Polémique et indignation après l’attribution d’un prix culturel flamand à un documentaire coronasceptique

Les journalistes Alain Grootaers et Jakobien Huisman et le réalisateur Mark Sanders présentent leur projet comme un documentaire mettant en avant six "scientifiques dans l'œil du cyclone" qui "se sont démenés pour faire passer un message qui n'était pas populaire". Ils qualifient dans la foulée leur documentaire de "journalisme critique et indépendant".

Les personnes interviewées sont l'ancien professeur de sciences de la santé Sam Brokken, le professeur de psychologie Mattias Desmet, l’éditorialiste néerlandais Maurice de Hond, le vaccinologue néerlandais Theo Schetters, le professeur de droit de la vie privée Paul De Hert et l'économiste de la santé Lieven Annemans. 

Le documentaire Tegenwind (que l’on pourrait traduire par ‘A contre vent’) offre à toutes ces personnes la possibilité d’exprimer ouvertement et sans langue de bois leurs critiques envers la politique menée en Belgique pour lutter contre la pandémie. Mais la série est aujourd’hui visée par des accusations de désinformation, alors que certains propos avancés se sont avérés scientifiquement incorrectes.

Comment cette série documentaire est-elle parvenue à remporter le Prix du public Ultimas ? Les Prix culturels flamands existent depuis 20 ans et ont été rebaptisés les Ultimas en 2017. Les lauréats dans les catégories telles que les arts du spectacle, la littérature, la musique ou les arts visuels sont désignés par un jury professionnel. Mais cette année, pour la toute première fois, un prix du public Ultimas a également été décerné.

Ce nouveau prix est destiné aux "personnes et organisations qui ne peuvent pas facilement être placées dans une catégorie Ultimas", telles que les expositions, les événements, les jeux de lumière, les festivals, les expositions, les spectacles musicaux, etc... Le public était libre de désigner ses artistes ou ses événements culturels préférés via un formulaire de vote en ligne. 

Les conditions d'éligibilité au prix étaient plutôt concis. Une nomination est ainsi possible pour tous les "événements, organisations et personnes qui contribuent à l'élargissement de la culture" et qui ont touché un large public en 2021. Les seuls motifs d'exclusion sont les "contenus obscènes" et tout ce qui a "un lien avec une idéologie ou un parti politique particulier".

La liste finale, très diversifiée, contenait plus de 120 artistes, événements et festivals. Le chanteur Arno, récemment décédé, y figurait par exemple, tout comme le Cirque Ronaldo, le podcast De Volksjury, le collectif de théâtre SKaGeN, le Festival du film de Gand, et… la série documentaire Tegenwind.

Derrière la victoire de Tegenwind se cache une vaste campagne sur les réseaux sociaux, notamment au sein des groupes d'action contre les mesures sanitaires. Le documentaire y connaissait d'ailleurs déjà un franc succès. Lors des manifestations anti-covid, on avait ainsi pu voir certains participants brandir des pancartes vantant les mérites de la série.

Depuis, Tegenwind est devenu un véritable phénomène multimédia. Outre les interviews proprement dites, qui ont été publiées sur des sites en ligne, deux diffusions du dernier épisode de la série ont eu lieu dans la salle Reine Elizabeth d'Anvers. Les billets coûtaient 50 euros. Un livre sur Tegenwind sera également publié prochainement et vendu au prix de 35 euros.

Ces dernières semaines, les réalisateurs, les personnes interviewées et les fans de Tegenwind ont multiplié les appels sur les réseaux sociaux. Cette campagne aura finalement porté ses fruits et aujourd'hui, l'obtention du Prix du public est saluée dans les cercles coronasceptiques comme une victoire sur les médias grand public et la politique gouvernementale.