctionnel d'Anvers à 18 mois de prison avec sursis pour des faits de violence, harcèlement, comportement sexuel inapproprié sur le lieu de travail et attentat à la pudeur sur une personne. Fabre, qui dément avoir commis des infractions pénales, n’était pas présent au procès.

Les faits présumés se sont déroulés au sein de la compagnie Troubleyn, où régnait depuis des années, selon le ministère public, un environnement de travail toxique. Plusieurs anciens collaborateurs ont ainsi dénoncé Jan Fabre et se sont portés partie civile dans l'affaire.

La défense s'est appuyée, quant à elle, sur les déclarations de travailleurs de Troubleyn favorables à l'artiste. Jan Fabre a toujours contesté les accusations. Ses avocats demandaient donc qu’il soit acquitté.

Une partie des faits pour lesquels il était poursuivi ont été déclarés prescrits. Plusieurs parties civiles, dont l'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes, seront indemnisés. Le tribunal a estimé que six des 12 préventions à charge de Jan Fabre étaient avérées et il a été acquitté pour une septième.

L'artiste reçoit une peine avec sursis. Il ne doit donc pas réellement séjourner en prison pendant 18 mois, à moins qu’il ne soit à nouveau condamné au cours des cinq prochaines années. Fabre se voit également déchu de ses droits durant cinq ans, ce qui signifie notamment qu’il ne peut plus voter pendant ce laps de temps.

Comment réagissent les victimes ?

"Le but des plaignantes a toujours été de prévenir une récidive et d’éviter que Jan Fabre puisse réitérer ses comportements inappropriés envers de si jeunes femmes dans un rapport de pouvoir aussi inégal", réagissait An-Sofie Raes (photo, au centre), l’avocate des parties civiles. "Mes clientes sont particulièrement contentes que cette reconnaissance leur ait été accordée. Je pense que l’on peut parler d’un moment décisif, pas seulement pour les femmes courageuses dans ce dossier, mais aussi pour toutes les victimes de pareils comportements abusifs".

L’affaire avait éclaté il y a près de quatre ans, lorsque Jan Fabre avait déclaré dans une interview avec VRT NWS qu’en 40 ans il n’avait jamais vécu de problèmes de comportements transgressifs au sein de sa compagnie Troubleyn. Une déclaration que n’avaient pu laisser passer sans réagir plusieurs danseuses qui ont travaillé pour le chorégraphe anversois. Une vingtaine d’anciens collaborateurs, danseurs et stagiaires avait finalement rédigé une lettre ouverte à la suite de l’interview, dénonçant des problèmes de comportements inappropriés au sein de la compagnie Troubleyn.

Les auteurs de cette lettre parlaient notamment d’humiliations, de comportement transgressif et d’abus de pouvoir. Onze femmes s’étaient constituées parties civiles. Une douzième avait été reprise par le parquet en tant que partie lésée.

Jan Fabre n’était pas présent pendant la lecture du verdict, ce vendredi. Au deuxième jour du procès, l’artiste a fait lire une lettre par son avocat, dans laquelle il déclarait n’avoir jamais voulu blesser ses acteurs et danseurs. Il proposait ses excuses "à ceux qui se sentent blessés et qui se sont sentis mal à cause de moi. Je vous souhaite l’anarchie de l’amour et de la beauté", concluait sa lettre.

La compagnie de danse Troubleyn se concerte sur les mesures à prendre à la suite du verdict rendu par le tribunal correctionnel d’Anvers.

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