La période des taux hypothécaires toujours plus bas est-elle révolue ?

Les taux d’intérêts sur les prêts immobiliers ont fortement augmenté depuis le début de l'année, comme le montrent les chiffres du bureau de conseil Immotheker Finotheker. Celui qui veut contracter un prêt sur 20 ans payera déjà deux fois plus qu’en janvier. La période des emprunts bon marché semblent donc être derrière nous.

Le montant des intérêts que vous payez sur un prêt immobilier dépend évidemment de votre situation personnelle et d'une banque à l'autre. Mais si l'on considère la moyenne, comme le fait Immotheker Finotheker dans son baromètre des taux d'intérêt, on constate que les taux hypothécaires ont augmenté fortement en peu de temps.

Au début de cette année, le taux d'intérêt moyen pour un prêt hypothécaire à taux fixe sur 20 ans se situait encore autour de 1,5 %. Les taux hypothécaires étaient restés à un niveau très bas depuis le début de la crise sanitaire. Aujourd'hui, les taux d'intérêt tournent autour de 2,3 à 2,4 %, en fonction du pourcentage du montant total de l'achat que vous souhaitez emprunter (la "quotité" dans le jargon bancaire). Ainsi, en quelques mois, les prêts sont devenus plus de deux fois plus chers.

Les chiffres fluctuent d'un jour à l'autre, mais la tendance est clairement à la hausse. Début mai, le taux d'intérêt moyen pour un prêt de plus de 80 % du montant de l'achat est même brièvement passé au-dessus de 3 %, et ce pour la première fois depuis décembre 2014.

Taux d'intérêt à long terme

Ces taux hypothécaires plus élevés ont une explication plutôt technique sur le plan financier. En effet, le taux d'intérêt des prêts immobiliers est lié à l'évolution des taux d'intérêt à long terme. Pendant des années, les taux d'intérêt à long terme ont atteint des niveaux historiquement bas et étaient même parfois négatifs. Le taux d'intérêt à long terme est lié au prix des obligations d'État : plus le prix des obligations est élevé, plus le taux d'intérêt à long terme est faible. Ce dernier a été maintenu artificiellement bas ces dernières années parce que les banques centrales ont acheté massivement des obligations d'État pour donner plus d'oxygène à l'économie.

La politique d'achat d'obligations des banques centrales a depuis été quelque peu réduite. En outre, maintenant que l'inflation a fortement augmenté, la banque centrale américaine, la Réserve fédérale, a annoncé à deux reprises qu'elle allait relever les taux d'intérêt à court terme. Cela pourrait ralentir l'économie et freiner à nouveau l'inflation.

Les marchés financiers s'attendent à ce que la Banque centrale européenne fasse de même dans un avenir proche. Les investisseurs vendent donc en abondance les obligations d'État, ce qui entraîne une nouvelle hausse des taux d'intérêt à long terme. Les experts soupçonnent qu'ils vont encore augmenter dans les mois à venir. La Banque centrale européenne pourrait commencer à relever ses taux d'intérêt dès le mois de juillet, a averti mercredi sa présidente Christine Lagarde, alors que la zone euro est confrontée à une flambée de l'inflation.
 

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