L’équipe de reconnaissance de B-FAST s'est envolée à destination de la Turquie
Une équipe de reconnaissance de huit personnes appartenant au dispositif interdépartemental B-FAST d'aide en cas de catastrophe s'est envolée mercredi en début d'après-midi à destination de la Turquie. La Belgique a décidé d'y envoyer un hôpital de campagne après les violents séismes de lundi, qui ont fait des milliers de morts, tout comme en Syrie voisine.
Cette avant-garde, qui devra décider en coordination avec les autorités turques de l'endroit où s'installera cet hôpital dans une zone sinistrée, a quitté vers 14h50 l'aéroport militaire de Melsbroek à bord d'un avion de transport militaire Airbus A400M Atlas du 15e wing de transport aérien.
L'équipe de B-FAST (Belgian First Aid & Support Team), qui emmène un véhicule 4x4, a été saluée avant son départ par les ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur, Hadja Lahbib (MR) et Annelies Verlinden (CD&V).
"Nous avons eu le feu vert d’Ankara"
Il s'agit, "en coordination avec les autres pays européens, de répondre à une demande spécifique de la Turquie qui est arrivée hier", a souligné la cheffe de la diplomatique belge. "Nous avons eu le feu vert (d'Ankara) ce matin et nous envoyons à présent la première équipe de huit personnes qui va faire un repérage pour la suite", a précisé Mme Lahbib.
"Il est très important que cette équipe de reconnaissance puisse partir le plus vite possible pour s'accorder avec les autorité (turques) comment on peut s'organiser", a pour sa part souligné Mme Verlinden.
L'hôpital de campagne mis à disposition par la Belgique et qui doit être opérationnel dans le courant de la semaine prochaine, pourra traiter plus de 100 patients par jour et accueillir au moins 20 patients pour passer la nuit sous observation, avec une "attention particulière aux femmes et aux enfants".
L'équipe sera composée de médecins belges, spécialisés en chirurgie d'urgence, soutenus par des infirmiers urgentistes et d'autres profils médicaux spécifiques. En fonction des besoins sur le terrain, l'équipe, composée de 70 à 80 personnes, restera sur place plusieurs semaines - "le temps nécessaire", selon la ministre des Affaires étrangères.
Plusieurs dizaines de conteneurs seront acheminés vers le sud-est de la Turquie
Les médecins spécialistes sont majoritairement des bénévoles appelés par le Service public fédéral (SPF) Santé publique, ainsi que du personnel médical militaire. Le SPF Intérieur est responsable de la construction et le SPF Affaires étrangères est responsable du volet diplomatique. La gestion globale de l'ensemble de l'opération depuis la Belgique est assurée par le secrétariat de B-FAST, au Centre de crise des Affaires étrangères. L'ensemble de l'opération coûtera 8 millions d'euros.
Plusieurs dizaines de conteneurs seront acheminés vers le sud-est de la Turquie, à destination d'un aéroport militaire proche de la zone sinistrée.
En commission de la Chambre, la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS), a confirmé que l'envoi belge ne comprendrait pas de module "USAR" (urban search and rescue, ou sauvetage-déblaiement, soit la recherche et le sauvetage de personnes ensevelies), dont B-Fast disposait jusqu'il y a peu et qui était réputé. Celui "n'est plus disponible" depuis fin 2019, sous la législature précédente.
La Belgique va libérer cinq millions d’euros d’aide humanitaire
Mme Lahbib a par ailleurs rappélé que la Belgique allait libérer cinq millions d'euros d'aide humanitaire d'urgence pour venir en aide aux régions de Turquie et de Syrie dévastées par les séismes de lundi, qui ont fait plus de 11.200 morts selon un dernier bilan.
Cette enveloppe supplémentaire ira majoritairement (pour quatre millions d'euros) au fonds humanitaire dit "cross-border" pour la Syrie, un fonds créé par les Nations unies il y a plusieurs années et qui vise à permettre à des organisations locales de fournir de l'assistance au-delà des frontières et lignes de conflit. Un autre million sera ajouté à des fonds prévus pour le Fonds d'urgence pour les réponses aux catastrophes (Disaster Response Emergency Fund, DREF) de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), selon la ministre de la Coopération au développement, Caroline Gennez (Vooruit). Ces fonds soutiennent avant tout des organisations locales qui connaissent le terrain et peuvent y être efficaces dans l'immédiat, souligne le cabinet de la ministre.
Mme Lahbib a pour sa part appelé le gouvernement syrien à ouvrir davantage de passages pour permettre l'accès de l'aide humanitaire.
Aujourd'hui, l'aide humanitaire dans les zones de Syrie aux mains de groupes rebelles , également touchées par le séisme, arrive généralement par la Turquie, grâce à mécanisme transfrontalier créé en 2014 par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU.
Mais ce mécanisme est contesté par Damas et Moscou qui dénoncent une violation de la souveraineté syrienne. Sous la pression de la Russie et de la Chine, le nombre de points de passage a été réduit au fil du temps de quatre à un seul.