B-FAST devrait installer l’hôpital de campagne dans la ville portuaire d’Iskenderun
Le pédiatre et urgentiste Gerlant Van Berlaer du Centre hospitalier universitaire de Jette (UZ Brussel), qui fait partie de l’équipe de reconnaissance de B-FAST qui s’est envolée mercredi pour la Turquie, indiquait ce jeudi matin dans l’émission De Ochtend (VRT) que l’équipe a trouvé un endroit pour installer l’hôpital de campagne belge dans la région dévastée par le double tremblement de terre. Il s’agit de la ville portuaire d’Iskenderun (photo), située dans le sud de la Turquie près de la frontière syrienne. Le port a été ravagé par un violent incendie à la suite du séisme. L’équipe de reconnaissance doit encore vérifier s’il y a de l’eau et de l’électricité disponibles à cet endroit.
L’équipe de reconnaissance qui s’est envolée mercredi après-midi (deux jours après le double tremblement de terre en Turquie) de l’aéroport de Melsbroek est chargée de préparer sur le terrain l’arrivée d’une équipe nettement plus importante en fin de semaine. Cette dernière se chargera de monter et de faire tourner un grand hôpital de campagne.
L’équipe de reconnaissance se trouvait ce jeudi matin dans la ville turque d’Adana, à quelque 200 km de la ville de Gaziantep, épicentre de l’un des deux séismes. Le pédiatre et urgentiste Gerlant van Berlaer fait partie de cette équipe. "Sur place, nous avons la possibilité de prendre contact notamment avec les autorités turques et des organisations internationales, par téléphone ou via l’internet, avant de nous rendre dans la région la plus dévastée par les séismes. Nous ne sommes pas certains d’avoir une connexion là-bas", indiquait l’urgentiste au micro de Radio 1.
Entretemps, l’équipe a décidé de se rendre dans la ville portuaire d’Iskenderun, dans la province Hatay. C’est l’une des plus touchées dans la région sinistrée. "Dans cette ville il y a normalement trois hôpitaux, mais aucun d’eux n’est plus fonctionnel actuellement", précisait van Berlaer. "C’est compréhensible, car le personnel hospitalier est soit à la recherche de proches ou de connaissances portées disparues ou doit se mettre en sécurité".
"L’un de ces hôpitaux possède un grand parking, où l’on pourrait monter un hôpital de campagne. Nous devons encore vérifier si nous avons accès sur place à de l’électricité et de l’eau courante".
Soigner les blessés
“Au cours des premiers jours après l’installation de l’hôpital de campagne, nous devrons soigner avant tout des fractures et des coupures", précisait l’urgentiste belge. Il souligne aussi que l’hôpital de campagne aura ses limites. "Beaucoup de personnes ont été écrasées sous les décombres. Nous ne serons pas en mesure de soigner les complications liées au syndrome d’écrasement. Nous n’aurons pas non plus de scanners à disposition pour traiter, par exemple, des traumatismes crâniens. Le quartier opératoire doit encore arriver. Nous devrons l’attendre pendant quelques jours".
A la suite d’un tremblement de terre, les victimes qui ont été retirées des décombres où elles étaient ensevelies ou broyées souffrent souvent du syndrome d’écrasement. Leur tissus musculaire meurt, ce qui entraine une inflammation locale. Les membres écrasés produisent des substances toxiques qui peuvent être libérées lorsque la victime est sortie de sa situation difficile. Si ces substances atteignent le système sanguin, le foie et les reins peuvent être atteints, ce qui peut causer une crise cardiaque. Les personnes atteintes du syndrome d’écrasement ont besoin de beaucoup de liquide, via une perfusion. Parfois des soins intensifs sont nécessaires", précisait Van Berlaer (photo archives).
Chaque minute qui passe réduit l’éventualité de trouver encore des survivants sous les décombres. "Pendant la journée, les températures sont encore supportables, mais la nuit elles descendent à zéro. Pour les victimes qui sont encore sous des décombres, cela complique la survie".