Un commissaire national aux drogues coordonnera la lutte contre les mafias
A l’initiative du Premier ministre Alexander De Croo (photo, à g.), le Conseil national de sécurité (CNS) se réunissait ce jeudi matin à propos de la situation en Ukraine et son impact sur notre sécurité nationale d’une part, et sur la lutte contre la criminalité liée à la drogue d’autre part. La mise en œuvre de la Stratégie nationale de cybersécurité a également été abordée. Lors de la conférence de presse qui a suivi ce conseil, Alexander De Croo a annoncé sept nouvelles mesures, dont notamment la nomination d’un commissaire national aux drogues chargé de coordonner la lutte contre la mafia active dans ce domaine, mais aussi des amendes plus salées pour les consommateurs de cocaïne.
L'objectif affiché par le gouvernement fédéral est d'établir une unité de commandement dans la lutte contre le trafic de drogues. La personne à qui sera confiée la tâche de commissaire national aux drogues sera un magistrat, a ajouté le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne. Le collège des procureurs généraux procède ce jeudi à la sélection et un nom sera proposé ce vendredi au Conseil des ministres.
Cette nomination fait partie d'un paquet de 7 mesures décidées par le CNS ce jeudi. Un renforcement de la police maritime (photo) a aussi été annoncé. De 116 agents, ce service doit passer à 312 agents d'ici la fin de la législature.
En outre, un nouveau corps de sécurité pour le port d'Anvers sera créé avec 86 agents, a détaillé la ministre de l'Intérieur Annelies Verlinden. Dans l'attente des recrutements nécessaires, la Défense reprendra la tâche de sécurisation de la centrale nucléaire de Doel, située sur le site du port d'Anvers, afin de libérer immédiatement 50 personnes pour la sécurisation du port.
Le CNS a aussi confirmé le dispositif qui doit permettre aux pouvoirs locaux de fermer les commerces liés au blanchiment de l'argent de la drogue. Le projet de loi a été approuvé en deuxième lecture en Conseil des ministres et peut désormais être débattu à la Chambre.
Les autorités ont aussi décidé de viser les consommateurs de drogues, avec des amendes plus sévères. Le principe de la transaction immédiate, d'application dans les festivals de musique, sera élargi à l'ensemble de l'espace public. Pour la détention de cannabis, l'amende forfaitaire restera de 75 euros pour une quantité inférieure à 10 grammes et de 150 euros pour une quantité inférieure ou égale à 20 grammes. Pour la détention de cocaïne, l'amende pourra prochainement atteindre 1.000 euros.
Le CNS a aussi décidé de renforcer les services douaniers : 108 nouveaux douaniers sont déjà en phase de recrutement dans le port d'Avers. En outre, le fédéral poursuit le développement du projet "100% scanning" des containers à risque, soit 400.000 containers par an. Il s'agit de containers provenant par exemple de régions à risque comme l'Amérique du Sud, a détaillé le ministre des Finances Vincent Van Peteghem.
Par ailleurs, un screening de tout le personnel portuaire belge, et pas seulement à Anvers, sera mis en place. Il concernera 16.000 personnes. Un travailleur impliqué dans un trafic de drogue pourra se voir interdire de pénétrer dans un port pendant 20 ans.
Enfin, le CNS a rappelé l'importance de développer la coopération policière internationale. Une rencontre avec les autorités néerlandaises est d'ailleurs prévue ce vendredi, avant un sommet planifié en avril avec les Pays-Bas, mais aussi l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne et la France. Les autorités belges ont également fustigé l'attitude des Émirats Arabes Unis, voyant "un manque de volonté d'exécuter les traités". Vincent Van Quickenborne a aussi pointé l'attitude de la Turquie et du Maroc. Des contacts diplomatiques sont établis avec ces trois pays, a indiqué le ministre de la Justice.
Deux autres points à l’agenda
Le CNS a aussi brièvement discuté de l'impact de la guerre en Ukraine sur la menace en Belgique, le Premier ministre Alexander De Croo visant, sans autre détail, des "groupes extrémistes parfois très favorables à l'agenda russe."
Un troisième point a porté sur la cybersécurité et plus particulièrement la mise en œuvre de la Stratégie nationale de cybersécurité.