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Une première équipe de B-Fast s’envole ce mercredi pour la Turquie afin de préparer l'installation d'un hôpital de campagne

La Belgique se prépare à envoyer une équipe médicale d'urgence (Emergency Medical Team, de B-Fast) en Turquie. "Notre pays installera un hôpital de campagne et enverra du personnel pour fournir l'assistance médicale nécessaire à la population locale et soulager la pression sur les hôpitaux turcs", indiquent les autorités. Les premiers experts partent ce mercredi. Le médecin urgentiste Gerlant van Berlaert a expliqué à VRT NWS pourquoi cela avait pris autant de temps.

La Turquie et une partie de la Syrie ont été secouées lundi par un tremblement de terre très puissant qui a fait plusieurs milliers de morts et plusieurs dizaines de milliers de blessés.

Le comité de planification de B-Fast, la structure du gouvernement fédéral activée en cas d'envoi d'aide d'urgence à l'étranger, s'est réuni immédiatement et a organisé une réunion avec l'ambassade de Turquie à Bruxelles afin d'offrir l'aide la plus efficace possible aux zones touchées, expliquent les Affaires étrangères.

L'hôpital de campagne mis à disposition par la Belgique et qui doit être opérationnel dans le courant de la semaine prochaine, pourra traiter plus de 100 patients par jour et accueillir au moins 20 patients pour passer la nuit sous observation. L'équipe sera composée de médecins belges, spécialisés en chirurgie d'urgence, soutenus par des infirmiers urgentistes et d'autres profils médicaux spécifiques. En fonction des besoins sur le terrain, l'équipe, composée de 70 à 80 personnes, restera sur place plusieurs semaines.

Une unité de reconnaissance partira mercredi pour repérer les lieux où l'hôpital pourra être installé. Une deuxième équipe partira ce week-end pour installer l'ensemble de l'hôpital de campagne qui devra être actif au plus tard jeudi prochain. Le matériel, réparti dans plusieurs dizaines de conteneurs, sera acheminé par des avions de la Défense depuis l'aéroport militaire de Melsbroek.
Vu les conditions météorologiques extrêmes, la Belgique a également décidé d'envoyer immédiatement 10.000 sacs de couchage.

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Pourquoi cela prend-il autant de temps ?

Autrefois, lorsqu'une catastrophe majeure se produisait, chaque pays envoyait en urgence une équipe de secouristes sur place, mais l'expérience a montré que c'était loin d'être idéal. "Si tout le monde se précipite sans coordination, on ne fait pas toujours le maximum pour les victimes de la catastrophe", explique le Dr Gerlant van Berlaer. "Il faut aussi avoir une vision à plus long terme. Si tout le monde se précipite et part au bout d'une semaine, on laisse le désordre derrière soi."

Pour éviter les cafouillages, de nouveaux accords internationaux sur les secours d'urgence ont été mis en place depuis 2013. Notre pays a contribué à l'élaboration de ces directives. Gerlant van Berlaer lui-même a des années d'expérience et les a co-écrites. "Concrètement, vous n'êtes plus autorisé à débarquer dans un autre pays avec une équipe médicale", explique ce médecin.
Comment faire alors ? 

"Il faut être reconnu comme une équipe médicale par l'Organisation mondiale de la santé (OMS)", explique le médecin urgentiste. "En cas de catastrophe, il faut s'inscrire sur une plateforme en ligne et préciser quelle aide on peut apporter. Ce n'est que lorsque le pays concerné vous donne l'autorisation que vous pouvez partir. Cela fait beaucoup d'administration et de permissions nécessaires avant de partir."

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Attendre le feu vert de la Turquie

B-FAST a donc dû attendre l’autorisation finale pour partir. "C’est strictement structuré ", dit-il. Les travailleurs humanitaires partent pour la zone sinistrée en trois vagues. Aujourd'hui, une petite "équipe d'évaluation" comprenant un médecin, une infirmière et un pompier part pour évaluer la situation sur le terrain.

De cette façon, ils établiront des contacts avec la population locale et trouveront le meilleur endroit pour s'installer. "De préférence, près d'un hôpital local, mais souvent, il n'y en a pas plus beaucoup qui sont debout", explique Gerlant van Berlaer, qui fait lui-même partie de cette première vague. "Il faut que ce soit un endroit facilement accessible aux victimes elles-mêmes."

Après cette première évaluation, une deuxième équipe arrivera sur place : cette équipe dite "avancée" est déjà un peu plus nombreuse et offrira les premiers soins médicaux. Cela va de la chirurgie aux soins des blessures plus légères. Elle est suivie par la troisième et dernière équipe : "l'équipe d'urgence et médicale". Celle-ci construira alors effectivement l’hôpital de campagne.

"Nous devons tout apporter nous-même", ajoute Gerlant van Berlaer à ce sujet. "Vous devez fournir vous-même l'eau courante et l'électricité. Il faut être autosuffisant, pour ne pas peser sur les maigres ressources sur le terrain." 

L'hôpital de campagne devrait être pleinement opérationnel d'ici jeudi prochain.

Il n'y a pas que des médecins et des infirmières dans l’équipe B-FAST. "Il y a aussi du personnel logistique pour monter les tentes, assurer le transport ou préparer la nourriture", explique le médecin. "Nous avons également des personnes spécialisées dans la purification de l'eau. Notre pays dispose vraiment d'une équipe de haut niveau pour cela." La première petite équipe de reconnaissance ne restera sur place qu'une semaine ou deux. Les autres équipes y resteront pendant plusieurs mois. À plus long terme, l'hôpital de campagne sera remis aux travailleurs humanitaires locaux.

Un hôpital de campagne de B-Fast au Népal en 2015

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