Manifestation nationale à Bruxelles: “Le secteur des soins est inondé de travail"
Le front commun syndical du non-marchand manifestait ce mardi pour dénoncer le "manque de considération" dont le secteur fait l'objet, ainsi que les conditions de travail du personnel, qualifiées d'"intenables". Plus de 18.500 personnes étaient présentes à Bruxelles. La police avait bloqué les accès au parcours des manifestants. Des embarras de circulation étaient attendus dans les environs.
Un préavis de grève avait été déposé par l'ensemble du secteur non-marchand (santé, soins et culture) en vue de couvrir la manifestation. Cette dernière s'inscrit notamment dans le cadre de la campagne d'action "À la recherche du collègue fantôme", lancée en décembre dernier par le front commun, qui visait à alerter sur la pénurie criante de personnel. Le rendez-vous était fixé à 10h30 à la gare de Bruxelles-Nord. Les manifestants rejoindront la gare du Midi où sont attendus les discours des syndicalistes entre 12h30 et 13h00.
La circulation de plusieurs bus de la Stib est perturbée en raison de la manifestation, annonce la société bruxelloise de transports en commun sur son site web. Il s'agit des lignes 14, 20, 29, 33, 46, 48, 52, 57, 58, 61, 63, 65, 66, 71, 73, 78, 88, 89 et du T-bus 81. Les services de Bruxelles-Propreté sont, eux aussi, fortement perturbés et notamment les collectes de sac poubelle. Plusieurs recyparcs devraient également rester portes closes dans la capitale.

Pression de travail intenable
Les syndicats CNE, CSC Services publics, Setca, CGSP et CGSLB dénoncent le fait que ni le gouvernement fédéral ni les entités fédérées n'ont prévu, dans leur budget 2023, de mesure de soutien pour les secteurs sociaux et de santé, qui rencontrent des difficultés à recruter. La crise du coronavirus a en plus exacerbé la pénurie déjà latente de personnel soignant. Les syndicats disent avoir lancé "plusieurs signaux d'alerte vers les différents gouvernements et ministres. Sans succès".
“La pression de travail augmente, nous ressentons partout une pénurie de personnel. Tous les jours, le personnel reçoit un nouvel horaire de travail. Parfois un simple sms qui annonce : ‘Tu dois venir travailler demain’. Ce n’est pas tenable", indiquait à VRT NWS Jan-Piet Bauwens du syndicat Setca.
"Le personnel soignant doit parfois stopper les admissions et des lits ne peuvent être alloués dans les hôpitaux par manque de personnel", ajoutait Mark Selleslach du syndicat chrétien. "Nous ne pouvons pas attendre les élections de l’an prochain et l’éventuelle longue formation d’une coalition. Il est irresponsable de faire attendre le secteur encore plus longtemps. Nous voulons donner un signal de crise".
“Je manifeste aujourd’hui en signe de solidarité avec mes collègues", déclarait pour sa part Sanne Thyrion, déléguée syndicale chez Voluit, un centre de soins pour des personnes avec un handicap mental. "J’ai des connaissances et amis qui travaillent dans des hôpitaux et maisons de repos et qui croulent sous le travail. C’est un cercle vicieux: en raison du manque de moyens, de plus en plus de gens ne peuvent plus travailler, ce qui accroit encore la pression sur ceux qui restent. Les emplois dans le secteur des soins ne sont du coup plus attrayants et les postes à pourvoir restent vacants. Actuellement, il y a 7.000 postes vacants dans le secteur des soins de santé. Cela touche tout le monde, puisque nous connaissons tous quelqu’un qui a besoin de soins actuellement", concluait Sanne Thyrion au micro de Radio 1.
