Quatorze ONG introduisent un recours contre le craqueur d'éthane d’Ineos à Anvers
L'organisation environnementale ClientEarth et treize autres organisations non-gouvernementales ont introduit ce lundi un recours en annulation contre l'autorisation donnée par le gouvernement flamand au groupe chimique Ineos de construire dans le port d'Anvers un craqueur qui convertit l'éthane en éthylène, l'une des matières premières de la production de plastique. Le Project One représente un investissement de 3 milliards d’euros dans le port anversois.
ClientEarth, qui avait déjà tiré la sonnette d'alarme à l'annonce du projet, estime que l'exécutif flamand a approuvé le projet en violation de la législation belge et européenne. Avec treize autres ONG, elle dénonce le fait que le groupe chimique britannique Ineos n'a pas communiqué les effets "inévitables" sur la nature et la santé de son futur craqueur d'éthane. Le recours collectif en annulation a été introduit devant le Raad voor Vergunningsbetwistingen, une instance administrative qui règle les litiges en matière de permis et licences en Région flamande.
"Ce type de projets a des effets dévastateurs sur l'environnement et le climat, tant au niveau local que mondial. Les plastiques produits dans ces installations émettent du CO2 à chaque étape de leur cycle de vie", insiste Tatiana Luján, avocate de ClientEarth. Selon les ONG rassemblées contre le projet, ce "modèle commercial alternatif pour maintenir le secteur en vie et utiliser le gaz fossile pour la production de plastique" engendrera "des émissions d'azote encore largement sous-estimées".
ClientEarth est accompagné par les organisations non gouvernementales Bond Beter Leefmilieu (BBL), BOS+, Climaxi, Fairfin, Gallifrey Foundation, Greenpeace Belgium, Grandparents for the Climate, Climate Case, Nature Conservation Association De Steltkluut, Plastic Soup Foundation, Recycling Netwerk Benelux, WWF Belgique et Zero Waste Europe.
Ces organisations craignent notamment une micropollution, plus précisément que des granulés de plastique ne s’échappent dans l’environnement. Ces granulés servent à fabriquer le plastique. Mais d’après des estimations, 176.000 tonnes d’entre eux atterrissent chaque année dans la nature en Europe. Cela pourra avoir des conséquences néfastes pour les domaines naturels proches du port anversois qui doivent être protégés, d’après la législation européenne.
Les organisations environnementales soulignent que le problème pourrait s’étendre aussi aux Pays-Bas voisins. Le rapport d’un lanceur d’alerte, paru cette année, révélait en effet que l’Escaut occidental est actuellement déjà pollué de granules de plastique, qui proviennent en grande partie de producteurs installés dans le port anversois.