Ivan De Vadder : Groen est en train de devenir la grenouille de la fable
Le week-end dernier aura été compliqué pour deux partis de la coalition gouvernementale. Groen, d'abord, qui est dans une position de plus en plus inconfortable au sein du gouvernement De Croo alors que ses partenaires font pression pour une modification de la loi de sortie du nucléaire. Le CD&V, ensuite qui continue de récolter les critiques sur sa gestion du département asile et migration. Et enfin, Dries Van Langenhove a démissionné de son mandat de député, officiellement parce qu'il préfère diffuser son message en dehors du Parlement. Ivan de Vadder, journaliste politique à la VRT nous apporte son éclairage.
Groen se heurte au CD&V et à l'Open VLD sur la sortie du nucléaire
Deux présidents de partis de la coalition fédérale Vivaldi, ceux de l'Open VLD et du CD&V, se sont prononcés le week-end dernier pour une révision de la loi de 2003 sur la sortie du nucléaire, au surlendemain d'une décision du cabinet ministériel restreint (kern) d'étudier la prolongation de trois réacteurs nucléaires pour assurer l'approvisionnement à terme du pays en électricité.
Le gouvernement avait déjà décidé en mars dernier de prolonger de dix ans les deux réacteurs les plus récents du parc nucléaire belge, ceux de Doel 4 et Tihange 3. Un accord de principe a été conclu sur le sujet avec le groupe énergétique français Engie le 9 janvier.
Dans l'émission dominicale "De zevende dag" (VRT), la vice-Première ministre Petra De Sutter (Groen) a pris le contre-pied du président de l’Open VLD, Egbert Lachaert et a déclaré que le gouvernement fédéral actuel n'abolirait ni ne modifierait fondamentalement la loi sur la sortie du nucléaire.

Quoi de neuf en Flandre - 11 février 2023
Elle a toutefois admis que les données contenues dans la loi devront être amendées, mais sans modification fondamentale de la loi au cours de cette législature, qui se termine à la mi-2024. Pour les écologistes, la sortie du nucléaire reste importante, même "par étapes" en raison des circonstances (comme la crise énergétique causée par l'invasion de l'Ukraine par la Russie)", a souligné Mme De Sutter.
Petra De Sutter s'est montrée réservée sur la construction de petits réacteurs nucléaires modulaires, ce qui nécessite un changement de la loi.
"Nous faisons mener des recherches sur ces petits réacteurs modulaires, mais cela concerne les centrales qui seront là en 2040 au plus tôt. Nous avons donc encore 17 ans pour modifier cette loi. Avant la fermeture des anciennes centrales, les données contenues dans la loi devront être amendées, mais la loi ne va pas être remaniée ou fondamentalement changée au cours de cette législature", qui se termine à la mi-2024, a affirmé Mme De Sutter.
Toujours dans "De zevende dag", Sammy Mahdi, le président du CD&V a fait part de son désaccord avec la vice-Première ministre écologiste. "Nous allons prolonger la durée de vie de deux réacteurs nucléaires, peut-être cinq", a-t-il dit.
"Nous investissons 100 millions d'euros dans le développement de petits réacteurs nucléaires modulaires, dits PRM, ou en anglais SMR. Si vous dites ensuite qu'on ne peut pas toucher à la loi sur la sortie du nucléaire, c'est nier la lumière du soleil", a ajouté le chef de file des sociaux-chrétiens flamands.
La grenouille de la Rue de la Loi ?
Bref, les écologistes sont dans une position de plus en plus inconfortable, il est très difficile pour eux d'abandonner cette loi de la sortie du nucléaire et selon Ivan De Vadder, ils risquent de devenir la "grenouille de la Rue de la Loi". On a l'impression que dans ce dossier, ils sont obligés de faire des concessions même s'ils restent attachés à cette loi.
Une fable affirme que si l'on plonge une grenouille dans l'eau bouillante, elle bondira instantanément pour fuir, mais que si l'eau est tiède au début et qu'on la fait chauffer graduellement, la grenouille y demeurera jusqu'à ce qu'elle soit ébouillantée et meure. Pour Ivan De Vadder, les écologistes sont actuellement un peu piégés comme la grenouille de la fable.
Le secrétaire d'État Nicole de Moor (CD&V) peut-elle refuser de payer des astreintes ?
Tout autre chose, on le sait l’Etat belge a été condamné à la suite du non-respect du droit à l'accueil des demandeurs d'asile. Même le cabinet de la secrétaire d'État en charge de l'Asile et de la Migration Nicole de Moor (CD&V) devrait faire l'objet de saisies afin de payer les astreintes auxquelles l'Etat belge a été condamné. Sauf que Nicole de Moor a déclaré qu’elle utiliserait tous les moyens pour s’opposer aux saisies.
Le écologistes flamands de Groen déplorent la position de Nicole de Moor : "Les décisions de justice sont fondées, et ne pas en tenir compte n'est pas un bon principe, (surtout pour quelqu'un qui a prêté serment et juré fidèlité au Roi et aux lois du peuple belge ndlr.).
Mais Nicole de Moor continue d'affirmer que sa mission première est de créer de nouvelles places pour accueillir les demandeurs d'asile. Elle est rejointe en cela par son prédécesseur dans ce département, Sammy Mahdi, qui est à présent son président de parti. Les deux démocrates-chrétiens flamands continuent également de trouver injuste que les juges de notre pays - qui n'est pas le seul à devoir faire face à un afflux de demandeurs d'asile - réagissent de la sorte alors qu'ils doivent chercher des places pour des personnes qui ont déjà demandé l'asile dans un autre pays européen.
Pourquoi Dries Van Langenhove a-t-il démissionné de son mandat de député ?
Samedi, on apprenait que Dries Van Langenhove démissionnait de son mandat de député fédéeral. Dries Van Langenhove avait été élu sur une liste électorale du Vlaams Belang, en province du Brabant flamand mais n’était cependant pas membre de ce parti. Il fait toutefois partie du groupe parlementaire du Vlaams Belang.
A présent, il n'a donc, officiellement, plus aucun lien avec le parti d'extrême-droite. Il ne faut pas oublier que Dries Van Langenhove risque toujours une condamnation pour racisme et appel à la haine dans l'affaire Schild & Vrienden. Mais loin de le critiquer, la cheffe de groupe Vlaams Belang Barbara Pas, a estimé que Dries Van Langenhove -qui était leur spécialiste sur le dossier de l'asile et la migration - avait été boycotté par les médias
Désormais, Van Langenhove fera de la politique via sa chaîne YouTube où - comme il l'a annoncé lui-même - il continuera à défendre les idées du Vlaams Belang. Ainsi, Zuhal Demir, dans "VTM nieuws", s'est demandé si elle devait "applaudir parce qu'un conspirationiste quittait le parlement et poursuivait sa machine de propagande ailleurs".
Le Parlement perd apparemment de son attrait, surtout pour les personnes qui veulent jouer un rôle déterminant. Aujourd'hui, les ministres ne sont plus élus au sein des groupes parlementaires, ils viennent d'autres secteurs de la société. Au début de la législature, deux brillants députés - Jessika Soors (Groen) et Jan Bertels (Vooruit) - ont démissionné pour intégrer des cabinets ministériel où ils pouvaient jouer un rôle plus important.
C'est aussi la raison officielle de la démission de Dries Van Langenhove, il quitte son poste de député mais va continuer à faire de la politique via sa chaîne YouTube grâce à laquelle il pense pouvoir peser davantage qu'au parlement.