Nicolas Maeterlinck

Le projet d’ouverture d’une école islamique à Genk divise la majorité flamande

Les partis de la majorité flamande sont apparus divisés jeudi sur le sort à réserver à un projet d'école islamique qui souhaite ouvrir ses portes en septembre prochain à Genk (Limbourg). En commission du Parlement, le ministre Ben Weyts (N-VA) a estimé que pareille école "ne contribuait pas à l'intégration ou à une société harmonieuse" en Flandre. Problème: ses partenaires de majorité, le CD&V et l'Open VLD jugent eux que le projet, s'il respecte les règles, ne peut être refusé en vertu du principe de liberté d'enseignement garanti par la Constitution. 

Au coeur de la controverse: le projet d'école baptisé Plura-C, le nouveau nom du collège Selam de Genk. Cet établissement scolaire islamique s'était vu refuser par le passé une reconnaissance de la Communauté flamande pour ses liens avec le mouvement conservateur islamique Milli Görüs.

Pour pouvoir tout de même bénéficier d'un financement de la Communauté flamande, le pouvoir organisateur de l'école a apporté une série de changements à son projet scolaire. Des changements que les services de l'inspection de l'enseignement flamand ont toutefois jugés insuffisants.  Contestant cet avis, l'école a finalement porté l'affaire devant le Conseil d'Etat qui a confirmé que les modifications apportées au projet n'avaient pas été suffisamment prises en compte par l'administration.

Tout en critiquant l'arrêt du Conseil d'Etat, Ben Weyts a assuré jeudi qu'une nouvelle procédure d'évaluation avait néanmoins été lancée par les services d'inspection. C'est sur base de cet avis qu'il sera décidé si Plura-C peut ou non ouvrir ses portes en septembre prochain. 

Désaccord au sein de la coalition

Le ministre nationaliste n'a toutefois pas caché jeudi sa réticence envers les écoles d'inspiration islamique en Flandre.  "Je ne vois pas comment ce type d'école peut contribuer à l'intégration et à une société harmonieuse. Nous ne rendons pas service aux enfants et parents concernés", a-t-il lancé. Seul le Vlaams Belang a partagé la position de Ben Weyts.

L'Open VLD et le CD&V, les deux partenaires de majorité de la N-VA, ont rappelé le principe de liberté d'enseignement garanti par la Constitution belge. Disant lui aussi ne pas être partisan d'écoles islamiques, Jean-Jacques De Gucht (Open VLD) a néanmoins rappelé qu'il était, vu la Constitution, "impossible de les interdire si elles respectent les règles".

Le CD&V, par la voix de sa députée Hilal Yalçin, s'est montré plus ferme encore. "On ne peut pas être un peu en faveur de la liberté d'enseignement. Pour le CD&V, la liberté de culte est d'application pour toutes les philosophies, sans distinction, en ce compris l'islam", a-t-elle insisté, pressant le ministre Weyts d'examiner ce dossier "sans préjugés". L'opposition Groen a, elle aussi, dénoncé l'attitude du ministre Weyts.

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