Les médecins ORL mettent en garde : de plus en plus de perforations nasales suite à la consommation de cocaïne
Les médecins spécialistes en ORL (Oto-Rhino-Laryngologie) constatent une augmentation sensible du nombre de patients atteints de troubles nasaux graves en raison de la consommation de cocaïne, en Belgique. La consommation chronique de cette drogue provoque la vasoconstriction. Autrement dit, la diminution du diamètre des vaisseaux sanguins. Ce qui peut entraîner une perforation de la cloison nasale et du palais. Dans des cas extrême cela peut même entraîner l’amputation du nez. Les ORL estiment que les conséquences de la consommation de cette drogue sur la santé sont sous-estimées dans la population.
"Il y a vingt ans, nous ne voyions pratiquement aucun cas dans notre hôpital, mais aujourd'hui nous recevons plusieurs patients chaque semaine." Selon le spécialiste ORL (nez, gorge, oreilles) Peter Hellings de l'UZ Leuven, le nombre de patients souffrant de problèmes nasaux dus à la consommation de cocaïne a énormément augmenté en Belgique.
Des chiffres précis ne sont pas disponibles, mais on fait le même constat à l'UZ Gent. "Ces dernières années, nous avons vu des patients présentant une perforation de la cloison nasale toutes les semaines", explique Thibaut Van Zele, spécialiste ORL. "Chez deux patients sur trois, nous soupçonnons que c'est une conséquence de la consommation de cocaïne".
Des études internationales montrent que 5 % des consommateurs de cocaïne souffrent tôt ou tard de perforation de la cloison nasale. "La cocaïne est une drogue qui provoque une contraction très forte des vaisseaux sanguins et la cloison nasale est très sensible à la réduction de ce flux et cela peut provoquer une nécrose", explique le professeur Van Zele. "Par conséquent, même après n'avoir consommé de la cocaïne qu'à quelques reprises, la cloison nasale peut commencer à nécroser, provoquant des perforations."
Le sevrage est le seul remède
Les symptômes nasaux peuvent aller de la congestion nasale et des saignements de nez à des inflammations très douloureuses. La seule chose qui aide est le sevrage. "Avec les médicaments, on ne peut pas faire grand-chose. Seul l'arrêt actif de la cocaïne va permettre de réduire la douleur."
"Si le patient arrête de consommer, quelques mois à un an plus tard, nous pouvons voir si nous pouvons refermer les perforations avec des tissus disponibles du nez ou alors une prothèse", explique le professeur Van Zele.
"Mais ce n'est pas toujours possible et cela dépend de la taille de la perforation."
Toutefois le sevrage est souvent difficile et le risque de rechute élevé. "Les symptômes deviennent de plus en plus graves, entraînant des dommages irréparables", explique le professeur Hellings.
"Finalement, le tissu nasal et le cartilage commencent également à se nécroser, à tel point que cela devient même visible de l'extérieur. Il arrive que nous n'ayons finalement plus d'autre choix que d'amputer le nez, même si cela reste assez rare."
