De Croo est-il encore l’homme politique le plus populaire ? Ivan De Vadder analyse les intentions de vote des Flamands

Une étude réalisée à la demande de VRT NWS et du quotidien De Standaard, et effectuée en ligne auprès de 2.064 Flamands par les universités de Bruxelles (VUB) et d’Anvers, révèle que si des élections devaient avoir lieu demain le parti démocrate-chrétien flamand CD&V deviendrait le plus petit en Flandre. Les libéraux flamands d’Open VLD doivent également se faire du souci, tandis que le parti d’extrême-droite Vlaams Belang resterait le plus grand dans le nord du pays. L’homme politique qui récolterait le plus de votes de préférence est Bart De Wever, président de la N-VA, et non plus le Premier ministre De Croo. Le journaliste politique Ivan De Vadder tire les premières conclusions de l’étude baptisée "De Stemming".

D’après les résultats de l’étude menée pour VRT NWS, le parti d’extrême-droite Vlaams Belang serait le plus grand de Flandre avec près de 23% des intentions de vote, ce qui représente un gain de 4,5 points de pourcentage par rapport aux élections de 2019. Le parti nationaliste N-VA arriverait en deuxième position avec 22,4% de voies, soit une perte par rapport à ces mêmes élections. En raison de la marge d’erreur dans cette enquête, il faut considérer que les deux partis seraient à peu près à égalité.

Le parti Vooruit serait le grand gagnant avec 5,4% de votes supplémentaires par rapport aux dernières élections. Les socialistes seraient ainsi troisièmes avec une belle longueur d’avance. Viendraient ensuite Open VLD qui obtiendrait un peu plus de 10% des votes, puis les écologistes de Groen avec un peu moins de 10%, suivis par le parti du travail de Belgique PVDA avec 9,1% - soit une belle avancée. Le CD&V deviendrait alors le plus petit parti de Flandre avec 8,7% des votes, ce qui représente une perte de 6,7% de voix pour les démocrates-chrétiens flamands par rapport à 2019.

Le CD&V parvient le moins bien à garder ses électeurs

On constate aussi que les démocrates-chrétiens parviennent moins que les autres partis à conserver leurs électeurs. De façon générale la fidélité au parti pour lequel ils ont voté en 2019 est de 77%, alors que la fidélité des électeurs du CD&V a chuté à 63% et que ce parti n’attire plus que 12% de nouveaux électeurs.

Pour comparaison : Vooruit conserve 82% de ses électeurs par rapport à 2019 et en attire 43% de nouveaux. Le Vlaams Belang garde 92% de ses électeurs et en attire encore 23% de nouveaux.

Les électeurs qui se distancient d’un parti en disent aussi long sur l’identité de ceux qui lui restent fidèles. Ainsi Open VLD a surtout perdu des électeurs de droite depuis 2019. Ceux qui restent votent davantage à gauche. Il est frappant qu’un certain nombre d’électeurs des libéraux pourraient aussi voter pour Groen et Vooruit. L’actuel électeur d’Open VLD est devenu un électeur de gauche.

Cette constatation pourrait bien redessiner complètement le paysage politique des partis : le succès de Vooruit et du PVDA à gauche et le glissement des électeurs d’Open VLD vers la gauche dessinent ainsi un pays à deux courants, avec un bloc de gauche qui va jusqu’aux libéraux et un bloc à droite comprenant la N-VA et Vlaams Belang. Le CD&V risque ainsi d’être coincé entre ces deux blocs.

Qui est le plus populaire ?

"Par quelle personnalité politique vous sentez-vous le mieux représenté ?". A cette question, un tiers des Flamands répondent "par aucune". C’est autant que lors du sondage des intentions de vote de l’an passé. Pour les électeurs qui se sentent par contre bien représentés par quelqu’un, c’est le président de la N-VA et bourgmestre anversois Bart De Wever qui remporte le plus de votes de préférence. Devant le Premier ministre Alexander De Croo et le président de Vooruit, Conner Rousseau. Le président du Vlaams Belang Tom Van Grieken et celui du PVDA-PTB Raoul Hedebouw complètent le top 5 de popularité.

Parmi les personnalités politiques montantes, il y a la ministre de l’Environnement Zuhal Demir (N-VA), mais aussi surtout la ministre fédérale de la Fonction publique Petra De Sutter (Groen). La ministre fédérale de l’Intérieur Annelies Verlinden est la plus populaire des représentants du CD&V, à la 12e place, soit juste devant le ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA) qui descend de 7 places.

Il reste néanmoins surprenant qu’un tiers des Flamands affirment ne se sentir bien représentés par personne. Cela provient sans doute aussi de l’impression qu’ils ont que ce sont les politiques eux-mêmes qui mettent la démocratie en péril. "Les politiques qui n’écoutent pas la voix du peuple" forment la plus grande menace, si l’on en croit les réponses au sondage des universités VUB et UA, mais aussi "une politique où les intérêts des riches et des puissants pèsent plus lourds" et le fait qu’il y ait "trop de partis". Environ un tiers des Flamands est inquiet pour la démocratie.

"De Stemming" est une étude réalisée à la demande de VRT NWS et du quotidien De Standaard, et effectuée en ligne auprès de 2.064 Flamands par les universités de Bruxelles (VUB) et d’Anvers (UA), sous la direction de Stefaan Walgrave (UA) en Jonas Lefevere (VUB). Le sondage a eu lieu entre le 14 et le 31 mars, alors que l’invasion russe en Ukraine en était à sa première phase. VRT NWS présente les résultats de cette étude en quatre volets : l’impact de la guerre en Ukraine (5/5), les intentions de vote des Flamands (6/5), les changements climatiques (lundi 9/5) et la politique d’immigration (10/5).

Ecoutez ici l’analyse du journaliste Ivan De Vadder (en néerlandais)

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