Comme les frères Dardenne, El Arbi et Fallah exigent le retrait de leur film d'un festival en Iran
Les réalisateurs Adil El Arbi et Bilall Fallah (photo) ont annoncé ce vendredi retirer leur film "Rebel" de la sélection du festival international du film de Fajr à Téhéran, placé sous l'égide du ministère iranien de la Culture. Ils ont fait part de leur intention sur les réseaux sociaux, peu après une décision similaire annoncée par les réalisateurs belges Jean-Pierre et Luc Dardenne à propos de leur dernier long métrage "Tori et Lokita", également à l’affiche du festival iranien.
"La présence de notre film au festival équivaudrait à ignorer la lutte du peuple opprimé en Iran pour ses droits", expliquent les réalisateurs Adil El Arbi et Bilall Fallah. "Rebel" raconte l'histoire de Nassim, un jeune Marocain de 13 ans, qui est à la recherche de sa propre identité après la mort de son père. Sa mère Leila tente de l'éloigner de son frère ainé Karim, un trafiquant de drogue et gangster local.
Le long métrage fait partie de la sélection officielle du festival iranien à Téhéran sans que les réalisateurs aient été informés de ce choix, indiquent Adil El Arbi et Bilall Fallah dans un communiqué commun avec la maison de production Caviar et diffusé sur le réseau social Instagram.
Les deux réalisateurs belges d’origine marocaine au succès international apportent aussi leur soutien à leur homologue iranien Jafar Panahi, qui a été arrêté le 20 juillet à Téhéran et reste depuis lors privé de liberté en prison.
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Même décision pour "Tori et Lokita"
Jeudi les réalisateurs belges Jean-Pierre et Luc Dardenne (photo) ont aussi exigé le retrait de leur dernier long métrage "Tori et Lokita" de l'affiche du festival. "Nous venons d'apprendre que notre film figurait dans la sélection du festival de Fajr à Téhéran. Nous exigeons qu’il soit retiré de la programmation de ce festival qui est la vitrine d'un régime religieux dictatorial et assassin que nous condamnons", avaient déclaré les frères Dardenne.
D'importantes manifestations secouent l'Iran depuis la mort en détention, en septembre dernier, de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour avoir prétendument enfreint le code vestimentaire strict appliqué aux femmes dans la République islamique. Depuis, les actions de défiance envers le régime se sont multipliées, malgré une répression féroce qui s'est notamment traduite par l'exécution de quatre hommes et l'arrestation d'au moins 14.000 personnes, d'après les Nations Unies.
Selon la maison de production des réalisateurs belges, Les films du Fleuve, la programmation de "Tori et Lokita" dans ce festival, "porte-étendard du régime iranien", entre en contradiction avec les nombreuses pétitions signées par les frères Dardenne pour dénoncer la répression sévère des manifestations défiant le régime iranien. "Nous sommes solidaires de celles et ceux qui se battent contre ce régime et saluons leur courage", ont ajouté les réalisateurs belges primés à de nombreuses reprises. "On ignore comment le festival a obtenu copie du film. Nous sommes en train d'investiguer", ont encore précisé Les films du Fleuve.